Liste des groupes Metal Symphonique Cadmium Bios

Il serait cruel d’en dire plus ou d’enfoncer davantage le clou…Cadmium est encore immature et un long chemin l’attend sur les travées du succès, de la reconnaissance et de l’exigence artistique et stylistique du metal symphonique. Encore trop peu prenant, friable et fragile, "Bios" est la représentation d’une fleur commençant à peine à s’ouvrir, à dévoiler ses senteurs et ses couleurs. La finalité sera hypothétiquement belle ; elle est actuellement insuffisante.

Voilà encore une chronique où le début et la fin s’entremêle…mais il aurait été inutile et malhonnête de laisser miroiter plus longtemps un lecteur qui, face à l’appellation de metal mélodique symphonique, peut parfois se laisser aller à des désirs de grandeur et d’éloquente visions d’une musique monumentale et enchanteresse. Les magiciens de Nightwish, Rhapsody of Fire ou Dimmu Borgir ont donné des idées à de nombreux groupes aux envies artistiques très différentes mais se recueillant autour d’un même point : la symBiose de la musique classique et du metal. Mais eux-mêmes auront bien souvent parcouru un long chemin avant d’arriver à un "Once"/"Imaginaerum", un "Power of the Dragonflame"/"Tears of the Frozen Angels" ou un "Puritanical Euphoric Misanthropia"/"Abrahadabra". Ce passage, encore sinueux et à peine tracé, n’est encore qu’à ses balbutiements pour les français de Cadmium.

Trompeuse, l’introduction de "Hidden Side" laisse entrevoir une production à la hauteur lors du couple clavier/voix, mais les espoirs se retrouvent anéantis dès l’arrivée des guitares. Pas foncièrement mauvaise, mais clairement trop peu puissante, bancale et plate pour une musique de ce calibre, le son ne parvient pas à emporter l’auditeur, ni à créer un paysage suffisamment ambitieux pour faire ressortir les arrangements denses de ce premier morceau. L’influence de Nightwish dans les orchestrations est palpable, pendant que les guitares servent des rythmiques puissantes mais très banales. Cependant, l’ensemble est cohérent avec un groupe encore de cette jeune stature…mais un élément reste difficilement défendable, car vraiment en deçà du reste et potentiellement problématique pour l’évolution de Cadmium. Le chant.
Anthony Da Silva y met du cœur mais personne n’y croit. Son timbre, irritant, sans puissance ni personnalité, apparait comme un vrai point noir. Que dire de l’introduction vocale de "Pomegranate Seed", où l’on ne sait s’il faut rire ou pleurer face à une performance aussi…mauvaise. Les mots sont durs mais il ne peut en être autrement tant le chant est cruellement en dessous du reste, rejetant en arrière la qualité pourtant intrinsèque du riff principal et des arrangements, moins attendus que sur le premier titre. L’ambiance déployée est plus sombre et glauque, et le groupe y gagne un semblant de personnalité. Le deuxième couplet est mieux chanté et l’on ressent l’envie première du vocaliste : celle de chanter d’une façon proche de l’opéra, avec une prestance et un coffre imposant mais force est d’admettre qu’il est encore très loin du compte (quand on entend la récente performance d’Alessandro Conti dans ce domaine sur le nouvel album de Luca Turilli, la comparaison est à peine imaginable).

"Des Courbes et des Lignes" plonge l’auditeur dans une ambiance bien plus pop, proche d’un groupe comme Psylium mais, une fois encore, Anthony ne suit pas vraiment la musique qui gagne pourtant en fluidité ce qu’elle perd en complexité. Qu’il soit en français ou en anglais, le chant est l’élément qui prouve que le mirage de la qualité effective de cet ep n’est bien qu’illusoire. Même l’apparition féminine d’Emilie Colnat sur "Véra" ne sauve pas les meubles puisqu’elle-même ne peut prétendre une plus grande qualité, son timbre aigu étant tout aussi irritant que celui de son homologue masculin.

Dommage ai-je envie de dire…car la musique a parfois des choses à dire et des étincelles créatives montrent que, à force de travail et de persuasion, Cadmium est capable de bien meilleur. "A Gifted Child" est en ça porteur d’espoir dans son ambiance et son atmosphère plus riche (le boulot fait sur les claviers est plus qu’intéressant) mais à l’écoute de l’introduction du "Club des Misanthropes", on est à l’inverse tenté de dire qu’il sera difficile de remonter la pente (pourra-t-on faire pire en même temps ?) tant la sonorité d’orgue semble boursoufflée et ridicule.
Beaucoup de travail attend les français pour sortir du lot et proposer une musique plus attractive dans le milieu très exigeant (autant en composition qu’en moyen) du metal symphonique. Il est aussi quelque peu regrettable (mais compréhensible dans l'environnement actuel) que le disque physique ne soit qu'une simple pochette cartonnée, finalement invendable. "Bios" se veut donc une longue Démo plutôt qu'un véritable premier essai complet. Il serait cruel…[bis repetita].