Place of Skulls sort son quatrième album intitulé «
As a Dog Returns ». Alors certes, si vous n’êtes pas un tant soit peu versé dans les arcanes du
Doom, ne vous imaginez cependant pas qu’avec un nom de groupe pareil vous ayez affaire avec la dernière trenditude en règle en matière de Death
Metal crasseux et occulte. En fait, avec
Place of Skulls on serait plutôt aux antipodes d'une telle musique.
Le groupe, où la légende du
Doom Wino fit un bref passage, réunit d’anciens membres de Death Row et d'autres légendes US du
Doom :
Pentagram. Avec un tel pédigré, on serait en droit de s'attendre à une déferlante de
Doom Trad pas piquée des vers mais le résultat est au final assez bancal.
La moitié des chansons présentes sur cet album sont effectivement des morceaux typiques du
Doom Trad et dès que les premiers accords de The Maker retentissent on sent l’ombre du fantôme
Black Sabbath poindre son nez. Mais bizarrement, et surtout au niveau de l’alternance des morceaux, l’autre moitié nous passe un hard rock de facture assez hésitante qui rappellera dans ses meilleurs (?) moments des groupes comme
Nickelback ou encore
Soundgarden ou
Temple of the Dog. Reste le talent indéniable de soliste de Victor
Griffin qui parsème chaque morceau de soli assez jouissifs, très chauds et très suaves.
L’autre point qui fâche, un peu, beaucoup, c’est ce prosélytisme de bas étage présent dans les paroles de pratiquement chaque chanson. Ici tout n'est fait qu'à la gloire de Dieu, Hosannah, Alléluia,
Amen. Inutile d'être diplômé de Harvard ou Yale pour entendre les louanges faites au seigneur et si vous n’avez pas l’oreille anglophone les titres des chansons sont assez évocateurs par eux-mêmes : « He’s
God », « Psalm », etc. Alors certes ce n’est pas une nouveauté en 2011 et le « White
Metal » ne date pas d'hier avec des groupes comme
Stryper ou
Believer ni même non plus une exception dans le
Doom Trad mais la ferveur dont font preuve
Place of Skulls est assez nauséabonde sur la durée. Ici fi des révérends farfelus ou des vicaires féodaux, point d’ésotérisme ou d’hermétisme mais plutôt un sermon digne des meilleurs télé-évangélistes ou la bande son de
Sister Act…
Qui plus est, cette nouvelle foi affichée semble aussi gâcher la musique au final. Ne pas s'attendre à des morceaux épiques façon
Count Raven ou
Spiritus Mortis, tout est passé à la moulinette d'une production bien trop léchée qui fait perdre leur saveur aux morceaux et les transforme en quelque chose de bien trop propre. Certes on n'ira pas chercher dans
Place of Skulls les valeurs d'une production de cave comme en Black
Metal mais était-il vraiment nécessaire de gommer tout ce qui fait l’essence de cette musique pour se retrouver avec un produit (j’insiste sur le mot produit) aussi banal que le dernier Phil Collins ou Peter Gabriel ?
On reste donc sur sa faim. Car même si on peut faire abstraction du message théologique loin d’être subliminal, cette volonté affichée de sortir un album disparate mais aussi sans aucune aspérité rend l’écoute non pas douloureuse mais distraite car rien ne finit par vraiment vous accrocher. A réserver aux Doomeux du dimanche ou aux fans invétérés de
Griffin et ses sbires.
Euh non… pas sbires, dévots.
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