Leadhaze c’est la guerre.
La guerre c’est
Black Water Path.
Avant de partir la fleur au fusil. Stop ! Ici pas de fleur ! Autant planter le décor d’entrée, la baïonnette affûtée et sanguinolente, est de rigueur.
Laissez-moi-vous dresser un topo vite fait sur les forces en présences.
Mr Juliann Mystsyk (aka Viterzgir ou encore St Julian) pour les intimes, Ukrainien de nationalité, propriétaire de « Gallicia Distribution Label » label métal ukrainien (comme son nom l’indique…), leader charismatique de
Kroda, de
Capitollium, de
Ruina, de Dragobath etc.… Groupes clairement engagés dans un black pagan métal féroce, sympho parfois.
Ce cher monsieur donc, est aussi l’unique membre, la tête pensante de Leadhaze.
Bref, c’est ce que l’on appelle communément un client quoi !
Un client certes, mais qui se trouve être quelque chose de rare de nos jours.
Un génie prolixe aux mains d’or.
Génie fertile, talentueux, instinctif, d’une dextérité sans égale, je vais arrêter là mes superlatifs, car cela risque d’être indigeste à la longue…
La guerre donc… Cet album, dixit le site officiel de l’auteur, « Est une ode aux valeureux guerriers tombés durant la seconde guerre mondiale ».
Ouch ! Je vais commencer par me fendre d’un petit conseil : « Si tu ne comprends pas déjà à quel style de combat nous allons être confrontés, il serait préférable de passer ton chemin et d’aller lorgner du coté émo ».
Voila ça c’est fait, revenons à notre conflit.
La guerre……tout seul ? Interrogation amère et légitime, allons nous avoir droit à une escarmouche, une rixe, un paint-ball ?
Non soyez rassuré, ou plutôt, restez sur vos garde, parce que là, ça va défourailler grave.
Une pluie de plomb, de métal en fusion, un déluge de hurlements de bombardements d’explosions plus sinistres les unes que les autres, va venir nous ensevelir tel un brouillard opaque sans discontinuer durant 40 minutes.
Pourtant, l’intro de cet opus, autant que je me rappelle lors de ma première écoute, m’avait parue en complète inéquation avec l’album. Un ruissèlement d’eau, suivit d’une espèce de litanie sur fond de musique folk….C’est ça la guerre ?
Aujourd’hui c’est avec un certain effroi que je réalise (imagine ?) la signification de cette entrée en matière somme toute bizarre. Le titre «
Black Water Path ».
Eau noire ? Qu’entend-il par là ? Oups! mais c’est bien sur : L’eau sale, chargée d’éléments incongrus, de résidus de poudre, de sang mêlé à la boue etc...
La au moins ça a le mérite d’être clair, et cela me permet d’embrayer sur l’une des 5 campagnes composant cet album.
« Smog of their soul », prés de 11 minutes, de bombardement… visuel et mental.
Et oui car je suis certains qu’avec ce début de description vous vous attendiez à un putain de true black métal haineux, blastant à mort… !
Non et non, ici la haine, la violence, la mort, la guerre quoi ! est subjective.
C’est là que cela devient très intéressant, car ce Monsieur, nous propose un
Dark black métal lent, mais empreins de relents guerriers, d’une part avec l’incorporation de samplers (bombardements, sirène hurlantes, crépitements d’armes à feu, hurlements, etc.…), mais surtout grâce aux sons de ses instruments.
Des guitares saturées, décharnées, offrant une mélodie semblable à des lames de rasoirs s’amusant sur un tendon humain.
Une basse énorme de profondeur, telle un panzer en plein rodéo dans les lignes ennemies, éradiquant au passage toute espérance de vie.
Une batterie servie par une double style canon de 70, afin de nettoyer la zone déjà bien amochée.
Des nappes de synthé style brouillard funèbre, enfermant le tout en un package morbide.
Et la voix, instrument on ne peut plus important, dans cette bombe. Une voix déshumanisée, rauque, nous laissant un sentiment gênant de mal-être.
Ce sentiment émanant de ce « chant de bataille », est d’autant plus dérangeant qu’il est exécuté en ukrainien. N’étant pas polyglotte ou docteur es langues slaves, le fait de ne rien entraver aux paroles, affecte mon intellect, et m’oblige donc à imaginer ce que cet orateur peut bien dégueuler.
Un peu à la manière d’un aveugle, mon imagination fait des siennes, invariablement, des scènes barbares m’agressent. Ces hurlements compilés à cette musique tantôt froide, tantôt haineuse, font naitre en moi des envies de destruction massive.
Que m’arrive-t-il ? Envouté, littéralement emprisonné par ce déluge organique, je survie, ma tête ne fait qu’émerger de ce marasme, la noyade me guette, je réalise que le sieur Viterzgir veut me faire profiter, à sa manière, de mes derniers instants de lucidité…
Me faire prendre conscience de ce que ces guerriers ont endurés avant l’issue fatale.
Je suis comme eux, paralysé par la peur, je suis…
Condamné à mourir noyé dans cette eau noire…
Tel est mon destin… Telle était son intention.
Merci pour ce texte une nouvelle fois original et complet!
P.S: sympa la petite parenthèse émo!!!
Au plaisir de te relire Cirith!
Mais le plus grand merci vient du fait que j'ai lu ta chronique dans l'après-midi, et en tant que grand fan de Kroda, admirant Viterzgir (etc...), je viens de commander cet album depuis un webshop, et NON je n'en ai rien écouté, mais j'ai entièrement confiance en l'envie vitale (ou mortelle plutôt tu me diras hein?) de me procurer ce disque ! Maintenant je suis impatient de le recevoir ... Alors encore une fois félicitation et merci à toi pour cette putain de chronique .
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