Arise!

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16/20
Nom du groupe Amebix
Nom de l'album Arise!
Type Album
Date de parution 1985
Style MusicalCrust
Membres possèdant cet album37

Tracklist

Bonustracks (Re-Issue 2000)
1.
 The Moor
 03:10
2.
 Axeman
 03:33
3.
 Fear of God
 03:13
4.
 Largactyl
 03:47
5.
 Drink and Be Merry
 06:08
6.
 Spoils of Victory
 04:17
7.
 Arise!
 05:23
8.
 Slave
 03:55
9.
 The Darkest Hour
 04:54
10.
 Right to Ride
 06:06
11.
 Beyond the Sun
 06:09

Durée totale : 50:35

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Amebix


Chronique @ da_sway

22 Fevrier 2011

Le témoignage immortalisé des balbutiements du crust

Alors qu'Hellbastard donna en 1986 avec la démo "Ripper Crust" le nom à ce genre émergent qu'était le crust, c'est bien Amebix, groupe du Devon au Royaume-Uni, qui posa les bases principales du style. Ce "Arise!" ainsi que son héritier "Monolith" sont considérés comme deux pierres angulaires du crust. Formé en 1978, le premier véritable full-length du groupe se fit attendre jusqu'en 1985 après que le groupe ait accepté la proposition de Jello Biafra des célèbres Dead Kennedys de rejoindre son label Alternative Tentacles.

Une des propriétés importantes d'Amebix qui démarquèrent le groupe et lancèrent l'idée du crust est sans contexte la noirceur née de leur tumultueuse et chaotique histoire, voire le nihilisme qui baignent dans leurs textes, leur look, leur logo et surtout leur son, particulièrement sombre pour l'époque, et qui dénote avec l'esprit plus axé révolutionnaire du punk "traditionnel". Des titres comme "Fear of God" avec son chant diffamateur et ses critiques acerbes ou le magistral "Arise!" et son appel revendicatif témoignent d'une telle prise de position.

Cet attitude pour le moins singulière transparait dans ce premier volume envoûtant et obscur. L'aspect ambiancé impropre au punk de l'époque ne tarde pas à se manifester, se basant à titre d'introduction sur le "Requiem" de György Ligeti qui ambiance la fameux film "2001, l'Odyssée de l'espace", lui attribuant le nom de "The Moor". D'autres titres, tantôt psychédéliques à l'instar d'"Axeman" tantôt mélancoliques tels les "Drink and Be Merry", "The Darkest Hour" et même le "Beyond The Sun" de la réédition de 2006 ainsi que l'usage récurrent de samples perpétuent cette atmosphère bien spécifique.

Pourtant, à l'écoute d'"Arise!", on peut bien se demander s'il s'agissait déjà réellement de crust. Mélange de post-punk proche de l'indus version Killing Joke, de Cold Wave dans le genre Joy Division, d'anarcho-punk comme Crass, de hard rock saturé et grésillant comme le fait Lemmy dans Motörhead et de heavy metal traditionnel et sombre à la Black Sabbath, on se retrouve avec un bourbier d'influences multiples... duquel nait une sorte de thrash metal difforme et quelque peu bâtard, à la fois parrallèle mais à des années lumières de la mentalité de la nouvelle vague que le Big Four faisait naître à la même époque.

Le titre "Largactyl", du nom d'un médicament antipsychotique, a été écrit selon l'expérience et à l'honneur de Martin, un ancien batteur qui fut exclu du groupe par ses propres parents qui l'envoyèrent à Londres, dont il souffrit de dépression avant d'être diagnostiqué schizophrène paranoïde. Musicalement, sa rythmique et son riffing saccadé et lourd aboutissent à cette étrange forme de thrash, qu'on retrouve de manière survitaminée dans la doublette "Spoils and Victory"/ "Slave".

