Formé en 2005 en région parisienne,
Nemost signe son premier album, "
Shadow's Trail" en 2010 chez Great Dane Records. Depuis, le line-up de la formation connaît deux modifications, l'arrivée en
2012 d'un nouveau bassiste (Thomas Krajewski) et surtout d'un nouveau chanteur en la personne d'Arnold Petit (détail qui aura son importance comme nous le verrons). "As the
Ocean Burns", deuxième méfait du groupe sort en tout d'abord en 2013 sous la forme d'une auto-prod.
Dooweet Records reprend le flambeau cette année en s'assurant de la distribution du second album de
Nemost, ayant surement décelé un talent duquel il ne faut pas passer à côté. Ce nouvel opus bénéficie non seulement d'un nouveau logo très graphique mais aussi d'un artwork sublime et particulièrement évocateur, de sorte que l'on s'imagine déjà pas mal de choses avant même d'avoir écouté le disque. Notons finalement que
Nemost étoffe largement sa musique, passant de 36 petites minutes sur son premier album à plus d'une heure ici.
Dans quel registre officie le quintet parisien ? Et bien il s'agit d'un death mélodique de haute volée, progressif et intégrant de nombreuses influences, au premier rang desquelles le metal atmosphérique. L'aspect progressif est surement ce qui saute le plus aux oreilles en écoutant cet album. Chaque compo est un trésor d'inventivité à elle-seule, multipliant les changements de tempo (aidée en cela par un batteur livrant une performance exceptionnelle, au jeu d'une fluidité exemplaire), les breaks ("
Lifeless Heat") et autres interludes acoustiques de toute beauté ("The Aimeless Endeavour" ou le morceau-titre).
L'album n'est pas accessible d'entrée et il faudra plusieurs écoutes attentives pour s'en imprégner totalement cependant la qualité des transitions offre à l'ensemble une cohérence exemplaire, la majesté des compos se chargeant du reste. Comme évoqué précédemment le côté atmosphérique est également prégnant dans la musique des franciliens : les interludes acoustiques déjà mentionnés, quelques riffs atmo sublimes (le refrain de "
Fight") et une utilisation judicieuse du chant clair et de passages parlés.
Le chant, impossible de ne pas en parler justement. Rarement il m'aura été donné d'entendre un vocaliste affichant à la fois autant de maîtrise, une palette aussi variée et ayant une faculté aussi prononcée à véhiculer des émotions. Tout y passe : growl, scream, chant clair aux différentes facettes (toujours sincère, sans jamais tomber dans l'émotion excessive) et un chant mi-clair qui offre une puissance démesurée lors de ses interventions. Arnold Petit permet clairement aux parisiens de franchir un gros cap.
Mais que le lecteur se rassure, avec tout ça,
Nemost n'oublie pas ses racines mélodeath et lâche parallèlement un riffing puissant et efficace. Des riffs rentre dedans et thrashy ("
Fight"), lourds ("Pressure
Nation"), acérés et agressifs ("
Beast And Bullies") avec parfois même une légère coloration indus ("Year Of The
Libra") qui prouvent les facultés infinies du combo. Ajoutez enfin à cela des soli majestueux ("
Lifeless Heat","Sandstorm","The
Pale Observer") et ayant toujours le souci de la variété.
Alors certes pour terminer, on peut dire que l'on perçoit encore les influences du combo : quelques plans à la
Amorphis sur "The Aimeless Endeavour", du
Opeth pour le côté progressif, un peu de
Klone notamment dans le chant et ces parties atmosphériques qui nous rapprochent d'
Insomnium. Cependant l'ensemble est digéré avec une grande maturité et restitué d'une façon parfaitement personnelle. Servi enfin par une prod adéquate (avec une basse bien audible, une fois n'est pas coutume), "As the
Ocean Burns" a toutes les chances de propulser
Nemost sur le devant de la scène. Un bond de géant effectué depuis leur premier album pour un disque d'une richesse et d'une intelligence rare. A ne pas manquer.
Le premier titre "Pressure Nation" est un excellent morceau de Death mélodique très proche de l'école suédoise, alors que le second "Beasts And Bullies" montre une facette beaucoup plus progressive de la musique des français, avec ce chant clair d'une grande maîtrise qu'on retrouve également sur "Fight".
Si un titre se dégage en particulier du reste de l'album, c'est sans aucun doute le magnifique et épique "Respawned", tout simplement ce qui se fait de mieux en matière de Death progressif actuellement, et je pèse mes mots...
La longueur de certains morceaux en fin d'album pas toujours entraînant ou encore ce manque de puissance dans le chant guttural sur de nombreux passages portent malheureusement préjudice sur mon avis globale de ce très bon "As The Ocean Burns".
Note: 16/20
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