Liste des groupes Metal Mélodique Averlanche Arctic Atlas

Trois années envolées déjà depuis son palpitant premier album studio, « Life's Phenomenon »... D'aucuns n'étaient alors pas loin de penser, à tort, les espoirs de pérennité du projet du combo finlandais à jamais envolés. Ce serait faire fi de son indéfectible motivation à en découdre, et ce, dans un registre metal mélodique à chant féminin aujourd'hui encore en proie à une féroce concurrence. Aussi, aux fins d'un travail en studio des plus minutieux doublé d'un changement de line-up, le collectif nord-européen concoctera-t-il la bagatelle de quatre singles (« In the Theater of Fire » et « Killing Floor » en 2022 ; « Little Lotus » et « Black Butterflies' Night » en 2023) qui, tous, trouveront leur place parmi les 11 pistes de son second et présent opus de longue durée, « Arctic Atlas », signé, lui, chez le modeste label finlandais JVR Agency. Six ans après sa sortie de terre, la troupe aurait-elle dès lors les armes requises pour caresser l'espoir de rejoindre les valeurs montantes de ce si convoité espace metal ?

Dans ce dessein, se retrouvent agrégés les talents de la frontwoman au cristallin filet de voix Rebecca Spörl, du guitariste Otto Haalahti et du claviériste Antti Kopra, le batteur Antti Pätsi ayant, lui, été remplacé par Henri Tenhunen, en 2021, et le bassiste/guitariste Joonas Hämäläinen (Serotonin Syndrome), pour sa part, quitté le navire. Pour l'occasion, deux invités sont également de la partie, à savoir : Ville Vesala (Crucify The Faith), à la basse, et Sarah Haalahti, au violoncelle. Ce faisant, et conformément aux aspirations premières du groupe, les 36 minutes de la rondelle nous immergent au sein d'un espace rock'n'metal mélodique aux relents power, symphonique, gothique, progressif et pop rock, à nouveau dans la veine de Tales Of Evening, Delain, Beyond The Black et Angelical Tears.
Produit et mixé par le batteur Joonas Rinne (ex- Boreal Grin), et mastérisé aux Finnvox Studios, à Helsinki, par un certain Mika Jussila (Amberian Dawn, Amorphis, Avantasia, Edenbridge, Masterplan, Nightwish, Sonata Arctica, Stratovarius...), le méfait ne concède pas l'ombre d'une sonorité parasite tout en offrant, comme son aîné, une saisissante profondeur de champ acoustique. Tous les voyants seraient alors au vert pour nous octroyer une traversée des plus sécurisées...

A l'aune de son devancier, ce second propos se fait volontiers pulsionnel, non sans essaimer quelques pépites dans son sillage. Ainsi, par un subtil fondu enchaîné, la laconique, atmosphérique et somme toute dispensable entame « -273.16 °C » cédera le pas au ''delainien'' « In the Theater of Fire ». Up tempo aux riffs corrosifs, doté de sémillants gimmicks guitaristiques, calé sur une sente mélodique des plus enivrantes et mis en habits de lumière par les fluides inflexions de la sirène, ce vibrant single s'assimilerait à un véritable hit en puissance, que l'on ne quittera qu'à regret. Tout aussi enfiévré, et non sans rappeler Angelical Tears, l'impulsif et aérien single « Killing Floor » nous gratifie, lui, d'émoustillants arpèges d'accords et d'un fringant solo de guitare. Dans cette lignée, on retiendra, enfin, le frondeur et jovial « Atlas of Heart » tant pour ses enchaînements intra piste ultra sécurisés que pour l'efficacité de son refrain.

Moins directement orientés vers les charts, d'autres espaces d'expression pourront, à leur tour, nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste, d'une part, « Heartache Parade », tonique up tempo metal mélodique gothique aux inaltérables et puissants coups de boutoir ; pourvu d'un fin legato à la lead guitare, d'une basse vrombissante et mis en exergue par les claires impulsions de la déesse, le truculent effort poussera assurément le chaland à un headbang bien senti, et ce, en dépit d'une sente mélodique un poil linéarisée. Dans cette dynamique, on retiendra non moins l'enjoué « Polaris » tant pour son riffing saccadé que pour son refrain catchy, mis en exergue par les cristallines ondulations de la belle. Démarrant, lui, tel une langoureuse ballade, le polyrythmique « Arctica » ne tardera pas à libérer une fulgurante accélération ; sauvegardant parallèlement une mélodicité toute de fines nuances cousue, à la manière de Beyond The Black, la troupe trouve là encore matière à nous assigner à résidence. Mais le magicien aurait encore d'autres tours dans sa manche...

A l'image de son aîné, ce manifeste d'obédience metal mélodique flirte parfois avec l'univers pop rock, une combinatoire stylistique loin d'être anodine et non dépourvue d'arguments pour nous faire plier l'échine. Ce que prouvent, en premier lieu, « Island Across » et « Little Lotus », mid up tempi mélodico-symphonico-progressifs à la croisée des chemins entre Tales Of Evening et Angelical Tears ; dévoilant tous deux une insoupçonnée et grisante montée en régime du corps orchestral doublée d'un pont techniciste du plus bel effet à mi-morceau, ainsi qu'un refrain immersif à souhait encensé par les troublantes patines de la princesse, et un flamboyant solo de guitare, ces vibrants efforts ne sauraient être éludés. Dans cette énergie s'inscrit également l'up tempo pop metal atmosphérique « She & the Dark Winter », une souriante offrande glissant le long d'une radieuse rivière mélodique tout en disséminant de saillants coups d'olives. Et là encore, la sauce prend sans tarder.

Que l'aficionado de moments intimistes se rassure, nos compères ne l'auront pas laissé pour compte. Ils lui ont même concocté une pièce d'une sensibilité à fleur de peau, apte à déclencher la petite larme au coin de l'oeil. Ce qu'illustre la ballade a-rythmique « Black Butterflies' Night », caressante et savoureuse offrande que n'aurait nullement reniée Tales Of Evening ; à l'image de « Flowers », du précédent opus, la tendre et atmosphérique aubade égraine de délicats arpèges au piano tout en voguant sur un sillon mélodique des plus enveloppants. Mis en habits de soie par le frissonnant coup d'archet esquissé par la violoncelliste corrélativement aux célestes volutes de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié comblera assurément les plus exigeantes des attentes de l'amateur d'espaces tamisés.

A l'issue de cet engageant parcours, force est d'observer que les trois années d'attente ont porté leurs fruits, le collectif nous octroyant dès lors un propos rayonnant, à l'écriture délicate et techniquement abouti. Le palpitant méfait laisse également entrevoir une ingénierie du son rutilante doublée d'arrangements de bon aloi, ayant pour corolaire des lignes mélodiques finement sculptées et une empreinte vocale éminemment prégnante. De louables qualités faisant de ce second méfait un digne héritier de son illustre aîné. On aurait cependant souhaité, là encore, des exercices de style plus diversifiés qu'ils n'apparaissant ainsi que l'une ou l'autre prise de risque consentie par le quartet finlandais. Aussi, s'il parvient à maintenir l'attention constante, le message musical ainsi délivré ne permet pas encore au collectif nord-européen de se démarquer de ses si nombreux concurrents. Quoi qu'il en soit, à l'aune d'un deuxième mouvement des plus émoustillants et d'une confondante fluidité, le combo serait loin d'être dépourvu d'arguments pour espérer se hisser désormais parmi les valeurs montantes du metal mélodique à chant féminin. Wait and see...