Beauté Païenne

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
14/20
Nom du groupe Abinaya
Nom de l'album Beauté Païenne
Type Album
Date de parution 19 Avril 2014
Labels Brennus Music
Enregistré à Damage Studios
Style MusicalMetal
Membres possèdant cet album11

Tracklist

1.
 Beauté Païenne
 07:59
2.
 Arawaks
 03:30
3.
 Haine
 05:06
4.
 L'Épitaphe
 06:08
5.
 Nord - Sud
 04:54
6.
 Le Noir Soleil
 06:14
7.
 Aimées
 06:18
8.
 Le Nouvel Insurgé (à Jules Vallès)
 04:48

Durée totale : 44:57

Acheter cet album

 $12.13  €7,73  €5,98  £6.97  buy  €11,98  €7,77
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Abinaya


Chronique @ HeadCrush

17 Avril 2014

Cet album exprime avec conviction une colère rendue belle et juste, au travers de textes poétiques.

Nous sommes en 2009 lorsque je croise Igor (chant), Nicolas (percussion, danse) et André (basse). Ils me demandaient alors si je connaissais leur groupe Abinaya. Non, je ne connaissais pas et à la question « quel genre de musique jouez-vous ? » Igor m’a répondu en me tendant Corps leur précédent méfait « du Metal tribal, tu verras ».

Corps était un disque étrange traversé de compositions fortes comme Enfant d’Orient ou encore Les chars de police chargées d’émotions, mais ce qui m’a le plus frappé sur ce disque, ce sont les textes emprunts de poésie non pas, grâce ou à cause de rimes plus ou moins cohérentes mais bien parce qu’ils contenaient une émotion rarement ressentie.
Là où certains rendent hommage à un pair musical, ces mecs rendaient alors hommage à Beaudelaire et ceux qui auront écouté, et non pas entendu leur version des Amants sauront à quoi je réfère.

Beauté Païenne arrive près de cinq ans après. Abinaya a parcouru du chemin au sens propre comme au figuré, la croisée de ces deux chemins, celui de leur expérience humaine et celui des très nombreux concerts donnés ces dernières années auront construit et défini, le contenu de cet album qui, sans renier le chemin parcouru avec Corps, marque une évolution profonde sur bien des points.

Abinaya a su se forger une identité unique avec leur son compact basé sur des Riffs tranchants auxquels se mêlent les percussions de Nico tantôt en support de la batterie de Dumbo tantôt dynamitant la structure de certains titres avec, pour couronner le tout, le jeu de basse d’Andréas véritable ciment de ce tout.
Si Corps de par ce son manquait un peu de puissance au niveau de la production, le chant d’Igor aurait sans doute pu être plus mordant sur certains titres, son jeu de guitare aurait lui aussi, pu être un peu moins linéaire,et les percussions sans doute mieux mises en avant.
Avec ce Beauté Païenne, ces éléments ont radicalement changé. La production et le mixage de cet album ont su créer un véritable mur du son, le chant d’Igor empreint de colère atteint une intensité nécessaire (sur scène Igor pousse des cris venant du fond des tripes) pour soutenir des textes d’une écriture irréprochable, à son jeu de guitare s'est enrichi,quand aux percussions, elle sont là et bien là.

Il y a un point commun avec le précédent album Corps, le titre Beauté Païenne ouvrant l’album de façon fracassante à l’instar de Corps (le titre) sur le précédent album, tellement, qu’il faudra quelques écoutes pour se rendre compte que les autres titres ne sont pas moins bons, juste, moins explosifs.
Beauté Païenne est le single absolu si par single on entend un extrait représentatif de ce qu’est un groupe ou son disque, et il ne fait qu’ouvrir l’album.

