Mavorim, voilà un nom qui ne vous dira peut-être rien et pourtant le one man band allemand a été très actif dernièrement, sortant pour la seule année 2018 un EP, un split avec Totenwache ainsi qu'un premier full lenght, et l'an passé un autre EP du nom de
Aasfresser. Si vous ne connaissez pas encore ce nouveau fleuron de la scène black germanique, il est grand temps de réparer cette erreur, car
Axis Mundi, deuxième album de P. sorti il y a un peu plus d’un mois sur
Purity Through Fire, est tout bonnement incontournable.
Tout commence avec Weltenberg, intro inquiétante, sombre et mystique, avec ces clochettes lointaines, ces notes de clavier fantastiques d’un âge oublié et ces percussions majestueuses qui nous plongent dans un monde de chimères tiraillé entre angoisse et sérénité. Puis Aus Asche auferstanden s’emballe en un black metal vindicatif, démarrant sur ce blast sec, et élevant comme un étendard sanglant les coups mats de la batterie, ce riffing simple, conquérant et puissant, ainsi que le guttural de la langue allemande incarné en un chant black parfaitement articulé. Néanmoins, et c’est ce qui charme l’oreille avant tout, ce metal rugueux est avant tout l’expression de superbes mélodies qui nous emplissent de frissons d’émotions, grâce à l’apport des claviers et de ce break central notamment. En fait, l’intérêt de la musique de Mavorim vient surtout du contraste entre art sonore rude dans la grande tradition du pagan black germanique et mélopées envoûtantes sorties du brouillard du temps. Quelques courtes parties acoustiques ou atmosphériques (l’intro au clavier de Wie ein
Sturm, l’arpège mélodique qui ouvre Der Himmel bricht entzwei, le break central de Verbannt in
Dunkelheit), et de nombreux passages épiques s’invitent aussi à la fête, faisant d’
Axis Mundi un opus dynamique, aéré et tout sauf minimaliste.
Oui, ces 68 minutes sont finalement assez variées, entre coups de boutoirs robustes et guerriers propres au black teuton (on pense parfois à Varg ou
Minas Morgul, mais c’est surtout l’ombre d’
Absurd qui plane sur ces treize titres, notamment au niveau du chant arraché dans la langue de Goethe), passages mid tempo gorgés d’exaltation païenne où résonne parfois le chant clair de P. (Wo kriegergleiche Kräfte walten, l’excellent break central de Wie ein
Sturm, les courtes parties de Der Himmel bricht entzwei et Konigsjäger où résonne ce chant à la fois mâle et mélancolique empreint de l’insouciance grave du jeune qui part au combat) et ces plages atmosphériques dominées par un clavier moyen-âgeux dont les notes irréelles ramènent à notre bon souvenir les superstitions d’autrefois.
Si le riffing est excellent de bout en bout, accrocheur et profond, évoquant une foule d’images grandiloquentes et violentes à nos yeux clos, Mavorim se paye en plus le luxe d’offrir quelques moments de grâce tout bonnement irrésistibles (le début explosif et le refrain de aus Asche auferstanden où clavier et blasts se superposent, le tourbillon de guitares imparables et le blast de Wie ein
Sturm qui nous emportent comme un ouragan, la reprise à 3,42 minutes de der Himmel bricht entzwei, l’attaque furieuse de Verbannt in
Dunkelheit avec ce riffing ténébreux et envoûtant irradié par ce superbe tapping de guitare). A noter également, pour compléter le tableau, que le batteur se fend d’une très bonne performance, accentuant par son jeu fourni, métronomique et syncopé cette touche martiale déjà très présente (les roulements de Verbannt in
Dunkelheit à partir de la reprise à 3,04 minutes, les breaks de Königsjäger au jeu à la fois sautillant et fouillé) et que le tout baigne dans une ambiance particulièrement sombre, justement accentuée par cette frappe sourde ainsi que ce riffing roulant, ce chant rauque et ces claviers aux sonorités ensorcelantes. C’est un fait, on est très loin du power folk épique kitchounet de certains groupes, et ces ténèbres omniprésentes, aussi repoussantes que fascinantes, nous enveloppent tout le long de ces treize titres.
Pour conclure,
Axis Mundi est un grand album et ne pourra pas laisser indifférents les amateurs d’un black épique, guerrier et puissant habité par de superbes mélodies. D’ailleurs, à ce titre, le morceau Kaiserjägerlied coécrit avec les compagnons de label
Minenwerfer, superbe morceau traversé de fulgurances harmoniques et acoustiques, devrait achever de vous convaincre, et si ce n’est pas le cas, c’est peut-être juste que vous êtes tout simplement hermétiques au genre…
Wenn vor dem Feind’ wir stehen
mit mutgeschwellter Brust,
muss all’s in Scherben gehen,
bei unserer Kampfeslust;
es gibt bei uns kein Weichen,
wir stehen Mann für Mann,
stark wie die deutschen Eichen,
die niemand brechen kann.
Fällt auch mancher nieder,
im Herz die Kugel brennt:
Er stirbt als Kaiserjäger
Vom ersten Regiment!
Excellente chronique, découvert par hasard sur youtube, une grosse claque, figurera surement dans mes albums black de l'année.
Merci pour cet enème bon papelard.
Oui Mavorim c'est du solide, j'ai bien apprécié son 1er album et là ta description est sans équivoque, ça donne carrément envie !!
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