« Mais sortez-moi de là ! Je suis un cd nom de dieu et je suis fait pour être écouté. Sortez moi de cette saloperie de boitier avant que je ne fasse une dépression nerveuse !! »
C’est peut-être ce que penserais mon cd du premier opus éponyme de
Beyond Fear, nouveau projet de Tim Owens, si il possédait une conscience et une vie.
« Pourquoi ne veux-tu pas de moi ? »
Et bien voilà, soyons clair tout de suite, je n’ai rien contre toi, mais je ne pourrais jamais te faire passer en boucle sur ma platine, c’est un fait. Désolé !
« Mais pourquoi ? Mon label, SPV, me nomme comme une leçon de métal ! »
Ah oui c’est vrai, je te jure ces labels. Bon, et bien je vais devoir te prouver par A plus B que tu n’es pas le chef d’œuvre annoncé et attendu.
« D’accord, je t’écoute. »
Tu es pourtant des plus alléchants sur le papier, nouveau groupe du célèbre
Tim Ripper Owens, ex-maniaque de
Judas Priest, remplaçant d’infortune de
Metal God Halford et chanteur à la voix tétanisante et ultra aigue.
Ton chanteur est sans doute l’archétype ultime du heavy metal, et en ça, je n’ai pas vraiment hésité à t’acheter.
Et il faut dire que dès le premier titre, "
Scream Machine", je suis plutôt content de mon achat. Le riff principal est une tuerie comme Judas n’en écrit plus depuis belle lurette (avant "Nostradamus" !), la double pédale déchire tout sur son passage, la basse est discrète, sans doute trop tandis que Tim est impérial et hystérique. Oui, c’est le mot, le refrain nous défonce le crane de manière jouissive, et les solos volent dans l’air métallique emplissant peu à peu l’atmosphère.
« Je ne comprends pas, je pensais que… »
Attends un peu, je ne parlais que du premier titre. "
And…You
Will Die" poursuit sur un riff plus moderne et sympathique, avec une nouvelle fois un refrain certes évident mais efficace. "
Save Me" nous met alors la puce à l’oreille, cela ne ferait-il pas trois titres que les intro sont identiques ? Toujours un léger bruit de fond augmentant au mixage puis explosant sur un riff souvent simple, avant de déplier le spectre musical.
Qu’à cela ne tienne, "The
Human Race", aux parties vocales corrosives et plus proche d’un
Pantera (dans l’esprit) déchire tandis que le suivant, "Coming At You", surprend par son refrain presque scandé et diablement efficace, bouchant en quelques écoutes une case mémoire de notre cerveau. Le meilleur titre à mon avis. Mais les choses vont se gâter !
« Tu dis ça parce que "Dreams Come
True" est une ballade c’est ça ? Vous les métalleux, il faut toujours que ça tape de toute façon… »
Mais non compact disc, c’est juste que Tim est loin d’être le gars le plus émotionnel du milieu, et "Dreams Come
True" reste très plat tout son long, elle n’est certes pas niaise mais elle ne dégage rien non plus. Tu comprends ?
« Oui, un peu… »
Et puis les "Telling
Lies", "My Last Words" et autres "I Don’t
Need This" sont d’un inintérêt confondant, ça tourne fichtrement en rond, toujours les mêmes intro, les riffs possèdent trois notes et la production de
Jim Morris, bien que puissante, manque cruellement de profondeur (exactement le même problème que pour le second Demons &
Wizards !).
En revanche, "Your
Time Has Come", malgré une nouvelle intro identique à "
Save Me" (le titre de la chanson hurlé en toile de fond) remet un auditeur déçu dans le droit chemin, nous amenant à un super break où Tim chante au maximum de ses capacités. Alors ça ressemble à du Judas grande époque mais que c’est bon, malheureusement, le chant ne reviendra pas sur cette chanson qui se termine en "queue de boudin".
« Et "The
Faith" ? »
Il n’est pas mal, ce n’est pas révolutionnaire mais la fin très syncopée au niveau vocal apporte une modernité bienvenu au titre, presque néo en fait, sans que cela soit ouvertement préjudiciable.
« Je comprends un peu mieux, moi qui croyait tant être génial ! »
Tu n’es pas le seul, je croyais beaucoup en toi au début. Peut-être le groupe fera-t-il mieux la prochaine fois. Il faudrait vraiment qu’il se dégage de ce traditionalisme qui les handicape plus qu’il ne les sert. Posséder un chanteur d’exception et pondre une galette aussi moyenne n’est pas acceptable, pourvu que John Comprix (principal compositeur et guitariste) et Tim (maintenant défait de ses activités avec
Iced Earth) trouve une voie leur étant propre pour le plus grand bien de nos oreilles.
Allez, tu m’as presque convaincu de ta bonne fois, je vais t’user un peu sur ma chaine hi-fi.
« Merci »
Une chronique originale en tout cas ... et même en tant que grand amoureux de la voix d'Owens, il faut reconnaître qu'elle est réaliste. Même si je trouve que Tim a des qualités de compositeur (son album solo contient quelques perles), y'a rien à faire, j'accroche mieux quand la musique est écrite par d'autres (surtout sur les 2 Iced Earth). Il a une voix tout simplement bandante, jamais entendu ça, mais il est surtout un interprète, et probablement l'un des meilleurs de la scène...suffit de l'écouter reprendre les classiques d'Iced Earth et du Priest pour le comprendre.De là à dire qu'il restera un "second couteau", n'exagérons pas, il a tout de même une belle notoriété maintenant.
Attendons toutefois le second album de Beyond Fear avant de nous prononcer...
Pour moi, « Beyond fear » est un bon album de heavy metal viril et puissant mais pas assez original ou inspiré pour marquer les esprits et permettre à Tim Owens de prendre un nouveau départ en solo.
Le chanteur place toujours sa voix impressionnante, si puissante et aiguë par instants mais intéressante aussi dans les modulations plus graves ou mélodiques mais la qualité des compositions ne lui permet pas de briller au plus haut.
Owens reste donc scotché au sol et patine comme une Ferrari contrainte de rouler en seconde avec quelques pointes en troisième sans parvenir à décrocher la quatrième vitesse.
A réserver donc aux fans du bonhomme même si tout ceci reste très loin de son travail avec Iced earth et à des années lumières de celui avec Judas priest.
Critique complète sur mon blog :
https://lediscoursdharnois.blogspot.com/2021/02/beyond-fear-beyond-fear.html
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