C'est à un inattendu retour, sur une scène metal mélodico-symphonique qui l'a vu accrédité de nombreuses prestations entre 2002 et 2010, aussi bien au Mexique qu'en
Europe (en Belgique, aux Pays-Bas, notamment, lors de festivals et tournées de groupes majeurs tels que
Leaves' Eyes,
Epica,
Therion,
Sirenia,
Lacuna Coil, entre autres), d'un quintet qui ne s'est plus manifesté 6 ans durant, depuis « Neutra », son troisième et mémorable album full length, auquel nous assistons.
Pour mémoire, ce groupe expérimenté et référent local, originaire de Mexico, cofondé en 2002 par le guitariste et vocaliste Ricardo Loera et le batteur Jesus Loera (ex-Rivendel's
Requiem, ex-Humiliator) s'est momentanément dissolu en
2012. Et ce, pour revenir en force 2 ans plus tard, ayant alors regagné les studios pour y oeuvrer pendant plus de 2 ans, et reformer son équipe, sollicitant à cet effet les talents de la chanteuse Katia Barrera (ex-
Mandragora), du guitariste Dano Medina et du bassiste Fernando Nava. De cette étroite collaboration nait «
Awakening », magmatique auto-production de 28 minutes au cours desquelles se succèdent 7 pistes fringantes, avec la participation de Mark Jansen (
Epica) sur l'une d'entre elles. Aussi, entrons dans la petite goélette, jouissant d'un enregistrement, d'arrangements et de finitions honorables et d'un mix ajusté, en quête de quelques trésors enfouis...
Tout d'abord, on demeure stupéfait par l'inébranlable pugnacité, parfaitement orchestrée et totalement sous contrôle, dont a fait preuve le combo, et cela, avec un soin particulier apporté aux séries d'accords et aux enchaînements intra pistes. Avec quelques pièces d'orfèvre dans son écrin. Aussi, le décor est déjà planté dès la brève entame instrumentale d'inspiration nightwishienne, « Here Comes the
Dawn », classique dans ce registre. Celle-ci laisse évoluer ses vagues synthétiques qui, lentement, gagnent en épaisseur, pour nous plonger dans une houleuse atmosphère, in fine. C'est alors que surgit une vague de submersion massive, à l'instar de «
Awakening », plage power mélodico-symphonique proche d'un
Sirenia, dernière mouture. Une subtile alchimie s'observe à l'image d'un duo mixte en voix claires s'inscrivant dans un corps oratoire à la fois densifié par des choeurs en faction et énergisé par des growls menaçants. L'ensemble, parfaitement harmonisé, suit un cheminement mélodique avenant, magnifié sur un refrain propice au déclenchement d'une émotion subreptice, dans la veine d'un
Visions Of Atlantis, première période.
Dans cette mouvance rythmique s'inscrivent encore d'autres plages, tout en étant plus directement orientées vers les charts. C'est le cas de l'entraînant « Reaching out », single d'obédience power mélodique, disséminant ses riffs électrisants accolés à un tapping martelant au fil d'une rayonnante trame mélodique, imparable sur un refrain dans la veine d'un
Within Temptation, première période. Ce faisant, le duo mixte Katia/Ricardo contribue à rendre le morceau éminemment charnel et émouvant, même si les célestes volutes de la sirène, sous de faux airs de Sharon den Adel, auraient gagné à se montrer un poil plus ondulantes pour impacter davantage. Enfin, puissant et d'une efficacité redoutable, le vitaminé « Face the Light » laisse évoluer un duo féminin aux saisissants contrastes et éminemment osmotique entre Katia Barrera et Mireya Mendoza. Un break opportun calme le jeu avant de se faire happer par la déferlante sur la crête du refrain, confondant instant s'il en est, dans l'ombre mélodique de
Delain.
Par ailleurs, on monte d'un cran en intensité rythmique sur quelques pistes fulminantes, parfois tumultueuses, sinon percutantes, imprégnées d'une agressivité bien sentie mais nullement assassine. Ainsi, le galopant et tempétueux « Run from the
Storm », tel ou une onde de choc et non sans rappeler
Epica, agrippe le tympan par ses riffs acérés adossés à une rythmique enjouée, tout en soignant sa ligne mélodique, distillant au passage quelques suaves notes orientalisantes. On est alors véritablement bringuebalé, voire terriblement chahuté par une mordante instrumentation et meurtri par des growls vénéneux. Ce faisant, l'attention jamais ne tiédit sur cette magmatique et enivrante offrande. De même, une introduction aux airs d'un générique d'une production hollywoodienne installe le décor fantasmatique d'un diluvien «
Human Introspection », où l'apparition d'un Mark Jansen impérial aux growls laissera quelques marques indélébiles, contrastant avec les fragiles et plaintives inflexions de sa comparse. Ce faisant, une étrange impression de se retrouver dans une ambiance et une rythmique typiques d'
Epica, avec quelques traces de
Within Temptation eu égard aux arrangements nous gagne. Exercice de style complexe, avec quelques prises de risques, mais mené tambour battant par le collectif latino-américain.
Enfin, si pas l'once d'une ballade ne nous est adressée sur ce brûlot, le collectif a néanmoins pensé à atténuer le feu de ses frappes, sans y perdre de son caractère graveleux. Comme pour finir sur une note moins incandescente, libérant dès lors une énergie contenue mais réelle, en outro, on se dirige vers un ample mid tempo d'obédience heavy mélodique, à l'aune de « Uncertain
Paths », piste ultime livrant une princesse prenant cette fois quelques airs de Simone Simons en voix de gorge sur les couplets. Ses souriantes et gracieuses ondulations n'ont d'égal que la force des éléments auxquels elle doit faire face, à commencer par une colérique et caverneuse empreinte vocale, cristallisée par des growls coupants comme des silex, surmontés d'une chorale quasi insubmersible.
On ressort de l'écoute de la galette avec l'agréable sentiment de (re)découvrir une formation aux gammes bien affutées, à la technicité plus aboutie, au jeu d'écriture plus habile qu'autrefois, n'ayant pas plaint sa peine pour nous octroyer ce lumineux et incisif méfait. N'ayant eu recours ni à la moindre ballade, ni à une fresque, traditionnel exercice dans ce registre, ni même à un substantiel et progressif instrumental, nos acolytes ont néanmoins réussi un réel tour de force, stimulant bien souvent notre fibre émotionnelle. Et ce, tout en déversant des chapelets de blasts, de riffs cinglants, de growls ombrageux, de rampes de claviers et de lead guitare, aptes à générer un headbang quasiment à chaque mesure. On regrettera toutefois un manque d'allonge sur la durée, de variété rythmique et atmosphérique, d'originalité relative au concept. Quant aux lignes de chant, certes judicieusement élaborées et restituées avec finesse, bien que laissant entrevoir une unité d'ensemble, ne permettent pas toujours à la belle d'asseoir son rang de frontwoman, les choeurs et autres growls lui soufflant quelquefois la vedette.
Quoi qu'il en soit, on comprend que nos cinq compères sont bel et bien revenus dans la course, affichant une belle santé musicale, que d'aucuns pourraient bien leur envier. Ce délectable propos signe donc un retour aussi attendu qu'inespéré pour ses fans et une heureuse surprise pour les amateurs de ses sources d'influence. Bref, une laconique mais intense offrande à découvrir et peut-être bien à adopter...
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