Deux ans après leur implacable 1er full-length
Manic Thoughts of Perverse Mutilation,
Gortuary nous revient en 2010, toujours chez Sevared Records, pour nous proposer la suite tant attendue, et répondre à plusieurs questions brulantes qui se posent à tous leurs misérables fans : vont-ils franchir un nouveau pas vers la brutalité teintée de technicité initiée par
Suffocation ? Oseront-ils aller plus loin dans l’aversion et l’audace musicale que leurs voisins de San Diego, leurs maîtres à penser et éventuellement à disséquer :
Disgorge ? Vont-ils enfin s’asseoir en vainqueurs sur le trône du brutal death US en méprisant tous leurs pitoyables concurrents qui slamment lamentablement sur les trois accords à leur disposition ?
AArghh! Non!! Mais tout n’est pas perdu!
D’entrée, on note que la production n’est pas là pour les aider, on a perdu en clarté pour jouer le côté « heaviest shit on earth » à fond, très à la mode dans le brutal-slam US, ah évidemment c'est plus lourd, plus sourd aussi, et ça ne leur convient pas forcément, car ils ont plus à dire que les pauvres riffs punks joués 8 notes plus bas qui servent de plat principal à
Diminished,
Artery Eruption ou
Abominable Putridity. D'autre part, ils perdent de l'impact dans les accélérations et le développement des morceaux.
Bon c’est pas grave, il reste le talent de
Gortuary pour pondre de doux hymnes brutaux et inspirés, soutenus par la perversion maladive des thèmes choisis. Là encore, je suis un peu déçu, notamment par les 2 pétards mouillés qui ouvre le bal, Cadaveric
Genocide et Gluttonous Consumtion of the Uninfected, très courts et trop vite expédiés pour faire mal, un riff incisif, une petite partie slam (alors qu'il n'y en avait quasiment pas sur le 1er album),
Gortuary semble faire dans la recette qui marche, trop facile!
Heureusement, l’album évolue plutôt bien, et permet de mettre à jour la capacité de
Gortuary à faire un peu n'importe quoi et en tirer quand même quelque chose d’intéressant, comme le montre le titre éponyme
Awakening Pestilent Beings, plus gras, c'est aussi techniquement plus enlevé et l'apparition de quelques lignes mélodiques et soli nous rassure sur la forme du groupe. On trouvera une approche similaire sur le Compulsive Occular
Torture ou sur le final
Disembowelment By Regurgitation, des morceaux bien ficelés, et toujours traversés par des soli parfois précipités, alliés à des incursions plus "harmonieuses".
La quintessence de
Gortuary s’exprime pour moi pleinement sur Necrotizing
Infection, alambiqué et exalté, comme aurait du être tout l'album pour prétendre dépasser le 1er opus, c’est de loin le meilleur morceau, pur brutal death US sorti des "crypts". On passera enfin rapidement sur l’instrumental certes pas mal, mais qui ajouté aux autres titres fait que le compte n’y est pas question réjouissances.
La conclusion s'impose alors d'elle-même:
L’album est bâclé: ça c’est encore le manager-chef de Sevared Burger qui leur a mis la pression pour vite sortir le 2ème album et pouvoir produire encore et encore du brutal. Du coup ça les a un peu dérouté ces p’tits gars au cœur sensible qui ont surement besoin de temps pour être les plus affreux possibles.
Ah bien sur, s’ils avaient sorti celui-là d’abord, puis Manic Thoughts en second, on aurait mieux senti le pieux des empaleurs californiens faire son office! Mais hélas ici, on préfère penser qu’une simple daube s’échappe furtivement pour laisser la place au 3ème opus qui s’imposera à tous par sa maturité.
Par contre pour ça, il va falloir faire un certain effort pour accentuer encore plus la technique, car on est encore loin de
Gorgasm ou Regurgitation dans l'exécution, et un effort encore plus grand pour asséner des compos solides qui tiennent l’auditeur en haleine sur la longueur de l’album, comme les bons vieux
Disgorge.
Wake up Murder.
Fabien.
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