Existe-t-il plus grand mercenaire que le dénommé Keri Kelli au sein de la scène hard rock états-unienne d’obédience 80’s ? Né Kenneth Fear Jr. le 7 septembre 1971 à Huntington Beach, Californie ; le six-cordiste de session Keri Kelli a effectivement participé aux activités discographiques et/ou scéniques d’innombrables combos de sleaze rock/hair metal et assimilés sans toute fois pouvoir se targuer d’avoir joué un rôle empreint d’une réelle prépondérance dans l’histoire respective des entités de légende concernées. Ainsi, Keri Kelli a enregistré entre autres avec les mythiques The Newlydeads,
Pretty Boy Floyd,
Slash’s Snakepit,
Shameless,
Warrant,
Jani Lane,
Adler’s Appetite, Liberty N’
Justice,
Alice Cooper,
Stephen Pearcy et
Penny Lane notamment. Possédant également le titre de touring guitarist sur son impressionnant et enviable curriculum vitae, le Bob Denard du rock n’ roll a aussi tenu sa GMP custom sur scène pour les inénarrables
Vince Neil Band,
Ratt,
Skid Row, Love/
Hate,
BulletBoys et autres L.A. Guns pour ne citer que ceux dont l’Histoire avec un grand H retiendra les patronymes avec le plus de mémoire au cours des siècles à venir. Cependant, il serait injuste et réducteur de n’associer Keri Kelli qu’à un rôle d’eternel guitariste de secours et d’occulter sa participation active au sein de son brainchild
Big Bang Babies, légendaire et on ne peut plus représentatif quartette de bubble gum glam metal s’il en est.
Big Bang Babies voit la lumière du jour à Hollywood durant l’été 1988 sous l’impulsion créatrice du guitariste et accessoirement coursier de son état Keri Kelli et du batteur Freddie Ferrin rejoints quelques temps plus tard par le vocaliste Kit Ashley et le bassiste Tweety Boyd. Après quatre années d’un lifestyle des plus rock n’ roll qui verra notamment le groupe vivre tous les excès qu’une existence sleaze sur Sunset Strip puisse offrir ; des dizaines de gigs survoltés joués sur les planches des anthologiques Gazzarri’s, Roxy, Troubadour, Madame Wong’s West et autres Whiskey A Go Go, des centaines de bouteilles de
Jack Daniel’s descendues ainsi que la satisfaction physiologiques de milliers de groupies à peine majeures mais mammairement très avantagées ;
Big Bang Babies décide de donner naissance à son premier full length en sélectionnant méticuleusement les sept meilleurs morceaux d’un répertoire de compositions de 122 titres tous issus du songwriting perfectionniste du fameux Keri Kelli. Ainsi sort en 1992 dans les sombres sphères de l’underground glam et décadent de la Cité des Anges un premier album éponyme sobrement intitulé «
Big Bang Babies » édité en autoproduction sous l’étiquette BBB Music.
De bonne humeur, énergique, colorée, pétillante, crépitante même, dégageant à plein nez des effluves prononcées de barbe à papa, de Malabar et de Kool-Aid fruits de la passion ; l’identité musicale propre à ce premier opus de
Big Bang Babies se veut être la quintessence même de ce qu’est et de ce que doit être par-dessus tout le bubble gum glam metal ; obscure courant musical et conceptuel underground hérité des meilleurs moments des immuables Mötley Crüe,
Poison et
Pretty Boy Floyd ayant éclos à l’aube des 90’s alors que le grand public et les médias mainstream s’apprêtaient à investir en grande pompe l’univers torturé et névrosé du grunge et du metal alternatif notamment. Pourtant, loin des têtes de gondoles, des projecteurs aveuglant du music business crapuleux et du diktat prescripteur de MTV subsistaient ou se développaient tant bien que mal des groupes refusant l’abandon de l’insouciance et de l’hédonisme des saintes années 80 au profit du nombrilisme dépressif et de la morosité ambiante importée de Seattle. Dès lors, comment ne pas se réjouir à l’écoute de l’introductif et ultra enthousiaste « Everybody Needs a Hero » qui grâce à une rythmique dynamique et un refrain imparable doublé d’une énergie globale à toute épreuve trahissant une légère mais indubitable influence punk dans son concept parviendrait sans peine à foutre une pêche d’enfer à n’importe quel maniaco-suicidaire se tailladant les veines plusieurs fois par nuit dans la baignoire de sa salle de bain sur le deathrock mélancolique et traumatisé du légendaire
Sex Gang Children. Dans une veine comparable, relevons les très bons et enjoués « Saturday
Night » et surtout « C’mon », véritables odes à la fête et aux plaisirs de la vie qui mettent encore et toujours en scène un hard rock/metal édulcoré et vigoureux remarquablement bien produit pour un release autoproduit et limité à une poignée de milliers d’exemplaires seulement. Tirant indéniablement la personnalité sonore de ce «
Big Bang Babies » vers le haut, mentions spéciales aux vocaux bad ass et complaisants à souhait du charismatique Kit Ashley ainsi qu’au jeu de guitare fluide et on ne peut plus efficace du six-cordiste Keri Kelli qui marque ici ses premiers points quant à sa future carrière de mercenaire du sleaze rock/hair metal.
