Beyond the Realm

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17/20
Nom du groupe Diabolic Night
Nom de l'album Beyond the Realm
Type Album
Date de parution 15 Novembre 2019
Style MusicalBlack Thrash
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1.
 Towards Forgotten Paths
 01:13
2.
 Sovereign of Doom
 04:49
3.
 Crescent Moon Rise
 05:18
4.
 In Retribution
 05:09
5.
 Beyond the Realm
 02:15
6.
 Odyssey
 06:25
7.
 Infernal Power
 04:34
8.
 Reach for the Night
 04:32
9.
 Descension into Dying Spheres
 05:35

Durée totale : 39:50

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Diabolic Night


Chronique @ Hibernatus

18 Décembre 2019

un ardent plaidoyer pour l'unité du Metal

Dans une production contemporaine souvent stéréotypée, on trouve toujours de bonnes surprises à se mettre sous la dent. Toute fraîche, celle-ci nous vient d'Allemagne. Formé en 2013 par le multi-instrumentiste Kevin Heier, alias Heavy Steeler, Diabolic Night n'avait à son actif qu'un EP et un single officiant dans un Black Thrash sympathique, mais comme on dit au Québec, pas non plus de quoi écrire à sa mère. Après un silence radio de près de quatre ans, le premier full length de la formation, « Beyond the Realm », est un surprenant et réussi mélange de genres finement affiné et enrichi par une longue maturation.

À trop courir de lièvres en même temps, on risque de ne satisfaire personne ; pourtant, force est de reconnaître que ce cocktail de Heavy classique, de Speed mélodique, de Thrash et de Black s'avère assez convainquant. Kevin Heier a pris le temps de le ciseler sans pour autant renier ses premiers efforts beaucoup plus bruts : en témoigne la reprise d'Infernal Power, titre phare du single de 2015, et une pochette dont les éclairs forment le trait d'union entre l'ancien et le moderne Diabolic Night. Mais elle est à l'image du disque, beaucoup plus travaillée : la gerbe de foudre irradie non plus d'une Flying V sommairement dessinée mais de la lutte d'un ange et d'un démon croisant le fer sur fond de coulées de lave.

Tout en gardant un certain grain vintage, le son est beaucoup plus précis et profond. Plein d'ambition pour son bébé, Kevin a renoncé à le produire sur son petit label Mortal Rite et s'est associé avec High Roller Records. Pour obtenir ce qu'il voulait, il s'est baladé dans toute l'Allemagne, partageant l'enregistrement entre le Time & Dust Studio de Chemnitz et le Into the Crypt de Carlstadt, pour finir par sortir le master au Temple of Disharmony de Bamberg. Ses talents se « limitant » au chant, à la basse et la guitare, il s'est adjoint les services de son vieil ami Christhunter, batteur du groupe Black Thrash saxon Nuctemeron (dont il a produit l'EP sur son label). Autant dire que le résultat mûrement réfléchi est le produit d'un investissement de longue haleine.

L’œuvre est très personnelle et commande le choix du one man band (et demi, pour le batteur) : Kevin Heier ne voulait pas partager des compositions qui prennent leur source dans des albums qu'il chérit depuis plusieurs décennies. Il les classe dans le Heavy-Speed et le Thrash européen des années 80 et la seconde vague du Black scandinave. Le rythme est généralement rapide et hargneux, tout en sachant prendre une ampleur plus mid-tempo, avec d'incessants changements de cadence au sein du même titre. Le gros atout de l'album est le mariage harmonieux d'une voix résolument Black Thrash et d'un substrat instrumental mélodieux typique de la NWOBHM (on songe beaucoup à Maiden), au Heavy Speed allemand des premiers Helloween et Running Wild, ou d'un Heavy Thrash à la Turbo période « Kawaleria Szatana ».

L'amalgame de ces influences est un savant dosage qui permet d'écouter des morceaux très variés tout en conservant à l'album sa pleine homogénéité. La voix étant typée plus extrême, on ne s'étonnera pas de voir les deux courts instrumentaux relever plutôt du Heavy. Toward Forgotten Paths est une brève introduction solennelle qui met en évidence le parti-pris mélodique et les samples de tonnerre, un leitmotiv du disque ; l'éponyme Beyond the Realm est une lourde cavalcade annonciatrice d'un joli jeu de guitare et présentant un certain cousinage avec le Genghis Khan d'Iron Maiden. De par son jeu de guitare et malgré la voix grondée de Heavy Steeler, Reach for the Night, légèrement speedé par instant, s'inscrit également dans le Heavy Metal.

