Il aura fallu 6 ans au groupe parisien pour accoucher d'une suite au très réussi “Here's No Truth”, Entre temps, les habituelles galères de label et de line-up, mais cela n'a pas arrêté
Seide : au contraire, ce temps passé à travailler les morceaux a permis au groupe de livrer ici un album particulièrement mature et différent.
Ce qui caractérisait le plus « Here's No Truth » était une certaine violence, un côté brut de décoffrage et assez rentre-dedans mêlé à une atmosphère glaciale. C'est cette dernière qui fait le lien avec «
Beyond the Fallacy » : voilà un album froid, aux riffs glacés comme le blizzard nordique. Et en même temps, beaucoup moins guerrier sans perdre une once de violence. Le Black de
Seide se fait presque dépressif, tout en gardant des tempos assez élevés. On retrouve une fois de plus dans le son certains points communs avec la scène finlandaise, mais la majeure partie des ambiances se rapprochent plus d'une certaine scène allemande caractérisée par des groupes comme
Dornenreich ou
Geist (auquel l'instrumental « La Llorona », inspiré d'une légende macabre mexicaine, m'a de suite fait penser).
Cet aspect de sentiments à vifs est très bien rendu sur l'incroyable deuxième morceau « Ångest « au riffing implacable contrebalancé par des passages acoustiques. L'influence des premiers
Shining est ici indéniable, et ce n'est pas pour rien que l'inénarrable
Niklas Kvarforth est venu participer à ce morceau épique de plus de 8 minutes. Cette durée dans les morceaux est aussi l'autre gros changement dans la musique de
Seide : loin de vouloir sonner progressif, le groupe profite de cet étalement pour développer la structure générale de des chansons avec des breaks souvent inattendus, des arrangements bienvenus (violoncelle, légère intervention de claviers), quelques samples... Et ainsi évite l'ennui (la sublime « L'
Abandon » et ses choeurs presque viking).
Le travail vocal de Count D est impressionnant : auparavant connu plus pour son chant très malsain , il démontre ici aussi une très bonne utilisation du chant clair et une capacité à faire passer des sentiments négatifs plus élaborés (« Maelström », de très loin mon morceau favori de l'album, proche de certains travaux de
Orakle). Le chant en français apporte un plus non négligeable pour ceux qui, comme moi, apprécient d'écouter du Black dans une langue, quelle qu'elle soit, différente de l'anglais (les paroles, particulièrement travaillées, valent la lecture). Mais
Seide n'a pas complètement abandonné son ancien style, comme le démontre le morceau « Persécution » : voilà l'exemple-type d'un titre de Black
Metal moderne (dans le sens où il bénéficie d'une production puissant mettant bien en valeur sa puissance sans recourir au blast à tout crin), direct et foutrement bien exécuté, qui fait monter l'adrénaline et est destiné à déclencher de violents pits durant les concerts.
Reste un seul regret : voilà un album qui ne s'assimile pas forcément facilement, et qui nécessite de nombreuses écoutes pour parvenir à y rentrer complètement. Sans aller jusque à dire qu'il s'agit de album complexe, on dira plutôt qu'il s'agit d'un album exigeant envers l'auditeur. Les amateurs de simplicité sauvage seront sans doute rebutés, mais j'y vois personnellement au contraire un point très positif concernant le travail effectué par les musiciens.
Seide nous livre avec «
Beyond the Fallacy » un deuxième album très réussi, qui conviendra parfaitement aux amateurs de Black au sens large ainsi qu'à ceux pour qui les atmosphères sont plus importantes dans le genre que le bourrinage satanique de base.
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