La famille metal symphonique à chant féminin ne cesse de s'agrandir, enfantant un nombre croissant de formations qui, le plus souvent, disparaissent sans crier gare, mais parfois nous interpellent. Et ce, à l'instar de ce jeune quintette britannique originaire de Reading, dans le Berkshire, cofondé en
2012 par Rebecca Cooch (mezzo-soprano), Jenna Grabey (claviers), Dan Bignell (guitares et choeurs), Steven Wallis (basse et choeurs) et Chris Oaten (batterie et choeurs). On découvre alors un groupe metal symphonico-progressif inspiré par
Delain,
Evanescence et
Leaves' Eyes et déjà doté d'une significative expérience scénique locale et européenne. En effet, le combo s'est notamment illustré en 2013 au
Kraken Metal Fest (Belgique), soit un an avant que ne sorte « Army of Ghosts », introductif EP 4 titres au minimaliste artwork mais à la production plutôt proprette.
C'est surtout sur les passages symphonico-progressifs, chacun à sa manière, que le collectif britannique fait mouche. D'une part, des riffs vrombissants sous-tendus par d'oscillantes nappes synthétiques et les gimmicks du lead guitariste attirent le tympan sur « My
Hypocrisy » et «
Journey's
End ». Mid tempo d'âme "delainienne" au regard d'une engageante ligne mélodique, le premier méfait aurait également des airs de
We Are The Fallen quant au déploiement de ses harmoniques, au demeurant finement travaillées. Délicatement entonnée par la sirène, au timbre de voix à mi-chemin entre Amy Lee (
Evanescence) et Cristina Scabbia (
Lacuna Coil), et distillant un prégnant solo de guitare, l'offrande ne manquera pas de retenir le chaland.
Plus influencé par
Epica, et non moins immersif, le second effort, quant à lui, use de contrastes entre les aériennes inflexions de la belle et les growls de son ombrageux comparse.
Non que les deux pistes restantes soient de mauvaise facture, loin s'en faut. Elles s'avèrent simplement moins immersives, car un poil en-deçà de leurs voisines eu égard à une mélodicité plus frileuse d'une part et à une très, voire trop lente progressivité de l'autre. Ainsi, d'inspiration "evanescente", le troublant up tempo « Marble
Heart » délivre un fin picking à la lead guitare sur fond de rythmique frondeuse. Dans cette tourmente où virevoltent des riffs en bataille évolue un duo mixte en voix claires, faisant la part belle au gracile filet de la déesse. Toutefois, refrains et couplets parfois se confondent, suivant un cheminement mélodique tout en nuances mais parfois en proie à quelques linéarités. Solennel et inspiré par l'univers celtique, dans la lignée d'un
Leaves' Eyes à l'aune de « Lovelorn », le progressif « Long Time
Dead », de son côté, octroie un duo mixte aux impulsions parfaitement coordonnées sur fond d'instrumentation folk. Mais il concède une longue mise en route, donnant l'impression que le morceau, certes élégant mais à l'aspect éthéré, peine à décoller.
On ressort de l'écoute de la menue galette partagé entre deux sentiments : le collectif d'
Outre-Manche semble en avoir sous le pied, notamment sur les plans logistique, technique et mélodique, parvenant alors, parfois, à nous retenir plus que de raison. En témoignent certains passages catchy et propices au headbanging. Ce faisant, il ne valorise pas suffisamment son potentiel, ne prenant que peu de risques, accusant un manque de diversité atmosphérique et surtout rythmique. De plus, de par une épaisseur artistique lui faisant encore défaut, le projet trahit la jeunesse de leurs auteurs. Cependant, l'amateur de leurs sources d'influence pourra aller y jeter une oreille, et même les deux, pour le plaisir de la découverte. Aussi, si ce message musical interpelle, ses 16 petites minutes s'égrainant en un clin d'oeil s'avèrent on ne peut plus frustrantes. Un album full length pourrait sans doute changer la donne...
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