Allons à l'opposé du spectre. Infernal Power, le titre le plus ancien, est logiquement un pur Black Thrash. Sa composition n'est en rien modifiée par rapport au single de 2015 et la production plus soignée lui donne plus de relief sans amoindrir en rien son côté percutant. Le riff et le style de batterie rejoignent les vocaux hurlés de Heavy Steeler pour faire de Descension into Dying Spheres un Black Metal de plein exercice, avec cependant un petit bémol : la longue plage instrumentale aux deux tiers du titre calme momentanément le jeu et affiche une respiration et un phrasé typiquement Heavy. Ajoutons que dans ce dernier morceau, la place de la basse est nettement plus importante que dans les titres précédemment évoqués ; ce sera une constante du reste des titres, où les parties de basse sont de vrais régals.

Partout ailleurs, l'hybridation est de rigueur. Partout, la rugosité du propos est tempéré par du riff, des leads et des soli, parfois des dialogues entre la basse et la guitare empreints de la rondeur du Heavy classique et du Speed mélodique. Notons que les parties de guitare affectent souvent la forme de duels bien typiques de la NWOBHM : futé de faire un duel avec soi-même, on est sûr de gagner (d'un autre côté, on est aussi sûr d'y passer, hum, j'arrête avec mes paradoxes débiles).
Ainsi, le Speed-Thrash de Sovereign of Doom est aéré par le lyrisme des passages instrumentaux. Idem pour le furibard In Retribution (oh, quel jeu de basse!) encadré en sus d'une intro et outro bien mélodieuses.

Et que dire du fabuleux Crescent Moon Rise, qui voit à peu près toutes les influences précitées s'interpénétrer ou se succéder dans des plages contrastées (oh, quelles belles ponctuations de basse pour les lier!) : du Heavy lourdingue, du Heavy Speed, du Heavy Thrash, et le growl Black le plus haineux de tout l'album. En richesse stylistique, il n'est dépassé que par le non moins formidable Odyssey, qui ajoute une autre influence capitale du Metal, souvent sous-estimée : la musique classique ; le titre s'ouvre sur les danses hongroises de Brahms, qui cèdent la place à une guitare électrique entonnant du Bach, et s'achève sur une échappée de piano.

Ce qui pourrait être artificiellement juxtaposé dans des compositions moins inspirées est ici pleinement réussi, par la double grâce de l'excellence technique des musiciens et de la parfaite digestion de ses influences par Heavy Steeler. « Beyond the Realm » est un ardent plaidoyer pour l'unité du Metal. Il démontre avec éclat que les genres extrêmes restent beaucoup plus apparentés aux fondamentaux qu'il ne le laissent paraître et avec qui ils ont en partage ce tronc commun de finesse et d'énergie, de rage et de sensibilité. Au delà du plaisir avec lequel il se laisse écouter, ce disque prend une dimension didactique : je ne saurais trop le conseiller aux professeurs comme matériau pédagogique servant en TP d'histoire du Metal (comment, ça, c'est pas encore au programme?).

4 Commentaires

12 J'aime

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Goneo - 20 Décembre 2019:

Belle chronique, j'ai bien aimés les premiers extraits, puis sur l'ensemble je me lasse, je n'arrive pas à écouter l'album entier.

En tout cas une belle découverte.

LeMoustre - 23 Janvier 2020:

Même si on peut déceler quelques riffs piqués à droite (le riff d'introduction de "Sovereign of Doom" chez Sabbat ou chez Death celui qui lance "In Retribution" par exemple, où chacun reconnaîtra la patte du titre Evil Dead), l'album du multi-instrumentiste Heavy Steeler (au patronyme pouvant prêter à confusion au vu du genre pratiqué, et un t-shirt Judas Priest fièrement arboré à juste titre) est une vraie révélation. Du hit à la pelle ("Crescent Moon Rise" en premier chef avec des mélodies à se damner, en particulier après la troisième minute), et comme le dit notre chroniqueur un patchwork jamais barbant, mais au contraire foutrement jouissif, pour qui n'est pas allergique aux vocaux pleins de réverb'. 

Un top-album de 2019, et un bon 16 voire 17/20 à mon humble avis. Un album multi-facettes qui pourra séduire les fans d'extrême (la scène black/thrash est très pregnante) comme ceux de heavy un tant soit peu rêche (au hasard - non pas vraiment - la scène speedmetal) à la Iron Slaught.  

MarkoFromMars - 17 Avril 2020:

Merci pour cette découverte, un riffing nerveux comme je les aime, une basse présente comme je les aime, des mélodies judicieusement placées comme je les aime, bref un patchwork d'influences savamment orcherstré qui fait carrément mouche pour mon cas. Sont quand même satanément agaçants ces multi-instrumentistes qui savent tout faire.

mechant - 14 Août 2021:

Sacrée decouverte que cet album qui, comme hellripper apporte 1 peu de fraicheur et de "nouveauté".

Piochant allegrement  dans differents registres , l'album se veut comme 1 savant mixage death /thrash /heavy...

Acquis en k7...j adore ce genre de decouverte!

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