« L’horreur ne va pas sans l’imagination » --- Arthur
Conan Doyle
Alors que l’homme est pris au piège dans un monde asservi et technologiquement bien avancé, les machines, elles, ont trouvé le moyen de prendre le contrôle de leurs créateurs. Elles deviennent alors les maîtresses, les dirigeantes du monde mécanique et abordent le problème qu’est la déshumanisation d’une différente façon. Elles retournent le problème à leur avantage, façonnent le monde à leur sauce, détruisent l’humain petit à petit, le contraignant à devenir comme elles, faisant de cette ère nouvelle une ère dénuée de couleur et remplie d’horreur. Elles utilisent leur imagination, afin de trouver de nouvelles techniques et de créer de plus en plus de vision d’horreur…
Grâce à un nom sombre et étrange, et à une musique terrible et futuriste,
Mors In Tabula arrive à faire ressortir cet horrifiant concept. Les grecs mettent en relief ici les problèmes et manipulations liés à la montée en puissance des machines, leurs plans machiavéliques, leurs idées noires, et les pensées déstructurées des humains, sous couvert d’un Cyber
Metal noir et très SF.
Le duo n’hésite donc pas à intégrer tout un panel d’éléments et à diversifier leur musique afin de mettre en valeur les ambiances adéquates. Harry
Noctifer et George Julius créent donc un ensemble quelque peu mécanique et organique, agrémenté de larges sonorités électroniques et industrielles, et accompagné de riffs et vocaux tantôt
Death, tantôt Black. Les claviers apportent de plus beaucoup de chœurs et de parties plus symphoniques («
Sirens Call »), tout en créant, à de rares moments, des techno beats (« MK Ultra »).
Cependant, tout ne reste pas concentré sur ces éléments, étant donné que le combo a fait en sorte de mélanger le tout afin que cela donne un rendu plutôt effrayant, digne d’un film d’horreur. Ce «
Blemish » possède donc de nombreux morceaux plutôt inquiétants, à l’image de l’introduction « Into the
Maze » : des violons au son presque strident, étrange, soutenu par des notes de piano du même acabit. « Passion
Immured » fonctionne de la même manière, les premières notes rappelant la scène mortelle de la douche dans le film «
Psychose » d’Hitchcock, la suite est plus dynamique et emportée par un rythme continu, des sons électroniques, des chœurs, des riffs intervenant par intermittence, et une voix grave, profonde et effrayante, entre un
Drone de Techny Call X et un Till
Lindemann de
Rammstein.
Il est clair que
Mors In Tabula essaie d’incorporer à son Cyber
Metal divers éléments afin d’octroyer à cet ensemble musical les ambiances les plus appropriées. « Cette création est le reflet de notre âme » disait Harry
Noctifer lors d’une interview. Et nous voyons dès lors le résultat. Rien que « Bloodpath » donne la couleur, avec ces riffs
Death et cette alternance de chants entre voix
Death et voix Black, histoire de mettre en valeur ce décharnement incessant et inéluctable. Les bruits mécaniques en arrière plan peuvent d’ors et déjà faire penser à du
Fear Factory…
Alors que « Behold the
Sin » est une véritable rentrée dans l’usine de la part et des transformations humaines, «
Noctifer » et son ensemble mécanique s’avère être la concrétisation de ces transformations. Les claviers renforcent l’idée, puissants et omniprésents, les voix sont totalement déchirées, déshumanisées, les guitares toujours agressives…que dire aussi de «
The Void » est ces notes inquiétantes et apocalyptiques au violon en va et vient. Cette instrumentale possède elle aussi des sonorités très particulières, embarquant l’auditeur dans ce monde de fou. Et « Eye of the
Abyss », avec ces cloches, semble sonner le glas de l’espèce humaine. Jamais un groupe de Cyber
Metal n’aura autant mis en avant les ambiances et ce côté horreur propre à la déshumanisation.
Etrangement au fil de ce «
Blemish », on retrouve des sonorités ou des parties, qui semblent avoir inspiré d’autres groupes de Cyber.
Ainsi, même si en général
Techny-Call X sonne quelque peu de la même façon que cet opus, on est de droit de se demander si ce dernier ne s’en est pas inspiré, surtout à l’entente du refrain de «
Noctifer », fort en éléments électroniques, en riffs, et cette voix…
De plus, l’intro de « Eye of the
Abyss » et ce son de cloche rappelle l’introduction de « Isolate » de
Sybreed, et la ressemblance est frappante. Celle de « MK Ultra » peut faire penser à un « The
Power to React » de
Hi-Tech.
Sinon, en ce qui concerne les chœurs et les influences du groupe, il est possible de retrouver un petit côté Depeche Mode, un peu à la « Enjoy the
Silence », si vous vous souvenez des chœurs en arrière plan. Normal,
Mors In Tabula est quelque peu influencé par les 80’s-90’s, mais aussi parce tout ce qui est moderne et futuriste…
Mors In Tabula nous sort donc un «
Blemish » vraiment original et prenant, sortant de l’ordinaire dans la sphère du Cyber
Metal.
Signé chez Sleaszy Rider Records , enregistré aux Iambic Studios (Grèce), designé par
Seth Siro
Anton (Septic
Flesh) et produit par Dimitris N., l’album est un bon compromis entre Cyber, black, death et « horror » metal.
Merci de m'avoir cité, c'est un honneur. Nan, merci surtout pour la découverte.
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