J’ai décrit en long et en large dans ces colonnes ma passion quasiment sans bornes pour
Judas Priest. En m’intéressant au parcours solo de ses membres durant la traversée du désert du groupe (1990-1997), j’ai retrouvé «
Baptizm of Fire », premier album solo de
Glenn Tipton sorti assez astucieusement en... 1997 !
Désireux de continuer à vivre de sa passion et à réaliser encore quelques disques, Tipton décide de s’entourer de musiciens de premier plan, comme les bassistes Robert Trujillo,
Billy Sheehan et CJ de Villar, les batteurs Brooks Wackerman,
Cozy Powell et
Shannon Larkin, et quelques amis de luxe : John Entwistle, bassiste de The Who, ou Whitfield Crane, chanteur de
Ugly Kid Joe. Non seulement Tipton assure toutes les parties de guitares du disque mais prend aussi à sa charge le chant, exercice où il est à vrai dire totalement novice.
Avec sa belle pochette représentant un oiseau (phénix ?) enflammé, «
Baptizm of Fire » débute par un mid tempo assez lourd et poisseux, « Hardcore », où la voix assez cassée et faiblarde du guitariste surprend. Tipton réalise ensuite un joli coup en reprenant l’excellent «
Paint It Black » des Rolling Stones » en version plus heavy metal. Dans un registre plus personnel, Tipton fait preuve d’une belle qualité de composition avec «
Enter the Storm », morceau en demi-teinte, sinueux et ténébreux mais des plus réussis.
Si on retrouve les tempo rapides et les gros riffs à la
Judas Priest sur « Feel Me up », au demeurant de structure et de réalisation assez faibles, le vieux guitariste semble plus particulièrement à la peine sur le longuet «
Extinct », dont les parties chantées mélodiques tombent assez à plat.
Par ailleurs, on passera sans sourciller sur le laborieux « Cruise Control », mou et laborieux pour dresser à nouveau une oreille plus intéressée sur «
Kill or Be Killed », nouveau brulot heavy metal aux riffs d’acier sans concession dans le plus pur esprit d’un
Judas Priest puissant et dominateur. De plus, un bon instrumental riche puissant, «
Baptizm of Fire », rappelle à tous le talent exceptionnel de Tipton, et ce, avant « The Healer », mid tempo chargé aux légères et originales influences orientales. Sinon, la fin de l’album est abordée avec « Voodoo Brother » aux guitares hurlantes et aux refrains assez sympathiques, avant une ballade conclusive acoustique, « Left for
Dead », qui aurait pu sans doute être formidable avec un chanteur plus talentueux.
En conclusion, difficile de se faire un avis bien tranché de ce «
Baptizm of Fire ».
On sent ici, bien entendu, la patte de Tipton, dans les parties de guitares souvent excellentes, avec ce mélange de puissance brute, de classe étincelante et ce feeling mélodique responsable en grande partie du succès de
Judas Priest au fil des âges. Mais et il y a un gros mais…. Tipton se montre horriblement limité en chant. Ses limites, cette voix faible et étouffée, nuisent terriblement à l’impact du disque et font sonner des titres excitants et bien construits de manière tout à fait médiocre.
On peut donc saluer le désir de Tipton de se lancer dans cet exercice périlleux qui ne fait que confirmer que cet excellent guitariste (sans nul doute mon préféré) n’est jamais meilleur que quand il peut trouver un chanteur de fort calibre capable de faire entrer en résonance la musique produite.
«
Baptizm of Fire » n’est donc qu’un petit plaisir égoïste, qu’un album de heavy metal, moyen, anecdotique, qui ne peut attirer vers lui que les fans de
Judas Priest, désireux comme moi d’accorder leur attention et leur sympathie à un personnage tout à fait vénérable.
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