Durant ces vingt dernières années, le Rock formaté des groupes à forte audience a laissé peu d'espace créatif aux nouveaux talents. C'est dans ce contexte qu'a émergé
The Black Crowes, gagnant une imense popularité dès ses débuts. La musique des frères Robinson se démarque par une variété d'influences exceptionnellement large: du Folk au
Hard en passant par un Southern Rock dépouillé de l'imagerie Redneck qui répugne aux bien-pensants des inquisitions artistiques, une reprise de Bob Marley par ici, du Velvet Underground par là et surtout la reconnaissance ultime au travers d'une intense collaboration avec Jimmy Page.
La formation brièvement présentée, penchons nous sur l'objet en question. Before
The Frost... est un album au package magnifique, son CD noir est un Fac-similé de Vinyle édité par
Silver Arrow, label indépendant créé pour les besoins du groupe.
Pas radine, la maison régale avec un sticker souvenir du meilleur effet. Les onze premières plages correspondent à Before
The Frost ... et les suivantes sont dévolues à ... Until The Freeze. Je ne chroniquerais pas cette brillante deuxième partie, issue des mêmes sessions, offerte gracieusement aux acheteurs au moyen d'un code de téléchargement fourni avec l'album. Certes, c'est un cadeau mais je resterai traditionnel en me cantonnant à la musique sur support physique. A titre d' information, je note que ceux qui ont chroniqué Death Magnetic n'ont pas davantage décortiqué Mission
Metallica (pas cadeau celui là!).
L'enregistrement s'est déroulé au Levon Helm Studio de Woodstock, dans l'Etat de New-York devant un comité restreint de fans. Cinq soirées ont suffit au producteur Paul Stacey pour obtenir un rendu sonore optimal. L'énergie des musiciens, parfaitement valorisée, est magnifiée par une rythmique impeccable. Steve Gorman, frappeur historique du combo géorgien est à la fête tout au long de cet opus.
Oubliés les heurts entre Chris et Rich conduisant au split des années 2000, les Crowes sont revenus sur le sentier de la guerre avec
Warpaint, fort d'une unité nouvelle. Le plaisir est au rendez-vous dès l'énergique Good
Morning Captain et ses duels piano-guitares plein de promesses. Tout ce qui a fait la gloire du groupe dans le passé se retrouve dans ce disque aux atmosphères O combien variées. La mélancolie d'un Appalöosa, profondément roots, appuyée par une pedal-steel aérienne pose les jalons pour l'écoute d'un What Is
Home? dont les lyrics évoquent la quête des racines sur fond de ballade hippie. Encore une fois, Chris Robinson se surpasse par la multiplicité des émotions que son chant parvient à véhiculer.
Ces ballades imparables se succèdent, entrecoupées de titres foncièrement différents. Je signale encore celle qui conclue l'album: The Last Place
That Loves
Lives, ritournelle Country qui hantera le coeur du biker le plus endurci. Ce bijou, ponctuée par une superbe intervention de l'invité Larry Campbell au banjo, restera dans les annales du genre.
Et le Rock dans tout ça? Il est présent comme jamais bien que parfois assez posé comme sur A Train Still Makes A
Lonely Sound.
And The Band Played On... surprendra les plus habitués avec son rythme basique et ses choeurs Pop sixties, une réussite. On est en plein tour d'horizon de ce qui a constitué la musique américaine durant ces années et les suivantes. Les Black Crowes étalent leur science sans jamais déborder et tiennent l'auditeur en haleine. Sur Make Glad, Sven Pipien se paie une partie de basse des plus Funky derrière laquelle les guitares décollent le papier peint, du très très lourd!
Mieux encore le pêchu Been A Long Time (Waiting On Love), ou un Chris Robinson gouailleur évoque un Mick Jagger en grande forme, s'achève dans un final délirant nourri d'harmonica, d'orgue Hammond et autres soli. Une composition curieuse mais toujours splendide que ce I Ain't Hiding, improbable croisement de
Lynyrd Skynyrd, Jamiroquai et des premiers Rod Stewart appuyé par un Rich Robinson à l'agilité démoniaque. Les paroles rappellent la jeunesse des Rock Stars, leurs abus en un temps où la bande faillit se brûler les ailes sur la voie du succès.
A l'écoute d'un tel récital, le chroniqueur ne peut que souhaiter longue vie au combo d'Atlanta et le considérer comme un des derniers grands groupes de Rock, au sens large que ce mot a acquis au fil du temps. Parmi les plus grands, les Black Crowes restent une formation ménageant une place privilégiée à son public, devançant ses attentes par une démarche artistique des plus généreuses. Before
The Frost... est tout simplement la quintessence de ce qu'un groupe arrivé à sa totale maturité peut offrir,
Live, tout en feeling sudiste et rural.
Merci pour la chronique !
Excellente chro pour un album juste magnifique, merci Choa!
Voilà à mon sens le disque que le groupe aurait du sortir après "Three Snakes and One Charm" pour rester au sommet du rock n roll. Cependant, mieux vaut tard que jamais.
Je ne vais pas noter ce disque trop vite, ni m'enflammer plus que de raison sans recul, car je ne l'écoute que depuis une quinzaine de jours, mais je pense vraiment que l'on atteind ici des hauteurs dignes de l'Everest.
Ok je m'enflamme :-)
Pas fan en revanche du délire consistant à télécharger le 2eme album en format digital via le site du groupe. A coup sur, je ne vais quasiment jamais l'écouter et ce sera bien dommage s'il est du même niveau (et oui je ne l'ai toujours pas téléchargé, ça me gonfle cette histoire je vous dis).
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