Asura

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16/20
Nom du groupe Breed Machine (FRA)
Nom de l'album Asura
Type Album
Date de parution 23 Septembre 2022
Style MusicalMetalcore
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Asura
 03:47
2.
 Niburu
 03:35
3.
 Dansez Sur Ma Tombe
 03:17
4.
 Prototype
 03:54
5.
 Mémoire des Hommes
 03:14
6.
 Le Dernier Génocide
 03:25
7.
 La Théorie des Abysses
 03:30
8.
 LFDL
 03:43
9.
 L'Étau
 03:31
10.
 Hors Ligne
 04:45

Durée totale : 36:41

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Breed Machine (FRA)


Chronique @ JeanEdernDesecrator

29 Novembre 2022

Dix rounds bien expédiés

Les images mentales ont la vie dure et dans mon cerveau avide de raccourcis faciles, le patronyme de Breed Machine me faisait facilement penser à Fear Factory, son démentiel "New Breed", et à des orgies de samples froids comme des outils chirurgicaux. Mais le groupe qui nous intéresse aujourd'hui fait plutôt partie des héritiers de la brillante vague Neo frenchie de la fin des années 90, dont Lofofora, Pleymo, Watcha, Tripod, Enhancer, Mass Hysteria et consorts étaient les fers de lance. Grosses guitares, batterie groovy, infra basses et chant en français étaient de rigueur, mais chacun de ces combos avait un truc bien à lui. Vingt ans plus tard, si la mode a changé et que les baggys ont été intégralement bouffés par les mites, on constate de-ci de-la que le néo comme influence revient au premier plan dans les musiques à base de core en tous genres.

Breed Machine, créé en 2004, a débuté sa carrière discographique avec l'excellent et bien nommé "Eveil Hardcore", premier LP très abrasif de thrashcore lourd et malsain, poussant ses potards au limites du death. Si à l'époque ils privilégiaient la langue de Shakespeare, quelques lyrics faisaient déjà dans le Feydeau (elle est facile). Le groupe a par la suite navigué entre groove metal et death intégralement chanté en français sur les LPs suivants, "Renaissance" (2008), "3" (2011), et "A L'aube du 8ème Jour" (2013), dispensant les riffs sans compter, avant de se poser, la vie reprenant son cours.

Huit ans de pause avant de refaire un album, cela peut sembler long, mais le groupe a simplement fait les choses comme il le sentait ; quand ils ont démarré la préproduction de leur cinquième album, c'était un an avant la pandémie, qui a rallongé d'autant les délais, mais cela leur a permis de peaufiner leur travail. Julien (guitare) et Kriss (basse) se sont partagés la composition des morceaux, et le groupe a utilisé les moyens modernes pour progresser et échanger (maquettes en home studio). L'album a été enregistré, masterisé et produit par Anthony Chognard, qui a aussi participé au travail sur les samples. On notera en guest la présence de Julien de Benighted.
"Asura" est paru le 23 septembre 2022 chez Dartunes Music Group, son digipack soigné arborant un bel artwork style luminol et scène de crime, que l'on doit à DoseProd.

Si on commence par évacuer tout de suite le sujet des influences, elles demeurent assez visibles : on se dit parfois qu'on a ici le Soulfly frenchie (des riffs, des riffs), le Korn Marseillaise (cette façon très rythmique de hacher le chant), et le Fear Factory Manufrance (les samples et synthés aliénateurs), trois pour le prix d'un. Si Breed Machine n'est pas un groupe d'indus, il n'en aime pas moins les atmosphères post-Terminator (le début de "Asura"), en ajoutant certains synthés ou effets en intro ou en soutien des refrains ("celui de Niburu, par exemple). Mais d'un autre coté, comme tout auvergnat qu'il est, il n'aime rien tant que de plomber au maximum sa recette : gros power chords, gros son, gros riffs, et vocaux qui tendent vers le growl caverneux, tout est fait pour être le plus heavyyyy possible. La production impeccable en rajoute une couche ; le groupe a toujours eu un bon gros son sur ses albums, en sonnant différemment de l'un à l'autre.

Les morceaux tournent presque tous autour des trois minutes, et on a pas le temps de s'ennuyer ; on peut même dire que ça défile, et parfois ça passe au suivant alors qu'on aurait aimé plus de longueur. Le morceau "Le Dernier Génocide", avec son riff principal obsédant et flippant, aurait mérité d'être développé, avec des variations sur ce riff par exemple, pour lui donner plus d'ampleur. D'ailleurs les coupures entre morceaux sont très réduites, une petite seconde, et hop, ça enchaîne sur le suivant.
Le groove est partout, avec une batterie métronomiquement mid-tempo, et des riffs qui feraient pester Max Cavalera. En restant très simple et carré, le rythme s'accélère parfois le temps d'un couplet ("Niburu"). La batterie de Deub a un son très centré sur le couple grosse caisse/caisse claire, avec les cymbales en retrait. A la basse, Kriss bétonne, et grossit encore le son et le groove des chansons.
L'effet de répétition est utilisé dans tous les aspects de la musique, avec des motifs mélodiques très simples. Si c'est simple dans les idées, il y a de multiples couches entre instruments, arrangements, samples et vocaux, ce qui donne un effet mille feuille musical pour le moins dense et compact.
Quand les idées sont un peu moins bonnes, par contre, j'ai un peu décroché en mode écoute automatique ("Mémoire des Hommes", "LDFL"). L'efficacité de l'exécution cependant fait qu'on reste dans la partie, car il y a régulièrement de bonnes trouvailles. Une whammy fait vriller les riffs dans les aigus, à la Pantera-Gojira ("Dansez Sur Ma Tombe"), ou quelques passages plus calmes (les arpèges de "Le Dernier Génocide", la fin de "La Théorie des Abysses"), fournissent des respirations appréciables dans ce combat en dix rounds.

Plus que jamais, le choix du français pour le chant est pleinement assumé, tant pour les textes que le phrasé. Cela rapproche le groupe de leurs ainés Mass Hysteria ou Lofofora, avec des textes sombres dressant un cortège de constats amers. Les vocaux de Mike, très rythmiques, scandés, parfois rappés, sont très agressifs, avec beaucoup de grit dans la voix, et carrément du growl à la moindre occasion (et encore plus sur le bien nommé "La Théorie des Abysses" avec Julien de Benighted, qui vire au deathcore). Il y a pas mal d'effets (saturations, etc…) sur les chœurs ou certains passages pour appuyer le coté violent.

Lorsque le dernier titre "Hors Ligne" se termine, on se dit qu'on a pris une bonne cargaison de riffs puncheurs, et qu'on est toujours debout malgré la dégelée. On peut voir qu'ils n'ont pas perdu ce don inné pour trouver de sacrés riffs (celui de "L'étau" entre autres est imparable), et avoir une constance dans la puissance appliquées aux esgourdes. Cet album très efficace est un bon résumé de ce qu'est la musique de Breed Machine, avec lequel j'imagine que le groupe a voulu reprendre ses marques après huit ans d'abscence dans les bacs. Si les fans en auront pour leur argent, j'espère néanmoins que le combo saura se renouveler et aller chercher plus de variété dans ses compositions : il serait dommage de devenir prévisible lorsqu'on sait frapper aussi fort.


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