En matière de groupes portugais, il faut être réaliste, à part
Moonspell, on n'en connaît pas vraiment des masses. Et pourtant, il y a bon nombre de formations qui sont tout aussi dignes d'intérêt. C'est le cas de Dallian, jeune groupe portugais originaire de Leiria, au centre du Portugal, formé en 2017, et déjà fort d'un premier album nommé "
Automata". Rapide coup d'œil sur la pochette : à voir ce personnage à moitié mécanique tenter de déchirer une vieille horloge, tout semble indiquer que l'on va avoir droit à un univers Steampunk haut en couleurs et qu'il sera question d'une lutte entre l'humanisation et la mécanisation. Jetons une oreille au plus vite.
Concrètement, Dallian, c'est en fait une espèce de mélange entre
Mechina et
Shade Empire, puisque l'on retrouve comme chez les deux groupes une certaine importance accordée à l'orchestration à l'image de "The Nun from
Azrael" ou encore "The Swine Dialectic", mais sans pour autant avoir le côté astral du premier, ni la grandiloquence du second. Le chant est également dans la droite lancée des Finlandais tant on dirait que le timbre est similaire dans les grognements. On a également des traces de chants clairs tous presque entièrement féminins à l'instar des Américains. Globalement, la musique reste accrocheuse, en témoigne "The Lie Vision" où l'on alterne entre des passages épiques, et des orchestres majestueux qui nous transportent aussi bien dans un monde de cauchemars que dans le vide interstellaire.
Pourtant, l'un des reproches que l'on risque de faire à ces Portugais serait qu'ils utilisent les orchestrations pour masquer la pauvreté de leurs riffs. Dans un sens, ce n'est pas totalement faux puisque sur les treize chansons, aucune ne marque l'auditeur par un riff de guitare, mais plutôt par la mélodie de l'orchestre. Les guitares sont ici reléguées au second rang, si ce ne sont ces graves tremolos discontinus comme sur "
Corrupt Demiurge". On comptera peut-être un solo sur "Caixa Pesatoria" (lui aussi un peu minimaliste malgré tout) ; mais pourtant, derrière cette musique simpliste se cache une véritable perle de death progressif.
En effet, derrière les apparences, Dallian se distingue de ses ainés par une légère touche de progressif ajoutée à sa musique. Il suffit juste d'observer la vitesse d'exécution des guitares ou la facilité qu'ont les musiciens à jongler sur les rythmes pour se rendre compte que, bien que privilégiant la simplicité, ils sont très loin d'être des débutants, en témoignent les breaks presque polyrythmiques sur "As within, so without". De plus, on peut se rendre compte de toute l'étendue de leur répertoire sur toutes les chansons qui, bien que durant entre 5 et 7 minutes, donnent parfois l'impression qu'elles durent plus longtemps tant les changements de rythmes et d'ambiances sont monnaie courante.
Que les sceptiques se rassurent, malgré ladite dose de progressif, les Portugais ont quand même pris soin de ne pas en faire trop et de privilégier le côté destructeur à l'exaltation technique stérile. Du coup, en une heure d'album, il y a un bon nombre de passages à sensations fortes avec de la double grosse caisse à foison, mais aussi des passages plus doux qui permettent de respirer un peu comme l'interlude "
Echoes of
Arrival" ou le passage aussi ibérique qu'atmosphérique "The Nun from
Azrael".
Parmi les autres reproches que l'on pourrait faire au groupe, outre la certaine pauvreté de ses riffs, ce serait d'être un peu trop fourre-tout. En effet, les Portugais ont eu sur cet album tendance à mélanger des éléments d'ici et d'ailleurs sans chercher à trouver une certaine cohérence. Par exemple, on alterne successivement entre des ambiances japonisantes ("
Satori") ou indiennes ("Vasana"), pour retourner à une ambiance ibérique, presque flamenco ("Caixa Pensatoria"). On peut comprendre leur volonté d'affirmer leurs origines avec des textes en portugais, mais quand on pense Portugal, ce n'est pas l'Asie qui me vient en tête... Il y a même des fois où l'on ne sait plus où donner de la tête car rien que sur le morceau "The Lie Vision", on alterne successivement entre un côté clownesque, cauchemardesque, et interstellaire... Difficile de suivre tellement on saute du coq à l'âne...
Donc voilà pour cet album, un peu fourre-tout et minimaliste, mais attention, minimaliste n'est pas synonyme de nullissime. Je vous laisse méditer sur cette dernière phrase avec l'album qui passe dans vos écouteurs. Préparez-vous pour une bonne heure.
tres bonne chronique, tres bien expliquer, je ne pourait pas dire mieux, il est tres bien cette album
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