Né le 7 novembre 1960 à Portland dans l’Oregon, Thomas Cunningham Thayer alias Tommy Thayer est aujourd’hui connu pour être depuis 2002 le guitariste soliste du mythique groupe de hard rock américain
Kiss. Evoluant ainsi dans les bottes en mousse des légendaires et jadis six-cordistes solistes du combo
Ace Frehley, Vinnie Vincent, Mark St. John et autres
Bruce Kulick, Thayer a commencé sa collaboration avec
Kiss en 1989 via la co-écriture de deux titres de l’opus « Hot in the
Shade » tout en assurant une fonction de guitariste de session sur ces mêmes morceaux que sont «
Betrayed » et « The Street Giveth and the Street
Taketh Away ». Après avoir été l’homme de l’ombre du groupe au cours des années 90 via divers rôles de management et de production, Thayer devint un membre de
Kiss aux yeux du monde le 28 février 2003 à l’occasion du fameux concert australien du Telstra Dome de Melbourne enregistré avec l’orchestre symphonique local et immortalisé sur le CD/DVD «
Kiss Symphony : Alive IV ». Ayant emprunté à
Ace Frehley son légendaire personnage conceptuel du Spaceman alors que ses prédécesseurs avait été l’objet de personnifications exclusives, Tommy Thayer n’a donc jamais fait l’unanimité auprès des fans de
Kiss lui reprochant notamment cet acte de blasphème impardonnable. Ne pas oublier cependant que Thayer a eu une vie avant
Kiss au temps béni la décennie 80, au sein d’un certain Black ‘N Blue.
Formé en novembre 1981 à Portland par les potes de high school Jaime St. James (vocals) et Tommy Thayer (lead guitar), le groupe
Hell se rebaptise Movie Star puis finalement Black ‘N Blue en hommage au style vestimentaire cuir noir/jean mais aussi aux couleurs d’un œil au beurre noir quand il se voit rejoindre par le guitariste rythmique Jeff « Woop » Warner, le bassiste Patrick Young et le batteur Pete Holmes. Désormais articulé autour d’un line up complet et relocalisé par la force des choses à
Los Angeles en janvier 1983 après l’enregistrement d’une première démo 3-titres, Black ‘N Blue tape dans l’oreille d’un certain Brian Slagel qui incorpore le morceau « Chains Around
Heaven » sur le second pressage de la fameuse compilation
Metal Massacre (
Bitch, Mickey
Ratt,
Metallica..) de
Metal Blade Records en lieu et place du «
Cold Day in
Hell » de
Steeler. Combo hyperactif de l’underground glam hollywoodien, Black ‘N Blue signe rapidement un contrat pour quatre full lengths avec Geffen Records. Enregistré aux Dierks Studios de Stommeln en Allemagne sous les directives de Dieter Dierks (
Scorpions, Warning, Accept..), un premier album éponyme sort en août 1984 sous le catalog number GHS 24041.
Autant inspiré par le hard rock américain de la fin des 70’s à la
Kiss et
Cheap Trick que par la NWOBHM alors en plein essor conceptuel et commercial sur le Vieux
Continent, Black ‘N Blue se voit gracieusement offrir par son label Geffen la possibilité de choisir son producteur pour la mise en boite de ce tout premier effort discographique. Grand amateur de
Scorpions, récemment soufflé par le son du second opus du groupe français Warning choppé au hasard en import par Thayer dans les bacs d’un disquaire local et souhaitant de plus davantage faire dans l’agressivité européenne que dans le hard à claviers US alors à la mode (
Journey,
Survivor..), Black ‘N Blue confie donc la production de sa première galette éponyme à Dieter Dierks pour un résultat que l’on imagine constructif. Ainsi, le titre introduisant le disque « The Strong will Rock » distille un hard rock puissant et carré mid tempo aux accents heavy metal prononcés permettant au charismatique Jaime St. James d’annoncer la couleur de « Black ‘N Blue » à l’auditeur via le refrain imparable du morceau : « The strong will always rock, the strong will always roll ; the strong will survive, with rock n’ roll (…) ». De facture qualitative comparable, il conviendra de relever l’indéniable efficacité de l’infaillible « School of
Hard Knocks », la bad ass « Wicked
Bitch » qui inscrit lyriquement Black ‘N Blue au Panthéon des groupes décibellisés entretenant des relations tumultueuses et non moins passionnées avec le sexe faible mais surtout l’excellente « Hold On to 18 », premier single et tube incontesté de l’opus qui relativement mélodique et catchy à souhaits s’avère être une ode enthousiaste à l’insouciance et à la volonté hédoniste d’avoir 18 ans pour toujours (« I won’t grow old and I don’t wanna die… ») sur laquelle St. James ne se fait pas prier pour gratifier l’auditeur de sa classe vocale, rappelant parfois d’ailleurs un certain
Paul Stanley sur certaines intonations.
