Black Despair

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16/20
Nom du groupe Morijah
Nom de l'album Black Despair
Type Album
Date de parution 11 Fevrier 2017
Labels Self-Produced
Style MusicalDeathcore
Membres possèdant cet album0

Tracklist

1. The War
2. Sudden Death
3. Hate Within Me
4. Leave This World
5. Day of Trouble
6. Public Slave
7. Lies
8. Path of Decision
9. Flavorless
10. Hypocrisy
11. Psalm 2

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Morijah


Chronique @ dakefhi

13 Mars 2017

Un deathcore progressif étonnant et frais

La Suisse sait être secouante, comme en attestent les jeunots de Morijah, quatre gai-lurons helvètes qui se sont formés en 2015 sous ce nom étrange. Ils sont étiquetés deathcore, mais nous pourrons constater par la suite que comme bien souvent l'étiquette est ultra-réductrice. Quoi qu'il en soit, le groupe a quand même pris deux ans pour sortir un premier full length, « Black Despair » (parce qu'il y a apparemment du désespoir blanc, genre du désespoir positif). Non pas que ce soit signe de qualité automatique, mais au moins annonciateur d'un certain goût pour le travail bien fait et la patience malgré la fougue attendue des débuts. Morijah a par ailleurs le mérite (ou pas, selon vos positions) de littéralement tout faire lui-même, et quand je dis tout, je dis bien tout : composition, écriture, production, mixage, mais aussi logo, communication et vente du disque ! C'est tout juste s'ils ont laissé une tierce personne s'occuper des photographies qui ornent le livret. Cela dit, l'esprit 'Do It Yourself' n'est pas en soi une qualité musicale, alors passons à l'écoute attentive de leur premier essai.

Soyons un peu chieurs si vous le permettez et débutons en écrivant que la production est peut-être en effet le (petit) point faible du disque. Dans le communiqué de presse, Morijah précise que le but était de produire un son avec de l'émotion (réussi) et qui sonne naturel : plus que naturel, il manque de la puissance et de la profondeur que déploie le metal extrême. De toute évidence, le quintet a privilégié une relative clarté, rendant le plus justice possible à leur art affûté de la composition, plutôt qu'un son pachydermique plus rentre-dedans. Reproche peut lui en être fait (ou pas), surtout considérant le caractère indéfinissable de la musique du groupe. Deathcore ? Certainement, oui, en songeant à la structure et aux breakdowns de morceaux comme « Lies » ou « Hypocrisy ». Mais si peu en réalité, du moins très peu, ponctuellement. Le deathcore n'est pas le genre qui saute aux oreilles lorsque l'on écoute « Black Despair », mais tout d'abord le death metal, à proprement parler. Le riffing bien death qui inaugure la piste « Hate within me » ou celui, gras et bien rampant, à la touche slam, de « Day of Trouble » ne permet aucun doute là-dessus. D'autant plus qu'il est appuyé par une batterie souvent simpliste (tout comme les riffs d'ailleurs) mais ne lésinant pas sur la double-pédale. Les vocaux non plus ne laissent échapper aucune interrogation, même si plus que le death, leur growl ténébreux lorgne davantage vers ceux du black.

Toutefois, je serais bien embêté de classifier « Black Despair » dans un « simple » metal extrême. Dès la première composition, « The War », Morijah surprend, interpelle, en convoquant des spectres musicaux qu'on ne s'attend pas du tout à percevoir dans un groupe qui va jusqu'à lui-même, dans le communiqué de presse à nouveau, se qualifier de deathcore band. Dès ce « The War », la surprise est de taille lorsqu'on entend un synthétiseur sonnant comme un clavecin et tâchant de suivre la batterie tambour battant. Un peu plus tard, il y aura un solo de guitare magnifique qui aurait toute sa place dans les meilleurs phases solistes d'un groupe de rock progressif... Tout au long du disque, Morijah jouera avec plusieurs influences telles que le metal symphonique (« Lies » encore), ou le rock progressif digne des 70's, quand ce n'est pas, via des sons de synthétiseurs décidément étonnants, le cyber-metal, l'indus, et surtout la new wave. Vous lisez bien : ce serait à corroborer par des dires des membres du combo, mais la new wave semble être une influence nette et constante de Morijah. Leurs nappes de synthés réaniment clairement celles de ce genre des années 80 plus que nul autre genre musical (l'intro de « Leave this world » pourrait absolument être celle d'un morceau de The Cure en 1987). On ne peut que penser également à son parent le plus proche, le post-punk de Joy Division notamment, en entendant le chant sur certains passages de « Public Slave ». Ou si vous préférez, pas très loin non plus, il y a le deathrock d'un Christian Death.

De par ses emprunts, Morijah apporte indéniablement une fraîcheur qu'il faut souligner et défendre. Des milliards de groupes expérimentent et lient des genres avec surprise. Foutre des synthétiseurs sur une guitare énervée et un growl acharné n'est pas une nouveauté, mais c'est un aspect que Morijah arrive à contourner ou plutôt à prendre de front : ils ne mettent pas des claviers pour en mettre, ils développent leur propre son, à l'image de ce qu'un groupe comme Métronomy a pu faire dans la pop (que cette référence ne fasse grincer les dents de personne). Ils vont chercher des sons que nous n'avons pas l'habitude d'entendre, même dans le pagan, même dans le symphonique, même dans le metalcore mélodique, mais peut-être dans le metal ou le rock progressif. L'influence d'Opeth est d'ailleurs perceptible sur « Public Slave » qui paraît même construit comme une composition des Suédois... Toutefois il y a quelque chose de différent chez Morijah. Est-ce leur production maison, leurs choix ingénus, cette façon de composer sans se limiter à un genre, et de piocher dans la musique comme un cuisinier dans ces bocaux ? Chacun aura sa réponse, mais je crois qu'on sera tous d'accord sur le fait qu'un deuxième album est indispensable avec néanmoins une qualité de production à la hauteur des talents de ces cinq types.


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