Si je vous dis metal progressif et Tunisie, vous penserez sans aucun doute à
Myrath. Oui mais pas tout à fait. Bien que ce groupe soit le fer de lance de la scène metal tunisienne, il y a un jeune homme qui fait parler de lui depuis plusieurs années, et surtout depuis la sortie de son premier album solo et instrumental, « A Neverending
Pain of a
Betrayed Man ». Je parle d'
Anas Abid.
Malgré son jeune âge, le guitariste a tout de même une certaine expérience derrière lui en plus d'avoir grandi dans une famille bercée par la musique arabe. C'est donc tout naturellement que le musicien a décidé de mêler ses origines culturelles à sa passion dévorante pour le metal afin de créer une musique qui sort de l'ordinaire.
Les chroniques encourageantes et les diffusions de ses morceaux sur différentes stations de radio l'ont poussé à élargir ses influences et horizons. D'où ce nouveau project, AIM Project, censé mettre en relation l'occident et l'orient, le prog et la musique traditionnelle, au sein de quatre morceaux regroupés dans un petit EP nommé « Bismillah ».
« Bismillah » vient de la contraction de deux termes arabes « bismi » et « allah » signifiant « au nom de Dieu ». C'est un mot que l'on utilise avant de faire quelque chose, que ce soit manger ou boire. C'est aussi un terme encourageant et une façon de se préparer à faire des bonnes choses. C'est aussi un appel au soutient de son Dieu, pour recevoir ses bénédictions. C'est ce qui donne la force d'aller de l'avant pour les musulmans. C'est aussi le nom du premier morceau de l'EP, une instrumentale courte de deux minutes, qui met en avant les qualités guitaristiques d'Anas. L'ensemble reste rythmé, même si ce n'est pas très dynamique. C'est juste une entrée en matière, avec une mélodie arabisante qui rappelle fortement celle du début de « Birth of the Three » d'
Orphaned Land. Les Israéliens ne sont jamais très loin lorsque l'on parle d'Oriental
Metal.
Pour le moment, pas de quoi nous faire tourner la tête, ça reste assez classique dans l'appréhension du mélange prog et oriental, et encore plus dans « The
Judgement Day » aux riffs rappelant parfois
Myrath ou même
Dream Theater (d'un côté, les Tunisiens en sont fortement influencés). Il y a du chant dans ce nouveau projet d'Anas, les parties criées étant confiées à Florian Thérèse.
Pas de grande originalité de ce côté là, tant dans la technique de chant que dans l'enchaînement des riffs. Certes, Anas sait manier son instrument, mais il lui manque encore cette patte personnelle qui le différencierait des maîtres et des ersatz du moment. «
Ruins of Azl'Aôm » par contre, apporte une pêche d'enfer et pas mal d'éléments supplémentaires, que ce soit des riffs endiablés et alambiqués et des orchestrations soignées de Julien Marocco, qui était aussi présent sur l'album « A Neverending
Pain of a
Betrayed Man ». L'aspect oriental se fait davantage ressentir, dans les ambiances, les riffs et le chant arabe de Salomé Perli, au timbre qui se rapproche de celui de Shlomit Levy (OL). D'ailleurs, le final acoustique à la luth rappelle une nouvelle fois les Israéliens sur le final de leur première version de « The
Storm Still Rages
Inside ». Encore une fois, les maîtres de l'oriental ne sont jamais loin !
C'est sans doute « The Mirror of
Life » qui change un peu, malgré le riffing principal très proche des grands du prog. L'ambiance est bien chaleureuse, avec cette dualité de guitare et la voix aérienne de la guest Aleksandra Radosavljevic. Les influences sont bien intégrées même si le mélange de sonorités peut apparaître un peu brouillon. Toutefois, le tout embarque l'auditeur, autant dans les parties plus lancinantes que dans les parties plus rapides et agressives.
Il est de plus en plus risqué, désormais, d'officier dans l'oriental metal quand on ne prend pas assez de risque pour créer une musique qui change et qui apporte une émotion nécessaire.
Anas Abid, justement, ne semble pas être assez casse-cou, sans doute à cause de ce désir de toucher le plus de monde possible. Mais dans ce domaine là, il faut vraiment prendre de l'avant et se forger une identité solide. Ce « Bismillah », malgré ses bons points, n'est pas assez fort et couillu pour sortir du lot car trop proche, dans tous les cas, des sorties prog et/ou orientales.
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