Il existe des tas de styles de metal bien différents les uns des autres, mais il semblerait que beaucoup de pays se laissent influencer par les tendances actuelles, à savoir le metal moderne et expérimental à coups de structures mathématiques et de touches industrielles.
Doppler, originaire de Madrid, ne déroge pas à la règle et se laisse embarquer dans cette immense vague de formations aux relents polyrythmiques. Cependant, le quatuor ne tombe pas pour autant dans la facilité et il faut dire que pour un premier opus, les Espagnols arrivent à sortir du lot avec un math/indus loin d'être totalement banal.
En effet, les musiciens ne se contentent pas d'intégrer un max de technique afin de se faire comprendre. Certes, les influences vont de
Meshuggah en passant par les petits jeunots de
The Interbeing pour ne citer qu'eux, mais en tout cas, le mix de parties brutales, expérimentales, death metal et ambientes font de ce « Apophenia: Type I
Error » un album quelque peu à part. Même si le visuel rappelle le design cybernétique des récentes formations,
Doppler s'en éloigne et nous emmène dans une autre machine : le cerveau humain. Nous suivons donc les différentes phases d'un esprit torturé et schizophrénique, si bien que ce côté perturbé se retrouve irrémédiablement dans la musique, grâce à des hurlements maladifs, des saccades perturbées et une arythmie omniprésente (« The Delinery and the
Giant » ou le trio des « Falling »).
Dès « Pareidolia », on sent ce côté mathématique couplé à l'indus, mais ce dernier est loin d'être omniprésent, bien au contraire. Soit il appuie certaines parties, soit il créé une ambiance toute particulière, mais ce sont bien les guitares et les cris d'Albano qui mènent la danse, en mettant l'accent sur une agressivité certaine. C'est tranchant, rentre dedans, loin d'être gentillet ni lumineux, tout est fait pour que l'auditeur se croit perdu dans cet esprit malade. Même si « Asynchronous
Forms » paraît un chouillat plus facile d'accès avec son ouverture très moderne et embarquante, on a vite fait de tomber dans les expérimentations de
Doppler, qui n'hésite pas à intégrer quelques pig squeals ainsi que quelques riffs proche du death metal. Sans oublier ce break très meshuggesque.
Malgré un groove immense et forcément un peu lassant sur la fin, on peut vite ressentir certaines linéarités, notamment au niveau du chant, trop souvent hurlé et peu modulé (hormis les quelques pig squeals et cris à tendance black), des guitares trop carrées, et du manque de variation au niveau du rythme. Peu voire pas d'accélérations dignes de ce nom viennent contrebalancer ce tempo plutôt moyen, ce qui reste dommage. Heureusement toutefois qu'il y a l'indus et d'autres styles extrêmes pour diversifier cet opus.
Doppler livre un album tout à fait correct, s'avérant être bon au fil des écoutes. Le temps nous donne toutes les clés nécessaires pour apprécier la musique du quatuor, ces derniers pouvant apporter un peu de sang frais à l'Espagne, avec en plus une production signée Jacob Hansen (
Heaven Shall Burn,
Raunchy,
Aborted) après un passage aux Sadman Studios.
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