Ayant découvert
Pandemia avec «
The Message from the Death Metal Empire » en 1999, album qui m’avait interpelé à l’époque, j’avoue avoir perdu la trace du groupe depuis. Donc, quand la possibilité de pouvoir écrire un article sur «
At the Gates of Nihilism », la dernière livraison des Tchèques, fêtant par la même occasion leurs 20 ans de carrière, s’est offerte à votre serviteur, il n’a évidemment pas laissé passer son tour. Il est d’ailleurs très étonnant qu’après une carrière aussi longue, le patronyme de
Pandemia ne soit connu que des connaisseurs aguerris du style. La volonté et l’abnégation de la formation sont très louables car beaucoup de combos auraient jeté l’éponge depuis un bon bail.
En préambule, il est à noter, pour celles et ceux qui ne connaissent pas
Pandemia, qu’au début de leur carrière, le groupe évoluait dans un « death-metal » brutal, à forte réminiscence américaine, lorgnant vers les mythiques
Morbid Angel, avec des passages, tantôt très violents, tantôt lourds et, doté d’un chanteur à l’organe que nous qualifierons de gras et rugueux. Le combo a depuis évolué, avec notamment, un changement de frontman en 2008 et des compositions qui se sont relativement assagies, s’orientant vers une veine bien plus mélodique.
«
First Blood » qui introduit «
At the Gates of Nihilism », laissera l’auditeur assez circonspect. Ce morceau est totalement symphonique et, «
Rotting Mold », la deuxième composition, n’est guère plus rassurante puisque l’ensemble du titre est d’obédience mid-tempo, entrecoupée de parties plus « thrash », avec, cependant, un bon riff principal. Chassez le naturel et il revient au galop, les blasts inhérents au style refont vite surface, conférant à l’ensemble du dynamisme et une certaine folie (« Nihilistic Age », l’accélération furieuse de « Cult Of
God », les commencements de «
Harlots Of
War et de « Under Barbed Wire »). Aussi, quelques moments de bravoure parsèment l’opus comme le break lourd de « Nihilistic Age », une nouvelle fois à l’honneur, les riffs principaux de «
Godless Bitch », mais également le break aérien et planant de «
Zyklon B » doté d’une mélodie au piano assez surprenante pour le genre et, « Killed », la composition la plus directe et efficace de l’album.
Il est indéniable qu’après 20 ans de carrière,
Pandemia a changé et, comme la majorité de ses confrères ayant une longévité de carrière notable, nous pourrons remarquer, à fort regret, que la cadence globale a fortement diminué et que la mélodie a pris une place prépondérante. Les soubresauts frénétiques sont bien présents, mais le sentiment qui émane de l’écoute intégrale de la galette est loin de s’avérer positif car l’ensemble manque cruellement d’énergie, de fougue et de hargne. Aussi une impression de redondance dérangeante, amenant à un ennui certain, ressort de ce disque dont l’inspiration est en berne. En témoignent le poussif «
Warmonger », les breaks génériques de « Cult Of
God » et l’instrumental « Broken Soul Of The
Dying Soldier » qui, en plus d’être placé en fin d’album, le clôt de manière bien fade. Pour finir, la production de Waldemar Sorychta (
Tiamat,
Samael, Grip Inc.,
Moonspell), qui, de prime abord, a une certaine envergure, s’avère trop propre et manque de relief, lissant les compositions que renferme «
At the Gates of Nihilism », qui n’avait vraiment pas besoin de cela.
Au final, on ne retient pas grand-chose de ce disque. «
At the Gates of Nihilism » ne réussira pas à extraire
Pandemia de la masse grouillante de l’underground, tant ce dernier est dénué de moments marquants. De plus, et malgré leurs 20 années de bons et loyaux services, nous avons l’impression que les Tchèques sont encore à la recherche d’une identité, ayant la volonté de s’orienter vers plus de mélodies, sans pour autant renier leur passé brutal. Visiblement, le combo a refusé de choisir. Les connaisseurs peuvent s’y risquer, la peur n’évitant pas le danger.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire