D’Amérique du Sud, on connait essentiellement des groupes brésiliens ou argentins dans le milieu du heavy metal et du metal progressif. Très peu de groupes chiliens parviennent à s’exporter hors de leur continent. Freddy Alexis, ancien chanteur du groupe power metal chilien «
Inquisicion » désirerait bien faire sauter le verrou avec le premier ouvrage de son projet solo et en signant chez le label chypriote
Pitch Black Records. «
Birds of Prey » apparaitra comme une œuvre intéressante, mais pas suffisamment fignolée pour faire migrer l‘oiseau « Alexis » hors du continent sud-américain.
Après une introduction parée de petits éclats, de notes étincelantes, sous le bruit du grattement d’un vinyle, nous viennent les véritables efforts de la formation. On serait alors frappé par la forte influence à
Symphony X sur « Shadows ». Les riffs ne sont toutefois pas dans une maîtrise identique à ceux de la prestigieuse formation américain. En revanche, on est bien amené à avouer la performance et l’investissement du chant de Freddy Alexis. Le titre en lui-même n’est pas trop mal, correctement structuré, élancé grâce aux chœurs, offrant aussi un peu de piquant. Un dynamisme similaire se retrouverait sur « Friendly
Fire », rappelant cette fois plus «
Primal Fear » et notamment la chanson « Final Embrace », sous un ton bien en dessous et une prise plus progressive. On pourrait regretter le manque de puissance du chant de Freddy, qui est loin d’être infaillible. Sa prestation sur «
Metalizer II » a de quoi laisser perplexe. Une nouvelle fois, c’est à un grand nom auquel on puise ses inspirations, et ce serait ici «
Judas Priest ». Ce heavy speed à la « Painkiller » est reconnaissable entre tous. Freddy Alexis se tente alors au chant strident et emporté du Père
Halford. Je dis bien « tente », car ce n’est vraiment pas au niveau. Heureusement le reste rattraperait cette défaillance. Ce heavy speed n’est pas au top, mais reste suffisamment accrocheur pour que l’on puisse s’y intéresser.
Dans les performances hasardeuses et maladroites, on garde à l ‘œil le titre éponyme de l’album «
Birds of Prey ». On aurait droit à une rythmique lourde et affalée proche du doom. Viennent compléter des bourrasques de guitare légères, aux tonalités arabisantes. Musicalement ça tient. Cependant, les chants y donneraient une impression beaucoup plus contrastée. Une prestation assez moribonde de leur part, voir « très » si on en juge le ridicule dernier tiers piste, où ils s’efforcent de ralentir leur voix. « Golden
Path » pourra rendre la pareille. Voila un titre à mid tempo tout à fait sympathique, dans un heavy mélodique plus que correct. Et pas de fausse route du chant cette fois. Les vols planés de guitares et de synthé pourraient nous emporter loin. L’apport du synthé est le bienvenu. Il est là en soutien évident sur le resplendissant « Breaking the
Spell ». La présence d’un chant lyrique féminin, celui de la guest Montserrat Urbina est également à souligner. Un morceau captivant, rudement bien manié, qui fournira plus de crédit au groupe. Important de s’attarder aussi à «
Forest », sensé être le dernier titre de l’album.
Pas vraiment un morceau à proprement parler. On serait en tout cas bien loin du heavy/power mélodique d’« Alexis ». Ce sont les bruits de la forêt, ou plus exactement ceux d’une nuée, d’un nuage d’oiseaux. Frissonnant d’y entendre par-dessus une ambiance glauque et stressante, en plus des voix spectrales surgissant de nulle part.
L’opus pourra éventuellement comporter trois titres bonus, à commencer par la ballade « Without You », plutôt jolie. On apprécie les voix mises en écho, la rythmique continue serait en revanche gênante. Sur « Killing Truth », ce serait le chant qui cette fois obstruerait une musique teintée de symphonique, que l’on devine merveilleuse. La seconde partie laisse plus d’espace pour qu’elle s’exprime avec aisance. Ce que l’on peut alors en retirer est tout à fait acceptable. « The
Witchblade » aurait pu se déchainer à la perfection s’il n’y avait pas eu une seconde voix sourde; petite tâche sur un tableau imposant. On assiste là à un déballage power metal massif et décapant proche d’un certain «
Helloween ».
« Alexis » n’a pas que des défauts, il compterait aussi de nombreuses qualités. Il s’agirait juste de fouiller pour les déceler. Difficile d’espérer que ces chiliens perceront en
Europe ou en Amérique du Nord avec ce «
Birds of Prey ». On trouverait des choses à redire pratiquement pour chaque morceau. Ils pomperaient un peu trop aux grandes formations, mais quand ils s‘adonnent personnellement, ils trouvent moyen de réaliser des choses beaucoup plus intéressantes. Ne pas oublier que l’élaboration et la technique constituent des éléments prioritaires à la réalisation de morceaux. Ils devront en tout cas y réfléchir, car on ne doute pas de leurs capacités. S’il y avait un conseil à leur donner, ce serait « Lâchez vous! Relâchez les oiseaux prisonniers en vous, qu’ils s’en aillent loin, vers d’autres horizons ».
12/20
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