Dire que le "revival" death-metal a le vent en poupe est juste un euphémisme, tellement le style contient pléthore de formations.
Gouge, jeune formation formée en 2011 par Christopher Brathen (chant, guitare, basse) et Herman Holen (batterie), se jette dans la bataille du « true » avec, tout d’abord, une démo parue en
2012, intitulée «
Doomed to Death », puis avec son premier full-length, "
Beyond Death", paru en mars dernier chez Hells Headbangers Records.
Dès les premiers accords de « Wretched Passion », le décor est planté. Les p’tits gars pratiquent une musique bien plus âgée qu’eux, à base d’accords simples, d’une rythmique « speedée », le tout enrobé d’une basse dégoulinante, et doté de vocaux de dérangés.
Pas de doute,
Gouge a bien appris sa leçon et retranscrit ses préceptes avec une grande fidélité. «
Beyond Death », qui porte assurément bien son patronyme, tabasse à tous les étages et pas un seul moment de répit ne sera octroyé à l’auditeur, le duo envoyant le bois du début à la fin de la galette, sans aucune faiblesse. Et il est impossible de sortir une composition plus qu’une autre, tous les morceaux de cet opus étant du même caveau. La musique développée par
Gouge pue la mort par tous les pores mais ce n’est pas le seul atout des Norvégiens.
En effet, «
Beyond Death » transpire l’authenticité et l’énergie brute qui s’en dégage est très communicative. Les titres de cet album sont fortement propices au headbanging aussi intensif qu’inattendu, sont à la fois très directs, entraînants, efficaces (« Wretched Passion », « Breath Of
The Reaper », «
Butcher Attack », « Chaos
And Horror » ou «
Morbid Curse ») et, débordant d’une grande spontanéité, amènent, de ce fait, un sentiment d’urgence inhérent au punk. Afin de varier son propos et d’éviter l’écueil de la linéarité,
Gouge distille, ici ou là, quelques passages mid-tempo puissants ou lourds (« Breath Of
The Reaper » ou «
Blood Feast »), n’atténuant aucunement la force impactante de «
Beyond Death ». Pour prouver à l’auditeur qu’il ne se cantonne pas uniquement à trois ou quatre accords, Christopher Brathen délivre quelques solos rapides comme sur «
Putrefaction » ou « Malady
Macabre », donnant alors un peu de luminosité à l’ensemble, ajoutant aussi au dynamisme déjà bien présent. Afin d’appuyer cette ambiance « revival », le duo s’essaie à quelques ambiances dont la plus notable reste l’introduction de «
Butcher Attack » qui semble tout droit sortie de "massacre à la tronçonneuse".
Cependant, même si «
Beyond Death » fait très mal à la nuque, force est de constater que les bougres n’ont pas inventé l’eau chaude, ne s’embarrassant pas d’originalité, puisque cet opus en est totalement dépourvu. Aussi, le riffing étant tellement simpliste que les accords pourraient être interchangeables d’un morceau à un autre sans que personne ne s’aperçoive de la supercherie. Pour finir, même si elle colle complètement à l’atmosphère et aux compositions de «
Beyond Death », la production reste assez limitée et le son, volontairement cradingue et brumeux, lisse l’album. Nous n’avons pas à faire à une bouillie sonore indigeste mais il faut pouvoir rester concentré pour pouvoir discerner chaque riff. En fait, seule la basse tire véritablement son épingle du jeu.
«
Beyond Death » n’est certainement pas l’album de l’année mais son énergie, sa spontanéité et son efficacité trouveront certainement écho chez les vieux deathters (que je suis), qui passeront assurément un bon moment.
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