La force du titre d’ouverture va en scotcher plus d’un mais ceux qui viennent après vous permettront d’entrer dans l’univers de ces mecs. Que ce soit lorsqu’ils vous parlent de la première peuplade d’Amérique dévastée par les conquistadors (Arawacks) de l’intolérance qui a pris le pas sur toute forme de respect au sein de notre société faisant de tout individu ne ressemblant pas autres, un suspect (La haine), qu’ils en viennent à décrire une révolte avec leurs mots (Nord-Sud) ou rendre hommage (Le nouvel insurgé), ces titres ne vous laisserons pas indifférents.
Avec un groupe doté d’une aussi forte personnalité, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de diversité surtout, lorsqu’un sentiment fort et partagé a guidé la composition d’un album aussi, de prime abord, ce Beauté Païenne pourra sembler compact limite, rouleau compresseur et c’est vrai que pas une composition ne laisse vraiment le temps de respirer. C’est un choix sans douté assumé, certains aimeront et d’autres pas, pour ma part, je ne me lasse pas de l’intensité qui émane de chacun des titres pour autant, je vous invite à forger votre propre opinion.

Abinaya en l’espace de quelques années est parvenu sans vraiment je pense, le vouloir à créer quelque chose de différent dans la sphère Metal Française, l’alliance de percussions et de Riffs en acier enrobé par des textes d’un niveau d’écriture aussi beau qu’intense, les place dans une case à part. Ils font partie de ces groupes qu’il faut aller voir sur scène pour accéder à un niveau différent de compréhension d’un album.
Cerise sur le gâteau, si souvent Metal Tribal est associé à des groupes étrangers, Abinaya n’a pas à rougir de la comparaison, à force de travail ils ont su produire cet album dont la démarche me semble unique en France. Pourvu qu’ils ne changent pas.

1 Commentaire

4 J'aime

Partager
LeLoupArctique - 17 Avril 2014: Tu vends très bien le produit, ça a l'air super cet album. Merci pour la découverte ! (même si j'avais déjà entendu ce nom quelque part ...)
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Chronique @ LeLoupArctique

23 Novembre 2014

Un monde fait de riffs secs, de mélodies virevoltantes, d’ambiances orientales et de chant torturé

La volonté de tout classer de certains, associée à l’élargissement du monde metal, a donné lieu à l’apparition de dizaines d’étiquettes plus ou moins ésotériques pour qualifier les nouvelles mouvances. Vous avez certainement déjà entendu parler du “Love Metal” de HIM, ou du “Pirate Metal” d’Alestorm, mais connaissez-vous le “Metal Tribal” ? Abinaya est probablement l’un des pionniers en France de cette mouvance, jouant un Heavy Metal lourd, parfois Thrash, accompagné de rythmiques tribales et parfois de mélodies orientales. Le quatuor se tourne vers l’Asie d’une manière générale, mais s’il y a un pays dont l’influence est dominante c’est bien l’Inde. Le nom du groupe signifie d’ailleurs “Transmettre” en Sanskrit, l’ancienne langue de l’Inde. Le combo garde néanmoins une attache (et pas des moindres) à la mère patrie : le chant en français.

En effet, depuis leur premier opus, intitulé “Corps” et sorti en 2009, Abinaya a choisi sa langue natale pour s’exprimer. C’est un choix courageux, car la langue française aura plus de mal évidemment à accrocher un public non-francophone, mais cette décision prend tout son sens lorsqu’on entend le chant d’Igor. Les paroles, très soignées et finement écrites, accordées au phrasé particulier de M.Achard font tout le charme de la formation. Remarquons aussi que le line-up d’Abinaya comprend désormais un percussionniste en plus du batteur, et là aussi ce détail prend toute son importance lors de l’écoute. Cela créé une section rythmique particulièrement riche et dense, qui apporte un vrai plus aux morceaux. Anecdote plutôt surprenante : le batteur, Nicolas Vieilhomme, est non-voyant, ce qui le rend encore plus méritant, surtout lorsqu’on écoute les parties de batterie dont il se fend.

