Si en 2019 vous demandez à un amateur quel est d’après lui le plus ancien groupe de Black
Metal en activité, beaucoup vont vous répondre
Venom, mais considérant qu’ils font partie de la NWOBHM, d’autres vont plutôt citer
Mayhem, sans oublier les gens assez pointus sur la scène de l’est qui vont évoquer
Sabbat (JAP) ou
Tormentor. Et bien perdu, le plus vieux groupe de
Metal noir en activité, fondé avant même
Venom, est le combo tchèque Törr, fondé dès 1977 par Ota Hereš du haut de ses douze ans et géniteur plus tard de la première démo de Black
Metal de son pays avec son autre groupe
666 (Nekrofilie, 1983).
Il s’écoule parfois un laps de temps conséquent avant qu’un jeune groupe ne trouve un line-up stable et que les conditions soient réunies pour passer le cap d’un enregistrement, c’est très certainement le cas pour Törr qui a végété quelques années dans une cave ou une piaule avant de sortir sa première démo en 1984, en pleine émergence de la première vague Black
Metal.
Une complication particulière pour eux était le communisme dictatorial (pléonasme) en place à l’époque, qui interdisait la musique
Metal, les membres de Törr ont participé activement aux manifestations contre le régime, pas le biais de concerts ou des manifestations monstres place Venceslas. Le communisme balayé, les tchèques trouvent immédiatement un deal avec un label local dès le début de l’année 1990 et mettent enfin en boite leur premier full-length
Armageddon (1990), avant même leurs illustres compatriotes de
Master’s
Hammer. Ils partagent d’ailleurs avec ces derniers un goût pour l’humour et le second degré, ainsi qu’une volonté de chanter dans leur râpeuse langue maternelle.
La pochette donne le ton : sombre, le trio en photo avec ses instruments au milieu du célèbre ossuaire de Sedlec . Musicalement il n’y a pas de doute, on est en pleine première vague avec des guitares rappelant aussi bien les vieux
Mercyful Fate que
Venom ou
Hellhammer, tel un Heavy
Metal sombre avec un chant éraillé, il faut dire que les morceaux sont pour la plupart piochés sur leurs démos 1984-1990 et réenregistrés.
Après la courte intro clavier Chrám smrti, Žal propose un mid tempo empreint de noirceur dont le deuxième riff à 1:15 ne souffre aucune ambigüité sur la filiation
Celtic Frost, qui est logiquement assez prégnante ici et qu’on retrouve notamment sur Samota v smrti, ou encore sur Král mor, qui après un rot monumental en guise d’intro, enchaine sur un riff qui à deux notes près est la copie conforme de celui de Into the Crypts of Rays.
Beaucoup moins occulte : le début de Vrať se ke psům ressemble à s’y méprendre au refrain de Ouh la Menteuse de Dorothée (ou Haribo c'est beau la vie, ce sont les mêmes notes, un truc de fou, on a les références qu’on peut désolé), mais enchaine rapidement sur un gros riff Black / Thrash façon
Sabbat…
Parmi les autres morceaux notables d’
Armageddon, Smlouva s peklem et ses guitares lancinantes,
Lady Madeline est son côté Rock’n’Roll ou encore Posedlá et son Speed
Metal chaotique. Pour le reste le son est tout à fait acceptable pour un disque issu d’un studio dont les enregistrements
Metal étaient interdits un an auparavant, bien sûr un grand ingénieur du son avec du matos de fou aurait sûrement tiré autre chose de ce matériel, mais en se remettant dans le contexte, le résultat est plus que satisfaisant.
Cette scène tchèque extrême de la première heure a décidément un petit truc en plus, des gimmicks reconnaissables, un second degré assumé qui n’entache pourtant pas leur musique, et Törr n’échappe pas à la règle à l’instar de
Root et
Master’s
Hammer, le trio magique de cette ère.
BG
Super papier, je connaissais que de nom cette formation. Et merci pour le moment culture avec l'ossuaire, déjà vu sur une autre pochette de blackmetal (Nightwork, de mémoire) , dont je me demandais bien si c'était un truc construit pour l'occasion.
Yes pour le trio Törr, Root et Master's Hammer ! Ces trois groupes tchèques sont d'avant-garde, mais aussi assez kitsch à la fois, pays de l'Est oblige. De Törr, j'apprécie par exemple à sa juste valeur l'album Kladivo Na Čarodějnice enregistré en 1993, qui comprend ses vieux morceaux datant des eighties. Il y avait plein de bonnes choses du côté des pays de l'Est, sans que ces formations aient pu bénéficier des infrastructures similaires à l'Europe de l'Ouest et à l'Amérique du Nord. Plus orienté thrashmetal, je recommande aussi le disque Beware de 1989 du groupe russe SHAH, pour les égarés qui ne connaitraient pas encore. ++ FABIEN.
Ouais Shah c'est de la bombe aussi moi aussi j'adore.
Super chronique au passage comme d'hab.
Thrash'em all !!!
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