La réédition en 2000 nous offre généreusement deux titres enregistrés en 1987 dont une perle signée "The Right to Ride" qui synthétise parfaitement l'esprit de l'album. On constate ainsi la judicieuse décision du groupe de l'intégrer à "Arise!", place qui lui convient comme un gant, alors qu'en cette même année sortait "Monolith" dont l'état d'esprit se révélait déjà un peu différent.

Cet album est le témoignage immortalisé des balbutiements du crust, et l'expérience troublante de son appréhension n'en reste pas moins époustouflante dans la richesse des sentiments dégagés et des influences synthétisées. Son statut culte est nullement usurpé et l'influence du groupe mené par le "Baron" Rob Miller n'est surtout pas à négliger, des groupes comme Sepultura, Neurosis, Napalm Death ou encore Deviated Instinct leur ayant rendu de vibrants hommages.

1 Commentaire

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Videopunk - 24 Juillet 2011: A noter le jeu du baron qui se servait de sa basse comme d'une guitare rythmique ultra saturé.
Encore aujourd'hui les bassistes de crust s'en inspirent car c'est un des éléments clef qui explique ce son si crasseux !

Très bon groupe, magnifique album.
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Chronique @ Ghoule

04 Janvier 2012

Arise!

Pénétrer l’univers d’Amebix, c’est noircir à jamais son âme et pervertir ses pensées, c’est s’enfoncer dans l’insondable et se rapprocher de l’inéluctable. C’est se noyer dans les miasmes nauséabonds de squats glauques. Amebix joue son monde et vit sa musique. Amebix se nourrit d’un monde qui a besoin de lui pour vivre. Symbiose des matières. Fusion de la Vie et de l’Art. Mais scission du destin et dysfonctionnement fatal. Jamais mérite et destin n’avaient été si disproportionnés et éloignés l’un de l’autre. Rarement dans ces sphères un groupe n’avait autant répondu aux mots : respect, inspiration, fascination. Fascination, mais fascination morbide pour un groupe maudit, marqué du sceau de la fatalité.

Le blanc devient noir, la joie, mélancolie et la vie s’efface…

Si le Chaos décidait un jour de se réincarner, sans nul doute qu’il choisirait Amebix pour le faire, tant le parcours de ce groupe s’apparente à un chemin de croix. Portant son fardeau éternellement, banni des cieux du succès mais arrivé au paradis de la reconnaissance. Combien de groupe à se dire d’obédience " amebixienne " ? Sepultura(qui a tout simplement nommé son album “Arise” en hommage aux Anglais) ENT, et par extension, toute la vague crust. Un groupe au spectre d’influence inimaginable, du moins pour un groupe se disant punk. C’est bien là où le bât blesse. Amebix ne se contente pas de cracher du " No future " maintes fois rabâché sous sa forme la plus primaire et la plus basique. Ni de balancer sa musique sur trois accords maxi. Amebix a eu le temps de mûrir sa musique et de réfléchir son discours.

Il faut quand même se dire que le groupe est de la fin de 70’s, 1978 exactement, pour situer, pas loin des tout débuts de Maiden et juste après Discharge, mais sortira son 1 er album… 7 ans plus tard. Alors que même la Vierge de Fer, qu’on cite généralement en exemple de persévérance, n’avait pas dû autant pousser les portes de la réussite (quoique Maiden a sorti sa démo en 79). Même leurs collègues d'Antisect ont sorti leur album avant, c'est dire.

