Liste des groupes Metal Symphonique Emerald Shine Beneath the Stars

Loin des poncifs du metal symphonique à chant féminin, à l'instar de Nightwish, Epica, ou Delain, Emerald Shine évolue, pour sa part, dans un metal folk symphonique où une instrumentation résolument heavy se conjugue habilement aux violons, flûtes et autres harpes empruntés ici au folk. Encore inconnu dans nos contrées, l'octet tchèque originaire de Nový Jičín entend bien faire entendre sa voix au-delà des frontières par trop restrictives de sa terre natale. Motivé par un tel projet, sans pour autant ignorer quelques règles de prudence à observer dans un tel registre, il se serait déjà donné les moyens de ses ambitions. Aussi, inspiré par la nature et un univers empreint de féerie, pas moins de trois années suite à sa création, le jeune combo accouche de son premier bébé à l'instar de cet EP 4 titres répondant au nom de « Beneath the Stars » ; laconique auto-production d'une durée de 17 brèves mais envoûtantes minutes.

Initialisé en 2013 sous l'impulsion de Leena (chant (clair et guttural) et flûte), Marek (guitares), Kamil Rýc (batterie), Radek (basse) et Ritchie (harpe, chant guttural), le groupe s'est enrichi, un an plus tard, des talents de Štěpán Fiala (Secrets Of Separation) à la guitare acoustique, au violon et au chant, complétés, en 2015, de ceux de Ondra (guitare) et Bivoj (violon). De cette fructueuse collaboration émane une grisante œuvre metal folk symphonique aux accents death gothique et progressif, nous faisant penser tour à tour à Apocalyptica, Leaves' Eyes, Midnattsol, Theatre Of Tragedy, Naio Ssaion et Draconian. Calée sur le schéma oratoire de la Belle et la Bête, cette proposition offre de saisissants contrastes atmosphériques, rythmiques et vocaux, une technicité instrumentale éprouvée et un travail de fond opéré sur les sentes mélodiques. Témoignant d'un enregistrement de bon aloi et d'une belle profondeur de champ acoustique, la menue galette aura peu de chances de se dérober sous nos pieds, ou plutôt de se soustraire à nos pavillon alanguis.

Le collectif tchèque surprend par sa faculté à encenser le tympan au regard des magnétiques séries d'accords dont s'abreuvent certaines de leurs compositions parmi les plus toniques. Ainsi, on ne pourra éluder le tubesque « Rainy Night » doté d'une ligne mélodique difficile à prendre en défaut et arc-bouté sur une dynamique rythmique propice à un headbang bien senti. Dans cette tourmente folk symphonique à mi-chemin entre Theatre Of Tragedy et Naio Ssaion, on appréciera tant la finesse des enchaînements entre couplets bien customisés et refrains catchy que l'heureuse juxtaposition entre une flûte gracile et des riffs épais ; galvanisant schéma que vient corroborer un duo en voix de contrastes évoluant à l'unisson. Dans cette dynamique, le jovial « Dance Beneath the Stars » dissémine une énergie aisément communicative, nous installant dans une ambiance à la fois festive et romantique, que l'on ne quittera qu'à regrets.

Quand elle nous invite à la suivre dans ses espaces progressifs, la bande des huit nous dispense d'insoupçonnés effets de surprise. Ainsi, à l'image de l'intrigant et néanmoins invitant « Neverending Fantasy »,. alors qu'on croyait être livré à une ballade romantique, nos acolytes distillent une orchestration se plaisant à monter en puissance pour faire aussitôt redescendre la pression. Multipliant les effets de contrastes, d'une part, un tapping martelant doublé d'une basse vrombissante alternent avec des phases plus apaisantes à la violoneuse assise, dans le sillage conjoint d'Apocalyptica et Midnattsol. D'autre part, les claires inflexions de la belle séduisent, donnant le change à la fois à d'ombrageux growls et à une empreinte masculine en voix claire, nos vocalistes patentés évoluant sur un sillon mélodique d'une précision millimétrée.

Nos huit gladiateurs ont parfois complexifié leur message musical, sans pour autant nous débouter de leurs portées savamment accouchées. L'énigmatique et impétueux « Frozen Empire » en est une illustration. Aux faux airs de Draconian et doté d'une touche orientalisante, le méfait déploie une technicité instrumentale certes sécurisée mais qui nécessitera quelques passages avant de l'apprivoiser. Dans un souci de maintenir l'attention constante, les ondulantes patines oratoires d'un duo mixte bien habité se calent sur un enchanteur cheminement harmonique, contribuant ainsi à nous aspirer au sein de ce champ de turbulences pour ne plus nous relâcher.

Le temps a semble-t-il joué en la faveur du combo tchèque, nos huit compères nous livrant une rondelle à l'indéfectible inspiration et sachant jouer sur l'émotion, et ce, sans s'y réduire exclusivement. Sous-tendue par une solide cohésion instrumentale, des joutes oratoires judicieusement négociées, et une production d'ensemble ne souffrant que de rares irrégularités, cette galette se parcourt d'un seul tenant. D'autre part, si l'empreinte de leurs sources d'influence ne saurait se faire oublier, nos acolytes révèlent toutefois une réelle capacité à générer des suites d'accords et une mélodicité qui leur sont propres. Louable effort pour un introductif essai. Pour compléter l'offre, on aurait souhaité une palette élargie d'exercices de style, par l'octroi d'une ballade, d'une fresque et/ou d'un instrumental, par exemple. Peut-être à l'aune d'un album full length ? Bref, une formation avec laquelle il faudra désormais compter...