Comme beaucoup doivent le savoir, la Russie est l'autre pays du black symphonique. Les scènes sont tellement nombreuses et toutes aussi différentes qu'il est clair que ce pays a de quoi avoir de la ressource. Sa localisation géographique lui permet donc d'avoir énormément d'influences, entre sa frontière avec l'
Europe, la Mongolie, la Chine et certains pays du Moyen-Orient. Ajoutez à cela son histoire bien chargée et vous pouvez vous faire une idée des nombreuses facettes pouvant être utilisées dans la musique des Russes.
Arcane Grail ne déroge pas à la règle. Fondé en 2001 sous l'impulsion du chanteur
Demether Grail, le groupe nous présente une facette encore peu exploitée dans le domaine du metal extrême. Bien sûr si le mélange obtenu se fait à partir de black symphonique et de death mélodique, il ne faut pas oublier l'ajout d'éléments folk et parfois gothiques. Mais ce qui fait la particularité d'
Arcane Grail, c'est non seulement les nombreuses voix, apportées par
Demether et Natalie, cette dernière nous octroyant un chant lyrique à la Simone d'
Epica tandis que le sieur alterne tout autant chant clair, murmure, chant black, growl profond, et j'en passe. Dernière caractéristique, le fait maison. En effet, les parties symphoniques ne sont pas ou peu apportées par un claviers, le groupe a fait appel, pour l'occasion, à de vrais musiciens, s'occupant de violons, violoncelles, flutes etc. Les choeurs sont quant à eux effectués, de nouveau, par
Demether et Natalie mais aussi Art et
Marina du groupe arménien
Ambehr.
Vous l'aurez compris, la musique d'
Arcane Grail se veut très variée et propose un univers différent de ce qu'on a l'habitude d'entendre. Toutefois il faut évidemment accrocher à cette diversité et cette première impression de brouillon. Les vocaux partent littéralement dans tous les sens, entre le chant lyrique et les growls/cris parradés de riffs black et de symphonies imposantes saupoudrées de petites notes de piano et de flûtes. On ne peut pas nier l'évidente prise de risque sur la majeure partie des compositions, mais il aurait fallu que tout soit plus posé et plus calculé afin d'éviter de ressentir une certaine impression de cacophonie tout le long de l'opus.
Ceci dit, ce n'est pas mauvais et il y a du culot, dans la mesure où les codes du black metal se retrouvent quelque peu bousculés, même si le premier morceau «
Arcane Grail » se retrouve finalement plus proche de Cradle of
Filth qu'autre chose. L'introduction nous propose une ligne de basse mystique, assez rare dans le domaine soit dit en passant. La suite mélange habilement black sympho et death mélo avec cet ensemble de vocaux impressionnant, comme si plusieurs personnes se parlaient, mais dans la hâte. « Autum Wed Us, Sinned and Lone » nous offre une symphonie plus imposante et impériale avec une ligne principale axée vers le black au niveau des riffs et des chants, les claviers apportant des sonorités très féeriques avec ces clochettes, piano et xylo. A contrario, « Renaissant the Reverie » est plus centré sur l'aspect death mélodique, en témoigne ce riff d'introduction et cette rythmique caractéristique.
Si «
Imprisoned in the Greatest
War » se veut guerrier dans l'ensemble, très bien mené mais surtout proche de
Skyfire dans l'agencement des mélodies melo death/sympho black, des titres tels que «
Sorrow of
Forgotten Pride » se veulent particulièrement désagréables.
Pas par leur côté folk et antique, mais par la fausseté de certaines notes, ce qui tend à faire mal aux oreilles, malgré nous. «
Die Sonnehymne » met Natalie à l'honneur en chantant a capella, et en lyrique. Un peu longuet pour ma part mais on se rend d'autant plus compte du timbre de la jeune femme. Un petit amuse bouche avant de clore sur un « Iniquitous Yoke » torturé et hargneux avec de bonnes lignes de piano et de basse.
Tous les titres prennent part à un concept particulier, autant basé sur des influences païennes que mystiques et spirituelles, comme des incursions dans le bouddhisme, les mythologies et les traditions hindoues. L'écriture en sanskrit sur le livret mène sur la voie, ainsi que les images et les paroles, parlant de nirvana mais aussi du désir de se couper du monde moderne afin de retourner vers les valeurs ancestrales et les traditions d'antan. Ce qu'on retrouve finalement bien avec l'ajout de tous ces instruments et voix.
Il y a de l'alchimie et une voix, une personnalité, une envie de faire différemment et de prouver que la Russie a de quoi montrer sa diversité en la matière. Toutefois, le groupe est encore jeune malgré tout, ce «
Arya Marga » n'étant que le deuxième opus après un « Mysteries of the
Ancient Charnel » approximatif. L'étape du deuxième album a donc été franchie, sans non plus faire une merveille, car comme pré-cité, il y a encore beaucoup de défauts à corriger et il faut prendre le temps d'embarquer l'auditeur sans qu'il ne décroche une seule fois, ce qui n'est pas totalement le cas au sein de cet opus parfois fourre-tout mais tout de même intéressant.
Par contre, il me semble que Natalia pousse également quelques growls sur cet album (en tout cas, je sais qu'elle est capable de le faire).
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