Soyons clairs et précis avant d’aller plus loin : si les « derniers » AC/DC ne vous font depuis 20 ans plus remuer qu’une mèche de cheveux façon « L’Oréal », ou taper vaguement de l’orteil ; si vous n’avez plus eu, depuis la reprise de «
Hush» par
Gotthard, l’envie irrépressible d’avaler votre pinte cul sec pour aller sauter avec les djeun’s sur le
Dancefloor; si vous êtes nostalgique de la période bien crasse d’Almighty durant laquelle Rick Warwick était en guerre contre sa salle de bains, mais nous pondait des riffs et des refrains à se taper le cul par terre comme « Free’N’Easy »; bref, si vous cherchez du Gros-Binaire-Speedé-Mais-Mélodique-Qui-Tâche, du Rock avec un grand R, ce skeud est pour vous.
«
Below the Belt», donc : sous la ceinture… Ce disque porte bien son nom : attention, âmes chastes, prudes et sensibles, fuyez ! Ici, ça transpire la sueur et le sexe. La cover donne d’ailleurs le ton : nous pouvons y admirer le sieur Danko dans le fauteuil d’Emmanuelle ! [Pour les plus jeunes, Emmanuelle est un film érotique foireux de 1973 que les ados boutonneux des '80s tentaient de regarder sur M6 à 22h40 quand Môman était couchée, ce qui leur permettait d’enchaîner sur
Metal Express de Florian Gazan]. Mais ce n’est pas tout ! Danko, sur son trône en osier, pose aux côtés d’un lion (????), et de… Riley Steele (à ne pas confondre avec Steve Riley), actrice porno apparemment connue aux states (trop dur les recherches pour la chronique, j’avoue.)
J’aimerais avoir fait des études de philo pour pouvoir déceler toutes les subtilités qui doivent se cacher sous cette trilogie improbable « Fauteuil +
Lion + Riley en string », mais je n’ai réussi qu’à en comprendre l’essentiel : ça va chier.
Et effectivement, l’album démarre sur les chapeaux de roue avec «I Think Bad Thoughts», up-tempo au refrain entêtant, sur lequel Danko avoue, coquin qu’il est, avoir l’envie irrésistible de nous piquer du cash et en plus, d'honorer nos compagnes à l’arrière de sa Limousine. Voyou ! Ce n’est que le début, car on aura droit à tous les clichés sexuels, y compris à l’hilarant Magic
Snake narrant les mésaventures d’un malheureux bad boy en panne : son serpent Magique refuse de mordre ce soir !
Oui, les lyrics sont dignes, au choix, des textes les plus inspirés, et certainement bien arrosés, de Bon Scott ou de
Gene Simmons, ou encore des subtils dialogues des Sous-doués… Fort heureusement, le disque ne sera pas adapté à l’écran par Max Pecas ; apprécions donc la musique, qui elle, reste excellente.
En effet, contrairement à leur copain, Danko et ses sbires ne faiblissent pas après les préliminaires, et continuent d’envoyer la purée pendant sept morceaux monstrueux. Rythmiques plombées (Magic snake), basse mid-tempo à la Peter Baltes (Tonight Is
Fine), lignes de chant ultra mélodiques (Had Enough), tout est réuni pour un joyeux cocktail
Hard Rock mêlant les meilleures influences, à savoir principalement AC/DC, Accept, Motörhead,
Kiss et même
Thin Lizzy pour le phrasé à la Lynott de Danko. La grande classe.
L’apogée de l’album, je n’oserais parler d’éjaculation, est le fabuleux «
Full of Regret », premier single de l’album, sorti en clip, sur lequel Danko se paye le luxe de faire tourner Lemmy, Elijah Wood et Selma Blair dans un vrai petit film façon Tarantino. Le casting du second clip, "Had Enough", est encore plus énorme, puisque la guest-star n’est autre que Karaté-Kid, le vrai, celui de 1984 ! Cet album est un véritable hommage à la génération Breakfast Club. Ce mec est taré, donc génial. Alléluia !
Tout le monde a ses limites, et il faut avouer une légère baisse de régime à partir de "
Sore Loser". Ne soyons pas trop méchants car les morceaux sont quand même de très bonne facture, notamment l’énergique «I Wanna Break Up With You». «Like
Dynamite» est le seul maillon faible de l’album, tant au niveau musique que lyrics. «'Cos when we make love, it’s like dynamite»… Quelle inspiration ! Même si c’est du second degré avoué, quitte à faire exploser de la dynamite, je préfère me faire un flashback en 1982 et réécouter
Scorpions.
Allez Danko, une petite pastille bleue pour les bonus ! Les deux titres sont bien sympathiques, particulièrement «Rock N Roll Proletariat», mais n’atteignent pas toutefois le niveau olympique joué sur la majeure partie de l’album. On n’en voudra pas à notre ami qui peut définitivement postuler pour remplacer Rocco dans l’écurie Marc Dorcel. Le contrat est rempli, on en a pris plein les oreilles, et on en redemande. Encore Danko encooooorrree !!!!!!
Ah qu’est-ce que c’est bon d’entendre un disque de cette trempe, qui vous prend par les roubignolles, et ne relâche sa pression qu’une fois le dernier morceau achevé! Car dans le petit monde du
Metal, la double grosse caisse est maintenant de mise un peu trop souvent à mon goût, les lignes de chant de nombreux groupes manquent parfois cruellement de feeling, les concerts deviennent de plus en plus professionnels grâce aux musiciens tout droit sortis du GIT, et il est parfois bon de se rappeler que le Rock, il n’y a pas si longtemps, était joué par des amateurs patchés, dans des bars de banlieue, que ces mecs faisaient parfois des pains, que le batteur jouait comme
Phil Rudd, que le chanteur était souvent faux, le solo pas complètement dans la gamme mais qu’on s’en foutait car il y avait cette putain d’énergie qui emportait tout sur son passage. Alors, même si
Danko Jones n’est pas
Vince Neil, et qu’il chante juste, merci à lui pour ce très bon moment.
Je vais me tenter la chro prochainement si personne ne s'en empare entre temps. J'ai écouté 3 fois "Born a Lion" et ça a l'air pas mal aussi. Après c'est toujours le même "problème"; ayant découvert Danko avec "Sleep", je n'arrive pas retrouver la même petite étincelle. Je compte néanmoins m'acheter l'intégrale du bonhomme petit à petit.
Et qui sait, peut être que je viendrais te tenir compagnie en octobre...
Merci pour la découverte et pour cette chro bien poilues des pattes (en fait je voulais dire des cou.Biiiip!)
Excellent album en effet que je viens de me repasser ce matin pour la énième fois. Et je suis d'accord avec vous, "Sleep is the Enemy" reste le meilleur DJ pour l'instant à mes oreilles aussi.
Et le "concert d'octobre" (2012) j'y étais aussi du coup, très bonne soirée même si on n'a pas réussi à se croiser Zaz ;)
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