Avoir de l'esprit et jouer avec les mots comme Cyrano de
Bergerac n'est pas donné à tout le monde, surtout lorsque le meilleur trait d'humour se veut par essence assez subtil. Et l'on peut dire que même si le groupe américain
Steel Panther s'adonne volontiers à l'exercice de style de faire rire les gens avec conviction, il est vraiment difficile d'adhérer à la lourdeur de l'humour made in USA dont ils usent et abusent constamment. Bon, il faut avouer que le genre pratiqué par les californiens se prête extrêmement bien à l'autodérision et à la parodie, puisque le glam metal est « ridicule » autant visuellement que dans l'attitude adoptée par les groupes. Non, sans rire, qui voudrait porter aujourd'hui un moule-burnes à paillettes, après être passé chez Jacques Dessange se faire une permanente à la
Dee Snider et passer son temps à se poudrer le nez en attendant que son vernis à ongles l'Oréal (parce-que ça craint bien !) sèche après application ?
Connaissant
Steel Panther depuis des années, et ayant sauté l'épisode ‘
Feel the Steel' (2009), j'ai immédiatement sauté sur l'occasion lorsque l'on m'a proposé de chroniquer ce disque, car je souhaitais voir si la formation originaire de la « Cité des Anges » avait évoluée depuis ‘
Hole Patrol' (2003) [NdMA : le combo avait sorti ce disque sous le patronyme ‘
Metal Shop']. Et quelle ne fût pas ma surprise de voir que…rien n'avait changé, sauf peut-être la façon dont sonne leur musique. Naguère assez brute, la production est aujourd'hui plus léchée, moins authentique. Néanmoins, cela ne modifie en rien la puissance de leurs chansons, toujours aussi dynamiques et fringantes.
Toutefois, il est clair que l'artwork de la pochette (une photo en contre-plongée représentant une femme en maillot de bain assez déshabillé et tenant entre les jambes une paire de boules métalliques) est d'un très mauvais goût. Sans être véritablement choqué, je pense qu'il aurait été plus judicieux pour le quartet d'adopter une démarche moins provocante, plus délicate et plus soft, comme il l'avait fait sur la couverture de sa précédente réalisation.
Mais, arrêtons d'analyser le visuel du groupe pour se concentrer exclusivement sur l'album en lui-même. Musicalement,
Steel Panther est toujours aussi doué pour nous pondre des titres directs et divertissants, comme ce « It
Won't
Suck Itself » lubrique ou ce trio infernal représenté par « Supersonic
Sex Machine », « Tomorrow
Night » et « I Like Drugs », qui nous démontre à quel point le groupe est nostalgique de la période dorée du hair metal à bigoudis. Bien d'autres compos sur cet opus sont aussi couillus et donnent vraiment la chair de poule, à l'instar de «
17 Girls in a Row » et « Critter », qui sont deux très beaux hommages aux légendes encore vivantes que sont
Cinderella,
Warrant,
Poison ou Mötley Crüe. L'interprétation des morceaux est parfaite, Satchel (alias Russ Parrish) est un guitariste hors normes, la section rythmique constituée de Lexxi Foxxx et Stix Zadinia, de leurs vrais noms Travis Haley et Darren Leader est ultra carrée et Michael Starr (Ralph Saenz) est une vraie diva du glam. Ce dernier supporte sans mal la comparaison avec ses illustres aînés vocalistes, passant aisément de tonalités graves à des notes célestes en un clin d'œil, et arrive à nous scotcher définitivement à notre fauteuil sur « Let Me Come In », « Critter » et « Tomorrow's
Night ». Bien sûr, un album de glam ne serait pas « true » s'il ne comportait pas deux ou trois pseudos-ballades : « If You Really Really Love Me », «
Why Can't You
Trust Me » et « Weenie Ride » s'insèrent magistralement entre des morceaux plus musclés. Textuellement, « Weenie Ride » est assez humoristique, en réalité un peu comme la plupart des chansons gravées sur ce ‘Balls
Out' d'anthologie. Mais, n'est-ce pas la raison d'être de
Steel Panther que d'emprunter les stéréotypes du glam pour les grossir et les transcender en une chose plutôt cocasse ?
Si vous ne savez pas quoi écouter lors de vos soirées en tête à tête avec votre meuf ou votre mec, c'est selon votre cas, ce nouveau
Steel Panther est la bande-son idéale qui vous permettra de révéler le Tarzan ou la
Jane qui sommeillent en vous, d'épicer torridement vos nuitées et de jeter les sextoys de Madame à la poubelle si elle en possédait. De plus, vous pourrez retourner dans le passé pendant près d'une heure et retrouver la fougue de votre jeunesse, tout en dégustant la saveur particulière du moment présent. Ce ‘Balls
Out' est moins cher et beaucoup plus efficace que le Viagra®, vous fera à coup sûr grimper au 7ème ciel en couple et ne nécessite aucune ordonnance médicale. A vous procurer d'urgence chez le disquaire le plus proche de chez vous si vous souhaitez connaître la jouissance musicale cette bombe de metal !
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