Courant 1978 dans le Devon, les frères Miller, Chris et Rob, décident de monter un groupe avec deux de leurs potes d’école Andy Jug et Clive, The Band With No Name. Le ton est donné. Le quatuor enregistre une 1 ère démo de 6 titres avec les moyens du bord, c’est-à-dire dans leur piaule. Grâce aux contacts acquis avec son job de chroniqueur musical, Rob arrive à faire parvenir à Crass un exemplaire de la démo, lesquels charmés, les feront tout simplement apparaitre sur la compilation Bullshit Detector sur leur propre label, Crass Records. A la suite de quoi le groupe remanie ses rangs en engageant Martin à la place de Jug, époque à laquelle ils changent de nom. Désormais ce sera Amebix. Que démarre ainsi la légende funeste…

C’est à partir de là que ça vrille. Le groupe déménage à Bristol et engage au passage un clavieriste. Et oui, un clavier dans un groupe punk. Chose rarissime pour être soulignée. Dès lors et pendant 4 ans les membres vont s’abandonner aux plaisirs artificiels (durs), volant leur pitance pour ne pas mendier – par principe-, errant de squats en squats. Le mode de vie crust était né.

Après une fournée d’Ep acclamés par la scène punk (Who’s The Enemy, Winter et No Sanctuary) et divers changements de line up, le groupe décroche en 1985 un deal sur le label de Jello Biaffra, Alternatives Tentacles, pour enfin, au bout de 7 ans, enregistrer leur 1 er album, Arise!

Alors encore orientés assez anarcho punk sur leurs premiers ep, les Anglais vont carrément prendre la tangente metal, digérant du même coup toutes leurs influences à la fois; Killing Joke, Black Sabbath, Les Clash, Crass ou encore Motörhead. Involontairement, Amebix va peindre la toile de fond sonore des crusties à gros coups de guitares rugueuses et lourdes et de contorsions structurelles. Si personne ne l’a fait avant, pourquoi pas nous? Tels ont dû être les mots de Rob, qui se fait désormais appeler le Baron. Amebix décide d’aller sur des chemins tortueux, autant dans la musique en elle-même, que dans ce nihilisme exacerbé, leur thème de prédilection.

Lâchant son flot de riffs lourds et sombres, Le Baron, pallie son manque évident de grande technique par un jeu atypique et vif, sur une basse agressive et hyper saturée,remplissant l’atmosphère d’une infinité de résonances froides et cybernétiques, comblant l’espace d’un essaim de notes vaporeuses, agissant comme un vecteur, l’artère même de la chanson, nous dirigeant à sa guise dans les entrailles du désespoir amebixien, mais laissant au plus juste la place à Stig pour caler ses lignes de grattes et solis tantôt cristallins tantôt acides et Spider ses parties de batterie nerveuses et riches en breaks.

La singularité d’Amebix ne se situe pas seulement dans le jeu de basse particulier du Baron. Ni encore dans le chant, là aussi en rupture avec les standards habituels, avec ses vociférations et ses longues agonies plaintives. Ou encore avec l’utilisation d’un clavier – alors totalement inédit pour un groupe de punk dur – et ses frêles nappes se déversant avec indolence dans ce marasme. Non. Amebix fait, défait, et re-construit ses morceaux avec le souci du détail, multipliant les plans bizarroïdes, les passages flottants, les accélérations vicieuses et les ralentissements visqueux où viennent mourir les mots et les râles. Le tout noyé dans un magma purulent d’où s’échappe un doux fumet de putréfaction, palpable et mauvais. Empêtrés dans ce destin miséreux, prédestinés à un déclin inexorable, mais à jamais voués à leur musique.

Amebix joue son monde et vit sa musique.

Quelle autre phrase peut mieux décrire ce groupe? Défricheur d’horizons et fol alchimiste des genres, rendant presque le punk technique, j’oserai dire. Avec un feeling déconcertant, les Anglais posent ici tout simplement les bases du crust tel qu’il sera dorénavant joué: lourd, metal, complexe, tordu, désespéré. Amebix, cet enfant prodige du punk, celui qui a osé le mélange définitif des genres, mariant le message à la musique dans une union improbable, mais avec une réussite et un talent indéniable. Amebix cet éternel crépuscule.

Le blanc devient noir, la joie, mélancolie et la vie s’efface…

2 Commentaires

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grogwy - 28 Mai 2017:

Miracle une chronique de Ghoule encore en ligne !

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