Liste des groupes Folk Pagan Osi And The Jupiter Appalachia

Allez, un peu de finesse dans ce monde de brutes. Prenez un sac à dos, chaussez vos godasses de rando et évadez-vous. Eloignez-vous du tumulte assourdissant de la ville, laissez derrière vous cette agitation vaine et délétère, et sentez comme votre âme s’allège au fil de vos pas. Marchez, marchez longtemps, encore plus loin, cheminez jusqu’à vous retrouver totalement seul avec vous-même, puis arrêtez-vous, là à l’orée de cette forêt impénétrable, au pied de ces montagnes fières et impassibles qui partent à l’assaut du ciel, ou au bord de ce ruisseau sauvage qui babille sous les ardents rayons du soleil. Maintenant, asseyez-vous, fermez les yeux, et respirez. Sentez-vous vivant. Et surtout, écoutez. Ecoutez le silence apaisant de cette nature antédiluvienne traversé par les mille bruits de la vie. Ce chant de la nature, Osi and the Jupiter s’évertue à le retranscrire depuis 2016, et c’est cette fois dans les Appalaches que nous emmène le duo états-unien, le temps d’un EP dont la musique, douce et intemporelle, semble ménager un havre de paix et de bien-être au milieu d’une existence bien trop souvent passée à courir contre la montre et à gesticuler dans le vide.

Encore une fois, la magie opère et durant ces trois titres, le temps semble gracieusement suspendre son vol. La musique, aussi sensible que viscérale, semble nous ramener à la terre, à la source, aux origines, nous reconnecter avec des énergies oubliées depuis des siècles, rendues désuètes par une vanité et une soif de progrès égocentrée et autodestructrice. Pas de changement de cap dans la musique du groupe, qui s’inscrit dans la parfaite continuité de l’excellent Nordlige Runaskog de l’année passée. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l’art de Sean Kratz et Kakophonix, il s’agit d’un folk forestier et onirique qui nous caresse les oreilles de son souffle léger et ensorcelant. Principalement instrumental, l’art musical du duo s’articule autour du violoncelle qui émet de longues plaintes déchirantes nous transportant dans une autre dimension, à l’instar du magnifique They Ride Through the Sky on Horse Drawn Chariots, dont les notes à la fois virevoltantes et feutrées nous hypnotisent, suggérant des formes évanescentes d’une grâce sans pareille. Le chant de la nature dans toute sa pureté, une musique simple, belle et touchante qui nous va droit au cœur. Sur le titre éponyme, c’est la guitare qui nous accueille avec un arpège calme, tandis que le chant lancinant de Kratz et le violon viennent compléter cette belle balade sylvestre.
On se retrouve donc avec des mélodies à la fois légères et poignantes, parfaites pour illustrer une évasion dans les grands espaces nord américains (les images surgissent et on se surprend parfois à penser à Into the Wild), renvoyant aux passages les plus épurés et émotionnels de Wardruna, Tenhi ou Neun Welten. L’ensemble est sans artifice, un folk acoustique et minimaliste à l'aura presque sacrée qui ne s’encombre pas des expérimentations dark électro ou indus de la scène néo folk actuelle, nous prenant par la main et nous chuchotant les légendes millénaires de ces paysages majestueux oubliés de l’homme.

En résumé, si vous voulez faire une pause, Appalachia est idéal, évasion de 21 minutes qui vous permettra de voyager, de vous ressourcer et de respirer un grand coup avant de replonger dans la pantomime grise et usante de la vie quotidienne. Salvateur en cette période étouffante de retour de pandémie et de canicule…