« - Tiens par hasard, tu as réussi à écouter le nouvel album d’Immulation ? Paraît qu’il est terrable !!
-Non mais hier j’ai acheté le dernier Gorgats et baamm, cloque monstrueuse … »
Blague à part, quand j’ai vu apparaître dans la liste des sorties annuelles de
Memento Mori ce
Beliefs of Dead Stargazers and Soothsayers, 1er album de Pustilence, ça m’a semblé quelque peu cocasse. Mais connaissant le sérieux de la crèmerie de Raul, il fallait donc dissiper tout malentendu et écouter avec attention ce premier méfait.
Fondé en 2018 à Brisbane (Australie) autour de Sean Matulich (basse),
Earl (batterie, claviers), Taylor Burnett (growl, guitare), Pustilence sort son premier EP
The Birth of the Beginning Before the Inception of the End (sacré titre) en 2020. Rejoint par Anthony Auxenbridge (guitare lead), voici ce quatuor prêt à répandre leur « unfection » sur la planète death metal.
Le premier titre, Instruments of Intemperance, synthétise ce que sera l’album en globalité. Lâchant ici une musique agressive, technique, légèrement chaotique tout en se parant d’un parfum old-school, Pustilence fournit l’impression tangible de surprendre et de convaincre l’auditeur. Les multiples variations rythmiques et l’amoncellement de riffs rendent le titre un peu difficile à cerner de prime abord mais, une fois bien dedans, la qualité est présente.
Qualité d’interprétation d’abord avec une section rythmique en béton armé, un growl glaireux et profond bien articulé et des soli déjantés, nos Aussies affirment une aisance et une cohésion qui se montrent séduisantes. La redoutable doublette Profond Assiduity-Concupiscence aguiche l’oreille avec des enluminures faites de ralentissements, de cris aigus, de rythmiques syncopées, tout en conservant une homogénéité solide.
Old-school dans l’âme mais sans rechigner à amener à leur death metal un peu de modernité, ce qui se ressent naturellement dans la production soignée.
Cette volonté de sortir un peu des carcans du genre se ressent aussi dans le choix atypique de la pochette, qui n’est pas sans rappeler celle ornant le None So
Vile de
Cryptopsy (tableau d’Elisabetta Sirani). L’album s’articule aussi autour de 3 chapitres (luxure, cognition et victoire), propice ici à des thématiques mêlant barbarie, gore, occultisme et symbolique guerrière.
Alternant morceaux assez longs (Outwith The Plains of
Ultimatum et ses 5mn25 de bonheur brutal, dont un solo de basse en fin de piste) et courts (Pishogue Thaumaturge et ses 3mn32 plutôt intenses), Pustilence ne ménage pas ses efforts dans l’écriture de morceaux tortueux et torturés. Une initiative louable car les écoutes s’enchaînent pour saisir les nombreuses subtilités.
Couvrant le spectre du genre dans sa largeur, nos briscards tentent même une incartade slam réussie sur la massive Demiurge Divertissement. Petite ombre au tableau, la présence de 3 interludes instrumentaux, dont Illiad to The
Contorted Apprehension et ses 2mn31 poussives et l’outro
Testament of Dissaray, à l’intérêt limité. L’idée d’une respiration entre les morceaux est mieux maîtrisée avec plus tard avec An
Ode to
The Eyes that Are Yellow, finement inquiétante.
Je me dois de l’admettre, les croyances de ces chers astronomes et devins défunts n’étaient pas erronées. Malgré son nom qui prêtre à sourire, Pustilence propose un premier album vraiment convaincant, qui trouvera sa place dans les sorties à ne pas louper en 2023, millésime pour l'instant de bel acabit en matière de Death
Metal.
Hurns op !!! (bon ça va on a compris)
Super premier album, merci pour le papier.
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