Dès le premier titre, éponyme, on entre de plein pied dans le monde d’Abinaya, un monde fait de riffs secs et lourds, de mélodies virevoltantes, d’ambiances orientales et de chant torturé. Il y a vraiment de quoi être impressionné avec ce début d’album : les percussions et les sonorités orientales offrent un exotisme étrange et rafraîchissant, qui garanti au groupe une originalité certaine. Le refrain de ce Beauté Païenne est particulièrement réussi et entraînant, ce qui, avec un judicieux solo de guitare, permet au morceau de rester intéressant tout au long de ses huit minutes.

Abinaya ne retente pas l’exercice de morceaux longs, mais ne perd toutefois pas en qualité ni en richesse sur la suite de l’opus, qui se révèle très dense au fil des écoutes. Haine propose (comme par hasard) une musique plus véloce et agressive, avec des riffs graves et un chant particulièrement convaincu et convainquant. Le refrain, mélodieux et original, dévoile même des cris guerriers pour un côté plus épique. Deux titres jouent dans un registre plus calme (de manière générale bien sûr) où le chant prend plus d’importance : Almées et Noir Soleil. Sur les deux la voix singulière d’Igor Achard se fait remarquer, décrivant tantôt une scène de désolation, tantôt ses questionnements intérieurs. Ces morceaux plus doux ont aussi l’avantage de mieux faire ressortir les percussions, parfois laissées un peu en arrière.

Le Nouvel Insurgé (à Jules Vallès) se fait plus incisif, presque violent, avec des riffs tranchants et une batterie dévastatrice qui contribuent grandement à l’efficacité du titre. Ici on est vraiment dans un domaine plus sérieux, et les textes sont beaucoup plus revendicatifs, tel Jules Vallès se révoltant contre la bourgeoisie : “Hier le mur sanglant du Père-Lachaise / et là, la traque des mêmes boucs émissaires / Les dieux, la bouffe, les codes vestimentaires / Ont remplacé la peur du prolétaire”. Outre cette dimension légèrement plus extrême de la musique d’Abinaya, ce morceau de clôture se révèle un peu moins intéressant que le reste sur un plan purement musical, la faute certainement au côté tribal moins présent, qui est pourtant la force du combo. Un dernier titre que j’aimerais évoquer, tant il m’a touché personnellement est L’Epitaphe. L’ambiance se fait plus mélancolique, malgré une vélocité encore présente et une lourdeur constante. Les textes sont toujours aussi fins et bien trouvés, voyez plutôt : “Les lettres sur les tombes, m’apparurent tout d’abord sibyllines / Puis, nettes et bien claires, gravées par des mains féminines”. Igor fait de plus ressentir son désespoir lors de screams judicieusement placés et jubilatoires.

La première prouesse que réalise Abinaya est de proposer une musique vraiment originale et audacieuse avec une identité propre ; la seconde est de parvenir à l’interpréter de la meilleure manière possible pour la rendre attrayante. Créer un album cohérent avec des compositions percutantes était alors loin d’être évident, mais le défi est remporté avec brio. Cela doit certainement beaucoup aux parties vocales d’Igor, interprétant des textes très travaillés avec une conviction impressionnante. Il prend même le parti de passer à l’anglais à deux reprises, avec une justesse incroyable (Nord-Sud et Noir Soleil). Intégrer un percussionniste à la formation n’était pas facile non plus, mais Abinaya réussit à lui donner autant d’importance que les autres instruments (ce que Korpiklaani n’avait pas réussi à faire par exemple). On regrettera seulement des guitares qui ne servent trop souvent qu’aux riffs, hormis le temps de quelques soli ; on aurait ainsi aimé les entendre pour plus de mélodie.

Abinaya se place assurément en OVNI par rapport à la scène metal française, et même à la scène metal tout court. Des similitudes peuvent être évoquées, notamment avec Roots de Sepultura ou encore l’œuvre d’Orphaned Land, mais les ressemblances restent vagues. Voici un groupe original qui pourrait bien créer la sensation !

0 Commentaire

1 J'aime

Partager
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Autres productions de Abinaya