Malgré son caractère direct et l’anticonformisme que l’on pourrait en apparence imputer au bubble gum glam metal, «
Big Bang Babies » semble adopter les patterns d’albums classiques de glam metal qui quelques années auparavant rappelons-le, germaient dans les bacs des disquaires et même des supermarchés de quartier tels des mycoses nauséabondes et purulentes sur les parties intimes d’une groupie peu regardante sur l’hygiène et les bienfaits incommensurables d’une bonne petite savonnette Saforelle. A ce titre, remarquons l’introduction acoustique de « Satisfaction » laissant croire à une ballade mais s’avérant être au final un titre vitaminé narrant les déboires d’un jeune sleaze/bubble gum motherfucker assez peu persuasif mendiant un blowjob à sa petite copine en échange du contenu d’une « pocket full of cash » et d’un « backstage pass ». La véritable et on ne peut plus stéréotypée ballade du disque n’est autre que la langoureuse et relativement niaise « Penny
Lady ». Peu originale mais assez efficace en soi car pouvant peut être faire son petit effet un soir de grande détresse amoureuse, l’auditeur a vraiment l’impression d’avoir entendu cette complainte conventionnelle des centaines de fois par le passé sur d’autres galettes, rappelant à la fois les inégalables «
More Than Words » d’
Extreme, « Every
Rose Has its Thorn » de
Poison, « I Remember You » de
Skid Row, « I Still Think About You » de
Danger Danger et autres «
Wild Angels » de
Pretty Boy Floyd. Bien que dégageant une personnalité générale pertinente et constructive laissant planer l’ombre d’un bon album à défaut de constituer un véritable chef d’œuvre intemporel du genre auquel on le rattache, «
Big Bang Babies » comporte un titre plus que dispensable qui aurait probablement pu être remplacé par l’un des 115 morceaux restants du répertoire de compositions de Keri Kelli. Effectivement, difficile d’écouter jusqu’à son terme la poussive « Do Ya Wanna Rock » digne des pires moments des Ramones que les faux frangins punks de
New York City auraient très probablement renié et interdit la présence même sur une compile alimentaire de chutes et de b-sides. Synthèse du disque et bien représentative de l’état d’esprit global de ce sympathique debut album, la mélodique « Love Drug » conclue dignement «
Big Bang Babies » tout en gratifiant l’auditeur d’un solo senti et décisif signé de la future rock star multicarte Keri Kelli.
Peu original mais invariablement doué d’une efficacité salvatrice et d’une énergie débordante propre à tout release de bubble gum glam metal qui se respecte et qui possède la velléité de rentrer dans la légende d’un style se complaisant allègrement dans les ténèbres de l’underground et l’ignorance de la masse, ce premier album éponyme des bébés du big bang s’avère être le genre de disque dont on ne se lasse jamais et dont on se surprend parfois à siffloter les refrains sous la douche ou en se lobotomisant volontairement la cervelle devant TF1 ou M6. Véritable pièce de collection quasi introuvable aujourd’hui, «
Big Bang Babies » saura incontestablement tester votre patience et la solidité de votre cochon de porcelaine avant de déflagrer comme jamais espérons-le les enceintes de votre chaine hi-fi de salon pourtant habituées à de tels supplices.
Moment de stupeur quand même avec l'instrumental "Bliss" que tu ne connais peut-être pas (il est sur "Black Market"), mais qui aurait pu se trouver sur le second Patrick Rondat. Encore une découverte géniale, du léger qui fait du bien au moral aujourd'hui entre les Slayer qui s'enchaînent. Thanks dude.
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