Il est étonnant de voir que
Serpenthia n'a pas percé plus que ça, alors que le quintette fête tout de même ses dix ans de formation. Dix années dans lesquelles ces Finlandais n'ont pas chômé, sortant, à intervalles régulières, des démos toutes aussi personnelles les unes que les autres. Sans doute parce que le groupe ne s'aventure pas du côté de la simplicité. Leur mot d'ordre est l'expérimentation et cela se ressent dans leur musique, sorte de dark metal progressif touché par le black, le death, le gothique, l'atmosphérique et le symphonique. Ce melting pot permet à
Serpenthia de créer des compositions variées mais toutes guidées par une ambiance sombre et horrifique, à la manière des derniers
Hymir,
Carach Angren,
Withering Soul ou
Bishop Of Hexen, avec toutefois une production faite maison.
Si l'enregistrement a été fait l'été dernier, l'écriture s'est produite directement après la sortie de « Sindicate », les années 2010 et 2011 ayant été très mouvementées. Maintenant que le nouveau matériel se révèle et que
Serpenthia se dote d'un line up désormais solide, voyons donc ce que vaut le nouveau méfait, «
Beyond », sorti fin
2012.
Les Finlandais nous mettent dans le bain dès les premières secondes de «
Them », avec son ambiance de maison hantée : piano, mélodies dignes d'une boîte à musique, crépitement d'un feu, nappes de claviers fantomatiques...les parties metal dégagent une grande agressivité, que ce soit dans les riffs et les vocaux, tiraillées entre les parties black metal et les parties death metal. On sent directement une grande cohérence et l'osmose entre les instruments et parfaite. Ces derniers ont tous une place importante et l'un n'est pas étouffé par l'autre, la basse est bien audible, les claviers n'ont pas une place prépondérante mais apparaissent au moment les plus opportuns tandis que le chant hargneux nous narre une histoire terrifiante.
« The
Spectre » met le paquet niveau efficacité, entre lourdeur et atmosphère. On se retrouve ici avec un death metal assombri par des éléments black metal et des touches symphonico-atmosphériques marquées, rappelant le «
Spiritual Black Dimensions » de
Dimmu Borgir et le «
Event Horizon » de l'ancien
Cruentus.
Mais ce qui fait plus la marque de fabrique de
Serpenthia, c'est le côté progressif. L'auditeur n'est pas passif, il est aussi actif, il participe à la progression de la musique, que ce soit sur le long «
Tragedy » et le très long « The
Fall (
Deception Pt.2) ». On découvre des parties plus classiques et d'autres plus alambiquées, soutenues par une ambiance prenante et une histoire de malédiction, sans que cela n'enlève l'aspect bourrin et résolument extrême des compositions. Malgré tout, c'est sans doute le piano qui permet de véhiculer cette ambiance horror, guidé par des guitares aux soli carrés et un chant rageur très expressif. Le final est d'ailleurs très bien pensé, on retrouve le crépitement du feu et les nappes sombres de claviers de l'intro de «
Them », comme un retour à la réalité.
Malgré leur discrétion, les Finlandais arrivent à se mettre en avant avec cette cinquième démo inspirée et très bien fichue, et même si leurs travaux restent encore perfectibles, ils possèdent le talent nécessaire pour attirer les oreilles des amateurs du genre.
Maintenant que tu es là pour me rappeler que ce groupe existe encore, je vais pouvoir m'y replonger !
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