Combo ouvertement influencé par l’agressivité et la rigueur instrumentale du heavy metal tout en étant sensible au feeling rock n’ roll de son premier amour qu’est le hard rock, Black ‘N Blue n’est bien évidemment l’auteur d’aucune ballade d’eunuque sur ce full length, ayant plutôt préféré s’essayer à la vitesse comme peuvent en témoigner la speed et vrombissante « Autoblast » mais surtout la petite perle « I’m the
King » aussi marquée par une rythmique effrénée et par un Tommy Thayer faisant des étincelles à la guitare tant dans son riffing que dans ses soli à tomber littéralement par terre. Full length à l’inspiration variée et visiblement bidimensionnelle malgré une prédominance heavy metal plus que palpable sur l’ensemble de l’album, « Black ‘N Blue » laisse également transparaitre les influences hard rock de ses premières heures, cf le groove imparable de l’enthousiaste « Show Me the
Night » théâtre encore une fois d’un Thayer remarquable à l’exercice du solo de six-cordes mais aussi celui de l’épique et classieuse « One for the
Money ». Symbole et hommage on ne peut plus explicite de Black ‘N Blue à son background de rock dur, la reprise enjouée d’ «
Action » initialement composée et interprétée par le légendaire groupe de glam rock anglais Sweet sur son LP « Give Us a Wink » de 1976, colle pertinemment à l’esprit du disque bien que compréhensiblement et logiquement plus acérée que sa version d’origine. Ultime missile de ce premier effort éponyme remarquable au sens premier du terme, la très bonne et spontanée « Chains Around
Heaven » qui était initialement apparue rappelons-le sur la seconde édition de la compilation
Metal Massacre de
Metal Blade Records passe comme une lettre à La Poste un jour sans grève, à l’instar des neuf autres titres de cet efficace et on ne peut plus réussi « Black ‘N Blue » marqué sans aucun doute du sceau de la fraicheur et de la générosité propre à tout debut effort digne de cette appellation.
Sans prétendre révolutionner quelque courant musical que ce soit, Black ‘N Blue signe en 1984 un premier album éponyme doué d’une efficacité et d’une inspiration notables offrant à l’auditeur un heavy metal teinté de hard rock ou l’inverse qui avait bel et bien les arguments pour casser la baraque et devenir un acte décibellisé à succès de la décennie 80 calibré pour les arenas et les tournées en tête d’affiche. Direct, sans concession aucune et terriblement spontané dans son expression et la communication de son enthousiasme, « Black ‘N Blue » et ses dix invectives sonores auraient certainement mérité mieux qu’une anonyme 129ème place au Billboard 200. Trop européen pour percer en premier lieu sur le marché domestique ? Trop peu reconnu au pays de l’Oncle Sam pour daigner intéresser le public européen ? Quoiqu’il en soit et malgré les vingt-neuf ans d’âge de la galette, il n’est jamais trop tard pour donner l’occasion à un combo qui le mérite amplement de tester la puissance maximale de votre paire d’enceintes. Un album et plus largement un groupe à découvrir ou à redécouvrir au plus vite.
NANNNN je déconne, je me suis régalé. Merci Adrien.
J'apprécie ce groupe depuis la sortie de leur second LP "Without Love". Je n'ai découvert ce premier opus qu'ensuite. Et en exagérant un petit peu, à la marseillaise, je dirais que les 2 n'ont rien à voir.
Ce premier disque est, comme tu l'as décrit, bien rock tandis que le suivant est "pop sucrée" à mort. J'accroche aux deux de la même manière (j'ai déjà fait le coup avec Castle Blak).
Va comprendre ...
Sinon, quand j'entends leur cover d'"Action", j'entends vraiment du Poison avant l'heure.
Poison et Ratt et consorts ont raflé le magot mais cela aurait très bien pu être Black In Blue.
La preuve (?), G. Simmons, toujours à l'affut du bon coup, les prendra sous son aile à partir du 3eme album "Nasty Nasty".
Effectivement Sam, j'ai moi aussi l'impression d'écouter un autre groupe quand je fais tourner "Without Love" et notamment sa somptueuse complainte "Miss Mystery" qui possède selon moi un petit quelque chose de "Purple Rain" de Prince.
D'ailleurs selon les notes incluses dans la réedition de 2003 de "Without Love", il est écrit que ce 2nd Black 'N Blue produit par Bruce Fairbairn a donné envie à Jon Bon Jovi de choisir Fairbairn pour la production de "Slippery When Wet". The rest is history..
Un groupe entrevu dans les bacs de multiples disquaire mais jamais au moment propice.
Merci Adrien.
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