Borracho !! Le nom de ce groupe m'a de suite accroché car il me renvoit à mon adolescence et à la découverte de l'univers musical et lyrique de l'immense Hubert-Félix Thiéfaine. Précisemment dans le titre "Pulque, Mescal y Tequila", ode à la picole en plein trip mexicain où il proclame être el Borracho, l'ivrogne incarné.
Ici les soiffards évoluent dans une formation américaine de stoner/heavy rock née en 2007 à Washington. D'abord quatuor le temps du premier album "
Splitting Sky" en 2011, le groupe resserre ses rangs autour de Tim (basse), Mario (batterie) et Steve (chant, guitare) pour la parution de "
Oculus", 2ème effort de 2013. Après quelques splits (avec Geezer entre autres), ces assoiffés retrouvent le chemin de leur cantina préférée pour la parution de ce 3ème album, intituté "
Atacama".
La photo utilisée comme pochette ne trompe pas sur la marchandise. En effet, l'
Atacama, situé au Chili, est un des désert les plus arides au monde. La pauvre bouteille abandonnée là semble fondre sous l'effet de l'infernale chaleur qui sourdre du sable. Mais pas d'inquiétude, la musique proposée le long des 8 morceaux est à même d'étancher la soif des accros au style.
Si "Gold from
Sand" se pare des atours d'un stoner classique et efficace, Borracho démontre dès la longue pièce "
Overload" qu'il a plusieurs cordes à son arc. Le long des quasi 11 minutes, la musique évolue entre stoner pur jus, doom gras et moments planants, le tout adroitement articulé pour un résultat des plus convaincants.
On retrouve cette envie d'exploration sur l'instrumental "Descent", trip lysergique aux consonances crépusculaires, où cloches et carillons sonnent le glas du pauvre voyageur perdu dans cette immensité aride. Mais celui-ci ressuscite bien vite à l'écoute de la terrible "Drifted Away from the Sun", qui poursuit ce voyage initiatique d'une manière posée et planante au début pour s'achever sur une explosion de grosses guitares bien furieuses.
Le stoner étant leur style de prédilection, le trio s'y adonne sur les percutantes "
Lost in Time" et "Shot
Down,
Bang Up, Fade Away" où pointent de belles influences (
Fu Manchu, Motörhead). Grosse rythmique, basse saturée, guitares tout fuzz dehors : un bel écrin pour la voix chaude et grasse de Steve, notamment sur le superbe refrain de "Shot
Down ...".
Les arpèges lumineux et les lignes de violoncelle qui illuminent la délicate "Flower" forment un oasis de douceur dans cet album, qui se retrouve aussi la pièce finale "Last Song", riche en émotion. Steve, transporté par des paroles fortes, laisse transparaître une mélancolie poignante et ce sans pathos ni effet de voix superflus.
Thématiquement, le groupe évoque souvent ici un passé révolu sous fond d'innocence perdue et de renaissance sous le soleil. Le rejet d'une société par trop consumériste et factice fait écho à la puissance musicale proposée ici, où pointe inévitablement une certaine tristesse. Idéalement mixé, l'album propose une place de choix pour chaque instrument, ainsi qu'une coloration chaude à l'ensemble.
Accueilli chez la bonne crèmerie allemande Kozmik Artifactz, voilà un album découvert par hasard et qui a su me charmer au fil des écoutes. Les amateurs du genre devraient apprécier et les curieux de tout poil ne perdront rien en y jetant une oreille. À votre santé, les soiffards !!
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