Combo culte de la scène norvégienne,
Forgotten Woods est né en 1991 à l’aube de la seconde vague du Black
Metal nordique, qui allait bientôt déferler sur le monde. Après une série de démos, le jeune quatuor décroche un contrat chez les allemands de No Colours Records et enregistre au début de l’année son premier full-lenght intitulé
As the Wolves Gather (
1994).
Les influences sont assez flagrantes,
Burzum en tête, tant au niveau de l'insistance du riffing que de la voix décharnée de Thomas, le titre éponyme ne dépareillerait pas sur un album du groupe de Varg Vikernes.
Forgotten Woods pratique un Black
Metal froid et entêtant, multipliant les parties linéaires. La production du Lydloflet studio (utilisé notamment par
Enslaved pour enregistrer Hordane’s
Land) est impeccable pour le genre : minimaliste sans être brouillonne, et laissant une place honorable à la basse.
Il émane de ce disque une ambiance plutôt
Pagan / vénération des forces naturelles et animales, perceptible d’ailleurs sur l’artwork avec cette horde de loups hurlant à la lune. On trouve une vrai dimension épique dans la musique de
Forgotten Woods, ce qui ne colle habituellement pas vraiment avec le Trve Black, mais c’est pourtant bien le cas avec notamment des schémas acoustiques de très bon aloi et des sonorités comme pleurées par les guitares. La bande à Olav Berland possède aussi un pendant triste et dépressif, très marqué sur
Dimension of the Blackest
Dark et son final « corde et tabouret », de là à considérer les norvégiens comme précurseurs du genre il n’y a qu’un pas.
Les atmosphères de
As the Wolves Gather sont denses et immersives, à l’image de l’excellent In My Darkest
Visions, entraînant l’auditeur dans l’univers tourmenté et sans retour possible de Olav Berland, unique compositeur du groupe. Mais à trop vouloir jouer sur les ambiances, les norvégiens en oublient l’efficacité : les rythmes ne changent quasiment jamais, transformant par moment leur Black dépressif en Black soporifique… Faire durer un bon riff c’est de bon aloi, le faire régulièrement c’est de bonne guerre, mais le faire systématiquement c’est barbant. Dommage, avec quelques efforts de composition et une violence plus marquée (c’est quand même du Black, merde !), cette galette aurait pu devenir culte. Elle l’est déjà à vrai dire, comme tout ce qui vient de Norvège à cette période, mais ce genre de critères ne tient pas vraiment compte de la qualité intrinsèque de la chose, il faut le reconnaître. A l’heure où nos chères têtes blondes ébahies par les possibilités du net et les innombrables découvertes qu’ils y font, se plaisent à porter au
Pantheon tout un tas de combos d’époques, ça ne fait pas de mal de remettre les choses à leur place : ce disque est honorable, pas légendaire.
Aux frontières du Trve Black, du dépressif et du
Pagan,
Forgotten Woods délivre une œuvre intéressante, représentative du souffle authentique de l’époque, dommage que quelques longueurs viennent ternir un peu cette première offrande. Restant à distance respectable des
Satyricon,
Darkthrone ou de l’incroyable DMDS de
Mayhem,
As the Wolves Gather est tout de même un bon témoignage d’un Black honnête, à défaut d’être parfait.
BG
J'essaie d'être sévère et de ne pas distribuer des 15 ou 16 à tout va, 13/20 n'est pas une mauvaise note en soit de toutes façons.
Peut-être les adeptes de ce style noteront au dessus, je n'y vois pas d'inconvénients, de mon côté je trouve ce disque mal dégrossi comparé à The Curse of Mankind, meilleur à mon goût et sur lequel les musiciens se lâchent davantage.
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