Caelestia fait partie de ces groupes au parcours atypique, dont les premiers balbutiements ne laissaient en rien présager une évolution aussi étrange que soudaine. Formé en
2012 sous l'impulsion du chanteur/bassiste Nickos Palivos et de la chanteuse Dimitra Vintsou, le groupe grec se nommait Me
And Myself et officiait dans un metal alternatif gothique. Le premier album "Last
Wish", sorti chez IKK Productions", faisait ressortir des influences allant d'
Evanescence à
Lacuna Coil. 2013 fut l'année du changement puisque c'est après beaucoup de mouvements dans le line-up que la bande décida de choisir le nom de "Caelestia" et d'adopter un nouveau style musical.
Fini l'alternatif, Caelestia, c'est du death mélodique symphonique teinté principalement de prog, de thrash et de black. Rien que ça. Les Grecs sont très influencés par les maîtres Septic
Flesh et
Rotting Christ, ou encore
Moonspell ou
Dimmu Borgir pour ne citer qu'eux. Ils mettent en avant un certain côté cinématographique, théâtral, dramatique et grandiloquent que les groupes sus-cités savent maîtriser. Fresques symphoniques, moments plaintifs, passages épiques, choeurs et dialogues en latin, voici en partie les ingrédients du second album "
Beneath Abyss", sorti chez Inverse Records, mixé par Michalis Meleteas aux
Basement Studios, masterisé par Tony Lindgren des Fascination Street Studios (
Arch Enemy,
Orphaned Land,
Soilwork...), et dessiné par le fameux
Seth Siro
Anton (Septic
Flesh,
Draconian,
Paradise Lost...).
Comme on peut le constater, Caelestia a décidé de voir les choses en grand en collaborant avec de grands noms. Des musiciens sont aussi à l'honneur sur cet album, comme Bjorn "Speed"
Strid de
Soilwork sur le titre "Blessing of
Tragedy", déposant son phrasé particulier sur une rythmique typiquement mélodeath suédoise, le sympho et le chant féminin en plus. On retrouve aussi le batteur Markus Freiwald de Sodom sur "Secret
Rite", qui apporte beaucoup de punch à un titre qui aurait pu être plus mou et linéaire, ou encore le chanteur/guitariste Andrew Geo qui envoie la paté sur le très grandiloquent et puissant "
Beneath Abyss".
Il ne faut toutefois pas croire que Caelestia se cache derrière une myriade de personnalités du metal. Le groupe est plein d'énergie et d'efficacité, délivrant des titres à l'atmosphère antique, quelque part dans la mythologie gréco-romaine. Les orchestrations, bien que froides et synthétiques, se mélangent bien au metal extrême du quintet grec, qui ne se contente pas du schéma classique couplets/refrains etc. Il diversifie les passages, fait progresser sa musique, va de l'avant et nous propose quelque chose qui nous raconte une histoire. Les chants sont variés mais principalement menés par la chanteuse Dimitra et le growler Nickos, comme en témoignent "
Gate of Shadows" ou "
Lake of
Decay". L'union est belle mais manque un peu de force et de hargne, ce qui aurait été plus cohérent au sein de ce metal lourd et ténébreux.
Les accélérations sont de la partie, comme sur "Mi Ultima Vida", qui ne se contente pas de quelques riffs placés ici et là. La variété est de mise, ainsi que les alternances de passages, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Le titre éponyme n'est pas mal non plus avec sa rythmique dynamique, ses orchestrations pompeuses et son chant féminin lyrique qui pourrait faire penser à une prière, proche d'un
Rise Of Avernus en plus bourrin. Sans oublier le titre d'ouverture "
Malleus Maleficarum" qui ne fait pas de cadeaux et qui représente bien à lui tout seul le style de Caelestia, avec toutes ses influences allant du thrash au death sympho lyrique à la
Epica.
Ce "
Beneath Abyss" est le type d'album que les amateurs de lyrisme, d'ambiances et de mélodies devraient aimer. Les parties les plus brutales ne sont pas les plus nombreuses et laissent rapidement place à un romantisme noir et parfois macabre. Caelestia a beaucoup de potentiel malgré quelques linéarités et des influences trop évidentes. Au bout de deux albums, il est temps de voler de ses propres ailes, mais le quintet ne devrait pas avoir trop de mal tant la qualité est au rendez-vous. A suivre, donc.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire