Après une première offrande sortie en 2007 et plutôt inspirée par
Behemoth et la scène brutal death US,
Sarpanitum ne devient plus qu’un duo sur l’excellent EP
Fidelium, auto-produit et accouché en 2011, faute à l’indisponibilité des autres membres du groupe. Tom
Hyde et Tom Innocenti assurant toutes les guitares et respectivement la basse et le chant, une programmation étant utilisée pour la batterie. Déjà, sur ce petit format masterisé comme pour
Despoilment of Origin par Leon Macey, le death metal de
Sarpanitum avait évolué en incluant judicieusement des éléments atmosphériques comme des mélodies plus prononcées et des leads aériens rappelant fortement
Mithras, mais toujours juxtaposés sur un fond de death brutal et véloce rappelant le meilleur de
Hate Eternal. C’est donc dans cet état d’esprit que notre duo balance son second album mais cette fois-ci en intégrant à part entière Leon Macey en tant que batteur en plus de son poste habituel d’ingé-son.
Le propos de
Sarpanitum est limpide : continuer dans une veine extrême faite de blasts beats dévastateurs et rapides mais en augmentant considérablement la présence de leads harmoniques par rapport aux productions antérieures. On pourrait ainsi imaginer une entité virer doucement vers le death mélo, mais il n’en est rien tant
Sarpanitum s’attache à conserver ce qui fait son essence : vitesse et brutalité. Le pilonnage reste donc de rigueur dans une galette homogène de laquelle il est quasi impossible d’isoler un morceau. Leon Macey, déjà impressionnant dans
Mithras, franchit régulièrement le mur du son en nous assénant ses blasts supersoniques et ses tapis de double meurtriers. A ce titre-là l’influence grandissante de son propre groupe sur les deux Tom, fans acquis depuis l’adolescence, est indéniable, faisant désormais de
Sarpanitum un groupe de brutal death atmosphérique, intégrant de fait le même substrat que
Mithras.
Toujours sur un concept basé sur l’histoire ancienne, mettant en avant la stupidité des conflits guerriers à travers les âges ainsi que la manipulation de la religion à des fins de conquête,
Sarpanitum nous envoie donc un death atmosphérique intense et étonnamment clair que viennent aérer de merveilleux leads galactiques, éthérés et Mithrasiens... Azagthothiens même pourrait-on dire, le célèbre guitariste de
Morbid Angel, influence majeure chez
Mithras, pouvant bien être à l’origine de ces fameux soli cosmiques et perchés dont on pourrait éventuellement situer l’origine à l’époque de
Domination, notamment sur le fabuleux Where The Slime
Live.
L’album s’ouvre donc sur une délicieuse intro faite de mids et de leads s’entrecroisant sur fond de claviers constituant ainsi une excellente mise en condition du déluge qui va suivre. Les trois pistes suivantes affirment en effet le propos de
Sarpanitum, entre mids sur double pédalage hyper véloce encadrés par des blasts furieux et aérés par des soli mithrasiens vertueux, depuis les roulements assassins de By Virtuous Reclamation jusqu'aux riffs bourdonnants de Truth en passant par la richesse rythmique de Glorification, l’auditeur fan de vitesse est subjugué et devra attendre le premier interlude, mystique et ésotérique, pour respirer avant la prochaine salve.
Chaque morceau est plus ou moins construit sur le même canevas, ce que les membres eux-mêmes nomment « the cinematic effect » et qui correspond à deux éléments principaux : vitesse et leads. Pour autant ces mélodies ne sont jamais complexes et
Sarpanitum reste largement accessible, bien plus que
Mithras finalement qui propose un death légèrement plus hermétique et moins direct, quoique que tout aussi passionnant. Nous aurions donc tort de réduire
Sarpanitum à un simple clone de
Mithras, car cette influence principale flagrante digérée, ses morceaux sont très identitaires, faits de riffs mémorables et de leads entêtants magnifiés par des claviers quasi épiques mais toujours discrets, que vient compléter le growl impeccable de Tom Innocenti.
Sous ce magnifique artwork réalisé par Sallie Pears et Eddie Ruffles, fusion de deux peintures médiévales représentant le Pape Urbain 2 et un chevalier oint d’huile sainte, se cache donc l’une des meilleurs sorties de ce début d’année, certes dans la lignée de sa précédente réalisation, le brutal EP
Fidelium, mais agrémentée de touches atmosphériques pures, célestes et inoubliables, faisant le contrepoids d’une rythmique assassine et destructrice.
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