Quatre longues années après avoir marqué le microcosme du métal extrême hexagonal avec la publication du très bon «
Beyond Phobia », les montpelliérains d’
Antropofago ont sorti pendant cet été, son deuxième long format intitulé « Aera
Dementia » chez Kaotoxin Records.
En préambule, il est important de souligner la présence de guests de choix comme Nicolas Alberny de
Gorod, ou de notre Laurent national (alias Beergrinder) des talentueux
Nephren-Ka ainsi que des membres actuels ou passés de
Insain et de
Savage Annihilation et, que l’artwork est l’œuvre de Mythrid Art qui s’est notamment chargé de visuels de formations reconnues comme
Kronos.
«
Beyond Phobia », comme son titre l’indiquait, avait pour thème central les phobies, il était tout naturelle que le groupe poursuive sur la voix des pathologies mentales avec comme sujet principal sur ce dernier méfait, la démence, nommant ainsi son œuvre « Aera Dementiae ».
Après une petite introduction tout à fait dérangeante,
Antropofago nous happe instantanément dans l’antre de la folie dont il demeure le maître incontestable, dont l’oppression et la démence, sont ses armes principales. Au-delà de l’atmosphère étouffante qui habite les compositions du quintette, la violence qui émane de « Aera Dementiae » est également non négligeable. En effet, la déraison mentale est ici dépeinte à grands coups de riffs acérés («
Encounter With The Doppelgänger », «
Helter Skelter », « Paranoid
Visions Part 2 ou «
Insania Lupina » et le morceau-titre) en forme d’uppercut qui laisseront quelques gencives endolories. Les nombreuses rythmiques frénétiques inhérentes au style pratiqué par le groupe sur l’ensemble de l’album, accentuent également ce sentiment d’oppression, la furie étant servie par des cadences infernales.
Les morceaux s’enchaînent avec une homogénéité impressionnante mais
Antropofago sait varier son propos à l’aide d’une alternance de tempos bienvenue, permettant à l’auditeur d’éviter une asphyxie inéluctable et certaine comme sur «
Voices », «
God Ov
Fire », «
Helter Skelter » ou « The Other Me », pour ne citer que ces compositions. Les blasts hystériques succèdent ou suivent quelques mid-tempos puissant et massifs, donnant beaucoup de dynamisme à l’ensemble, évitant ainsi, l’écueil de la linéarité et l’impression d’écouter un blast permanent.
Tous les titres sont du même caveau sur ce disque mais « Aera Demantiae » ressort indéniablement du lot avec son commencement à la limite de la ballade sirupeuse avant qu’un puissant mid-tempo ne prenne le relais pour un final épique. Cette composition se fait remarquer par son riffing ultra puissant et son ambiance malsaine et dérangée, le monde schizophrène d’
Antropofago prend alors tout son sens. Votre serviteur a également un petit faible pour le bonus-track « Tourette », faisant sans doute référence au syndrome du même nom, qui, en matière de boucherie-charcuterie est un ravissement auditif personnel non feint.
Côté musiciens, rien à redire non plus, les bougres avoinent sévère, le tout avec une technicité impressionnante, la section rythmique fait preuve d’une précision chirurgicale, une paire de guitaristes qui savent allier technicité, complexité et accessibilité, se permettant même le luxe de décocher quelques solos bien sentis (« Paranoid Visons Part 2 », «
Voices » ou « Body Cell »), soutenu par les vociférations convaincantes de Melmoth.
Le principal souci de cet opus est, à mon sens, sa production. Alors, effectivement, celle-ci est assez claire pour un rendu distinct de chaque instrument, mais elle manque de rondeur, de force et de profondeur. Un son plus musclé aurait tiré vers le haut les morceaux dont la qualité intrinsèque n’est pas à remettre en cause, mais force est de constater que la mise en son lisse l’ensemble pour finalement desservir « Aera Dementiae ». L’agencement et l’écriture de cet enregistrement se veut ambitieuse, ne laissant rien au hasard et, afin de pouvoir franchir un nouveau cap, il faudra que le groupe remédie à ce problème et se dote d’une enveloppe sonore à la hauteur de sa qualité technique, de sa puissance et de son intelligence d’écriture.
Avec « Aera Dementiae »,
Antropofago surpasse allègrement «
Beyond Phobia », proposant un disque à la fois plus technique, plus ambitieux et plus abouti, propulsant, de ce fait, les montpelliérains au rang d’outsider sérieux de la scène extrême hexagonale. Mais afin de confirmer à l’avenir ce statut, il faudra que le successeur de «
Area Dementiae » se dote d’une production plus bodybuildée pour mettre en exergue toutes les qualités de la formation et de ses compositions, ce qui n’est pas le cas ici.
- Ecoute bien "Body Cell", la basse est tellement dénuée de saturation et claire qu'elle en sonne acoustique. A partir de 2min57-58 par exemple, mais faut bien tendre l'oreille
- Sur "Paranoid Visions pt2", tu fais allusion à quelle partie du morceau ? A partir de 2min15, ou le breffissime motif calme qui vient juste après ?
Pour "God ov Fire" tu parles de patterns, quand je parle de variations. Oui il y a plusieurs patterns, mais chacun bien limité à sa part du riff. Il n'y a aucune variation entre les temps, surprise, alors que ça aurait été bénéfique, de la spontanéité. Ça suit le riff, et ça change quand il change.
- Le solo commence à 2:15 oui, avec un lead avant. Il est pas trop fort mais est bien là derrière le chant.
- "Derrière le chant" oui, d'où mon premier "vrai" solo. J'ai pas explicité le sens du mot "vrai" en effet...
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