Depuis pas mal d'années, une chose est claire : il y a de plus en plus de one man bands, et ce, aux quatre coins du monde. Le musicien, souvent multi instrumentiste, n'a donc pas à faire aux nombreux changements de line up qui pourraient affecter l'entente, l'ambiance générale et la constitution d'un album. De ce fait, tout lui revient, que ce soit le succès ou l'échec. De plus, il peut mettre à l’œuvre son savoir faire et sa créativité tout en ayant, si possible, des projets annexes.
C'est le cas de Muhannad Bursheh, créateur de Bouq, un one man band anciennement connu sous le nom de
Phex. Ce musicien, œuvrant aussi chez
Augury,
Tyrant Throne ou récemment Abohotho, a réussi à se faire une place en Jordanie, même si le metal semble y être interdit. La scène du coin est particulièrement intéressante, comptant des formations telles que
Bilocate, entres autres. Et quand on évoque la Jordanie, on parle moins d'influences orientales. Bien que l'Israël et son trio
Orphaned Land/
Melechesh/
Salem ne soient pas loin, le pays du site de
Petra ne s'aventure pas trop dans l'exotisme. Bouq en est la preuve.
Muhannad avec son «
Berserk » nous concocte un album de black/death épique à tendance dark voire symphonique influencé par les mythologies nordiques et germaniques. Rien de très moyen-oriental donc, le titre de l'album, la pochette et les paroles montrent bien cette histoire de guerrier-fauve furieux et surpuissant ainsi que ce cor pour ce qui est de la création du logo.
C'est donc un album bestial et guerrier que nous offre Bouq, nous transportant dans l'enfer des batailles et dans les délices des mythologies. On se retrouve dans une ambiance black épique traditionnelle, menée par des relents death metal rapprochant le son de
Behemoth sur certains passages. Enfin l'aspect sombre, relevé par la présence de claviers et d'instruments traditionnels, apporte plus de profondeur à la musique de Bouq, délivrant huit titres aussi mortels qu'un coup de hache sur la tête.
«
Berserk – The Grand
Raven » nous lance irrémédiablement dans le bain avec ces riffs black épiques, ces percussions guerrières et le growl rageur de Muhannad.
Pas de répit dans ce titre inspiré de
Conan le Barbare (1982), où l'on peut retrouver une ou deux phrases du film. Libre à nous maintenant de continuer la bataille, à nos risques et périls. Nous pouvons toujours nous aventurer prêt de l'océan et tomber nez à nez avec le gigantesque serpent des mers nordique avec « Jormungander ». La bataille est rude dans ce mélange de black et de death metal, mêlé à des nappes symphoniques signées Waseem Essayyed (
Bilocate). Un petit break mélodique apportera tout de même un peu de douceur même si beaucoup de sang a coulé en quelques minutes. Le final du titre est en tout cas bien trouvé, oppressant et embarqué par le solo du guest Rami Haikal (
Bilocate).
Arrive ensuite le pavé de huit minutes, pris dans une tourmente et un certain côté mystique, «
Heathen » : claviers, choeurs impériaux, aura sombre et douce chaleur. Tambours, cors, cris de guerre, chant féminin planant. Puis le déferlement de riffs, soutenus par ces choeurs et cet aspect symphonique et guerrier omniprésent. Encore une fois, le tout est bien trouvé et surtout prenant, l'embarcation dans la mythologie étant immédiate.
Quoi de mieux que de terminer avec la fin du monde prophétique dans les légendes nordiques ? « Ragnarök » prend donc une touche progressive pour narrer les événements devant se produire. On découvre alors des parties agressives, des parties plus mélodiques, des parties plus lentes ou d'autres centrées sur les ambiances. Dommage toutefois que le final ne soit pas digne de ce nom, car le son est de moins en moins fort jusqu'à ne plus rien entendre lors des dernières secondes. Cela traduirait-il un manque d'inspiration pour conclure un album ?
Bouq a donc de quoi s'imposer, que ce soit en Jordanie ou dans le reste du monde avec son black/death/dark épique efficace et inspiré. Muhanna arrive à nous proposer sa vision des choses en instaurant une ambiance toute particulière tout en produisant et masterisant l'opus dans son propre studio, le
Horned Helmet Studio. Si le black épique européen ne vous fait plus envie, penchez vous sur ce gage de qualité made in Jordan signé Muhannad Bursheh.
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