Retour à mes premiers amours dans la musique extrême : le Grindcore. Car avant de découvrir le Black, je me nourrissais essentiellement de cette musique qui fleure bon les tripes chaudes, la bière tiède, et le gruïk porcin. C'est vrai, après tout, pourquoi se tourner vers une musique très complexe quand le Grindcore existe ? Non, je ne rabaisse pas le style, bien au contraire : il reste pour moi le genre le plus violent du metal, de par sa vitesse d'exécution, la violence textuelle et musicale dont il fait preuve ainsi, bien entendu, que le contenu politique manifeste de certains poncifs du genre (pas besoin de les nommer).
Petite critique tout de même face à ces groupes "myspace-like" qui se servent de l'étiquette "Grindcore" pour nous produire une purée gore/noise sans AUCUN intérêt, et qui ternissent la réputation du genre depuis bien trop longtemps. Bref,
Japanische Kampfhörspiele n'est certainement pas de ces groupes-là, car lui, allemand de nationalité, sait envoyer la choucroute bien comme il faut dans nos chères cages à miel, trop longtemps bercées (contre notre gré) par la pop sucrée que nous dégueulent les radios FM.
Cependant,
Japanische Kampfhörspiele ne fait pas dans le politique à outrance et le broyage de nazis. Non,
Japanische Kampfhörspiele est un groupe purement délirant.
Pas comme un
Gronibard graveleux ou un
Ultra Vomit lourdingue, non,
Japanische Kampfhörspiele n'a pas vraiment d'équivalent dans le petit monde du Grindcore. A la croisée des parrains de
Napalm Death, avec un petit côté
Rotten Sound, et une bonne louche d'
Hatred Surge et
Sylvester Staline pour les vocaux parfois très typés "powerviolence-fastcore-machincore".
Preuve en est ce "Bilder Fressen Strom" (donnant traduit "Les images nourissent le courant" - à entendre dans le sens humain du terme), véritable monolithe Grindcore. Vingt-sept titres de violence purement maîtrisée, moulé d'une grosse louche de délires vocaux et de samples en tout genre (franchement, écrire une chanson sur la voiture - depuis "Mobile
Home" des Presidents, on avait jamais vu ça). N'allez cependant pas imaginer que les musiciens sont manchots, très loin de là. Une bonne grosse dose de solos agrémentent les titres de cette galette, et le batteur alterne D-Beats, Blasts, et lignes typiquement taillées pour les moshs-pits.
Comment retenir une chanson dans ce maelstrom musical ? Elles son toutes excellentes. Certes parfois répétitives, mais excellentes malgré tout. L'amateur de Grindcore saura ici trouver de quoi boire et manger, même si le côté "je-bourrine-tout-sans-scrupules-et-sans-mélodie" manque un peu sur cet album - et c'est bien la première fois que je reprocherais à un disque d'être trop varié pour le style. Souvenez-vous en.
En résumé, voila un fort bon album, que j'aurais pour ma part espéré un peu plus rentre-dedans. Car malgré la production en béton armé, le disque n'est pas vraiment du
Rotten Sound ou du
Warscars. Mais bon, on ne crachera pas dans la soupe, ce "Bilder Fressen Strom" reste un bon disque. Et puis bon, un groupe qui s'apelle "le jeu du combat d'oreilles japonais", il fallait quand même le faire, et rien que ce facteur force le respect (et le sourire).
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