30 minutes.
Pas une de plus. Il ne faut que 30 minutes à Maligner, trio originaire de Malmö pour nous convaincre qu'il s'agit d'un premier album totalement dévastateur que vient de nous pondre ce groupe. Auteur d'un E.P. passé inaperçu en nos contrées (
Demon, pourtant sorti chez Unspeakable
Axe Records) il y a deux ans, le gang Suédois composé de Aztiak (guitares), Ertheb Somus Ra (batterie) et
Maligno (vocaux arrachés et basse) sort son premier album chez
Blood Harvest, label national bien connu pour héberger d'autres formations énervées (Taphos,
Necroblood...). Affublé d'une pochette quelconque qui a au moins le mérite de suggérer un embrasement infernal à son écoute,
Attraction to Annihilation a été enregistré quasiment un an avant sa sortie et déboule en cette chaude fin d'été 2018.
D'obédience thrash virulent, débridé mais aussi terriblement intense,
Attraction to Annihilation privilégie les ruptures brutales, les accélérations saccadées et les décélérations abruptes. Portées par l'immense organe vocal expressif de
Maligno, qui insuffle une vraie énergie à des compositions qui n'en avaient pourtant pas besoin, les 8 compositions déboulent sans crier gare et attaquent sèchement l'auditeur. En ce sens, le rapprochement avec les perles de la fin des années 80 qui officiaient encore dans le thrash tout en extrêmisant leur propos sans tomber dans un deathmetal émergeant n'est pas loin. Citons
Incubus (pré-
Opprobrium, dont le prochain album est prévu en début d'année 2019),
Morbid Saint, et toute cette clique éphémère se réclamant de la violence du thrash le plus intense ("
Salvation", à fond les ballons). On pourra trouver disséminé ça et là quelques fulgurances propres à Death (mi-période), mais aussi à la frange virile du thrash US (
Devastation,
Insanity, voyez le genre).
Pourtant, ici, on ne trouvera pas que de l'agression frontale et rustre à l'image des Chiliens de
Enforcer (dont le second album,
Evil Power Attack supporte sans souci la filiation Incubusienne), Maligner se veut moins simple dans ses structures. En gros, et pour faire une comparaison osée, c'est pas le coup de masse de
Conan, mais les multiples coups de scalpel de Subotai auquel on a affaire. Le chant aboyé de
Maligno semble tout bouffer, avec une voix naturelle, à l'inverse de nombre de growlers sans âme ni émotion qui pullulent en ce moment. Là, on sent la rage, effet garanti, un peu à l'image de Scott LaTour sur la première mouture du mythique
Serpent Temptation (
Incubus). Des hommes de bon goût, ces Suédois.
Plus fin qu'il n'y paraît avec de nombreux moments savoureux dans ce magma (le solo de "
Oath-Bound", les arpèges de l'implacable "Disposable" palme du meilleur titre de l'album, le solo introductif beau à pleurer du tout aussi définitif "
Reign Of Fear" au refrain à hurler, finissant par quelques notes de piano du plus bel effet, le break inattendu à 1'48" de "
Mental Breakdown"), sans sacrifier à l'agressivité palpable dans tous ses recoins, l'album ne tombe pas dans le passéisme dans lequel certains groupes se complaisent facilement. Point ici de réverb sur les effets vocaux, pas de son enregistré au fond de la cave de papi-Denis, pas de satanisme opportun, ni de copié/collé de tel ou tel groupe. Maligner est ce qu'il est, et si comparaison il peut y avoir, elle n'est encore une fois pas raison, tant le trio cultive sa propre personnalité, et ne souffre pas de ressemblances trop évidentes avec tel ou tel aîné.
Chacun l'aura compris, possiblement révélation thrash de l'année, Maligner accouche d'une véritable perle du genre. Farci de riffs tranchants et virevoltants, Attraction of
Annihilation constitue un album coup de poing d'une intensité de tous les instants. A la fois technique et effroyablement agressif ("
Mental Breakdown") l'album comblera les fans de thrash metal de bonhomme. Aucune faiblesse, et trente minutes qui en paraissent vingt, hissant Maligner de l'underground, pour un album de tueurs qui rend au thrash le mot ultime qu'il n'aurait jamais dû abandonner.
Merci pour la chronique et c'est vrai qu'il envoie fort cet album
J'ai craqué....commandé sur bandcamp! Cette tuerie tourne à fond sur la platine et quand je change c'est. pour subtype zero.
Merci beaucoup le moustre pour cette decouverte qui me regale.
Peut-être ne vas tu pas sur le tableau de bord où apparaissent les parutions de tes "amis", Arioch ?
Sinon peut-être album de l'année en pur thrash, en effet, pour ma part.
Merci pour le chronique et pour la découverte. Vraiment très bon album !
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