Grand nom de la jeune scène parisienne,
The Bridal Procession a connu une ascension fulgurante. Formé en 2007, le groupe commence par du metalcore virulent qui déchaine les foules de fans dans la région parisienne. Une première demo sortie, des tournées à tout va, une reconnaissance petit à petit grandissante, des changements de line-up mais un style encore et toujours stagnant dans la vague post-metalcore, le groupe n’arrivant concrètement pas à proposer quelque chose de neuf, voire de personnel.
Ainsi, après deux longues années à tourner, composer et tourner encore,
The Bridal Procession revient en cette belle année 2010 pour s’imposer avec un tout premier album intitulé
Astronomical Dimensions. Premier constat : la production est dantesque. Enregistré par le guitariste de
Heaven Shall Burn Alexander Dietz qui s’est déjà bien occupé de
Burning Skies,
Anima ou encore
Neaera. Le tout fut mixé au Lambesis Studios par Daniel Castleman (
As I Lay Dying,
Winds Of Plague) et enfin masterisé par Alan Douches (
Carnifex,
The Dillinger Escape Plan), alors autant dire que le CD possède un son et une structure des plus professionnels, sidérant même pour un petit groupe français. Un son lourd, puissant, empli d’énergie et de furie. Avec de tels noms au programme, les Parisiens ont visiblement mis les moyens de proposer un full-lenght pro et sérieux. La pochette est quant à elle signée Colin Marks (
The Breathing Process,
Scar Symmetry,
Viatrophy), rajoutant une touche des plus soignées à la production.
L’album commence et là, c’est la claque immédiate, celle qui fait tomber des nues, qui nous retourne les tripes. J’ai du me tromper de disque, ce n’est pas du Bridal
Procession. Si vous aviez des préjugés, mettez-les de côté. Si vous n’aviez pas aimé le metalcore un poil brouillon d’Introduction to the
Procession, vous risquez fortement d’être surpris et même très dépaysés. Désormais, le groupe bourrine dans du death metal violent et sincèrement impressionnant. Extrêmement rapide et précis, bourrin à souhait mais aussi mélodique,
Astronomical Dimensions possède également énormément de nappes de claviers donnant toute son atmosphère à une musique mélangeant habilement death et black metal sur certaines parties et ambiances. Bref, c’est du très lourd et c’est choquant de voir cette soudaine évolution du groupe, comme si leurs débuts et leur première démo n’avaient jamais existé. Un changement de voie radical et bienvenu qui vaut donc assurément le coup.
Dès l’introduction sympho-mélodique, "Overactive Minds", le ton est donné : l’apocalypse sera le mot d’ordre à travers une ambiance désolée et sans espoir. L’énorme production permet au groupe de mettre en avant leur potentiel, à savoir des riffs acérés, rapides, variés, alternant entre passages purement death influencés par
Morbid Angel et passages death/black rentre-dedans à la
Behemoth. Le professionnalisme règne donc sur ce premier album qui regorge de titres tous plus attractifs les uns que les autres, en témoignent les impitoyables "
Flesh to
Flesh", "Atypical
Pestilence" ou encore "
Pillage the
Scavenger" et son solo aérien. Les passages comprenant du clavier, peut-être un peu trop présents inutilement par moments, apportent cependant comme je l’ai dit une atmosphère aussi bien mélodique que malsaine, le clavier étant autant soigné que les riffs, passant de la simple nappe à l’envolée symphonique.
Outre le type de riffing et l’évolution de la composition, la voix de Steve a grandement évolué, le vocaliste optant désormais pour une voix plus naturelle, sombre, rocailleuse, puissante, rappelant celle de
Nergal d’ailleurs. La batterie est quant à elle fracassante, multipliant les roulements de tomes appropriés et le blast-beat bourrin autour d’une double-pédale omniprésente. Variant sans cesse son jeu, le batteur (inconnu jusqu’à présent, qui n’est dans tous les cas restés uniquement que pour les besoins de l’enregistrement) permet à l’album de ne jamais tourner en rond. Passages lourds et véloces s’entrechoquent, laissant parfois place à des moments plus calmes, plus mélodiques mais toujours aussi empreints de la même furie. Le groupe opte donc pour un côté pro appuyé avec quasiment sur chaque titre une petite intro travaillée qui laisse ensuite place à la destruction sonore (excellent début oriental sur "Obsolete Machines"). La formation propose également un titre éponyme entièrement instrumental d’une durée de quatre minutes, montrant ses capacités à alterner entre passages acoustiques et moments forts contrôlés. Un titre ravageur qui nous permet à la fois de nous reposer mais également d’apprécier la musique en elle-même sans voix par-dessus.
Ainsi, avec ce premier album étourdissant, on peut dire que
The Bridal Procession apporte un vent de fraicheur dans la scène metal française. Ne restent qu’un nouveau public à conquérir et une constante à garder.
Un résultat : excellent et varié.
Merci pour la chronique qui m'a donné envi d'écouter ;)
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