Apnoe

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13/20
Nom du groupe Todtgelichter
Nom de l'album Apnoe
Type Album
Date de parution 15 Avril 2013
Enregistré à Hammer Studios
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 Embers
 07:28
2.
 Lights of Highways
 05:42
3.
 Beyond Silence
 05:46
4.
 Kollision
 03:46
5.
 Tiefer Fall
 04:54
6.
 Expectations
 04:24
7.
 Soil
 05:59
8.
 Torn
 06:14
9.
 Until It All Begins
 04:50
10.
 Odem
 03:41

Durée totale : 52:44

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Todtgelichter


Chronique @ Icare

21 Juin 2013

La musique est surprenante, fraîche et franchement originale, mais ne parvient que trop rarement à nous transcender.

Todtgelichter, ce nom ne vous dira peut-être rien, et pour cause. Groupe formé en 2002 sur une scène black allemande surpeuplée et riche en groupes à l’identité musicale et conceptuelle très marquée ( Secrets Of the Moon, Helrunar, Endstille, Dark Fortress pour ne citer qu’eux), le combo a sorti 3 albums entre 2005 et 2010, noyés dans la pléthore des sorties du genre. Ceci dit, on sent qu’avec Apnoe, les Hambourgeois ont décidé de changer la donne et comptent bien se détacher de la masse, en réinventant littéralement leur black metal, lui insufflant une réelle dimension progressive et avant-gardiste. C’est souvent grâce à de telles œuvres que la scène black peut conserver un souffle créateur salvateur qui lui permet de se renouveler sans cesse et de se décliner à l‘infini, et l’apport de groupes tels Arcturus, Ved Buens Ende ou In The Woods ne viendra certainement pas me contredire. Sauf qu’ici, contrairement aux réalisations de ces grands noms, le résultat est mitigé.

La musique de Todtgelichter n’est pas évidente à décrire, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les pistes se suivent et ne se ressemblent pas. Il reste certes une assise black sur certains titres (Embers, Torns), et l’instrumentation en général reste ancrée dans le metal, mais cataloguer la musique du combo germain est tout sauf aisé. Apnoe semble se complaire à explorer différents univers musicaux avec plus ou moins de bonheur, et à nuancer sa palette musicale de nombreuses teintes différentes pour contraster et enrichir son oeuvre.
Les Allemands mêlent des influences neo folk, post rock et gothiques, rappelant au détour d’un riff, d’une mélodie ou d’une atmosphère des groupes comme Nucleus Torn ( Soil, notamment) The Prophecy et The Silence Agony (Beyond Silence et ses guitares que l‘on croirait droit sorties de The Silence of Insanity), Fen ou Negura Bunget (notamment sur le trip ethnico atmos’ de Kollision). De douces ballades mélancoliques côtoient des compositions plus musclées et rugueuses, les voix claires, féminines et masculines, qui dominent largement l’opus, cohabitent avec le chant black, et le plus souvent, les humeurs se mêlent au sein d’un même morceau, ce qui nous donne au final une musique riche et imprévisible mais relativement difficile à appréhender.

A titre d’exemple, Ember, qui entame la galette, nous balance d’entrée un riff et une rythmique bien lourds avec une batterie solide, qui se fondent sur le refrain en des guitares lancinantes sur laquelle vient se greffer une voix claire un brin nasillarde. Le tout sonne très gothique, rappelant des combos comme Septic Flesh période Revolution DNA, On Thorns I Lay ou the Silent Agony. Certaines parties de guitares sont vraiment réussies, la noblesse désespérée du gothique couplée à ce rythme plutôt martial et saccadé du début donne un morceau intéressant à plus d'un titre, même s’il n’est pas transcendant. Dès 3 minutes 40, on a une montée en puissance progressive appuyée par une descente de toms, et des grattes aériennes très postrock viennent sublimer l’ensemble. Todtgelichter nous dévoile en ces 8 minutes un titre riche, dense et varié, qui est un parfait condensé de son univers musical.
S’ensuit Lights of Highways, qui débute sur un pincement de cordes aux sonorité étranges - mélodie sombre qui servira de fil rouge au titre - et se poursuit sur une base qui renvoie au doom rock mélancolique. La musique est intimiste et presque minimaliste sur les couplets, très feutrés, entonnés par une voix féminine chaude et profonde (que l‘on retrouvera d’ailleurs sur une grande majorité des titres, notamment la lancinante et prenante Soil ou le très dépouillé et acoustique Untill It All Begins) qui n’est pas sans rappeler Stephanie Duchêne qui officiait chez les compatriotes de Flowing Tears. Le refrain est plus accrocheur, mêlant en une brillante osmose l’explosion metallique des instruments, la voix black du chanteur, qui apporte une agressivité bienvenue, et cette voix féminine toujours aussi simple et chaude pour un contraste douceur/agressivité assez intéressant, le tout toujours sur fond de guitares éthérées à la Fen qui renvoient immanquablement à la scène post rock.
Certaines parties de Expectations ou Odem sonnent clairement punk rock, rappelant des groupes précurseurs comme At the Drive, In Kollision est exclusivement une piste ambiant et tribale qui renvoie aux délires ethniques d’un Negura Bunget qui aurait croisé la route de Rajna, Beyond Silence semble être un hymne gothique, qui ne dépaillerait pas sur un album de The Prophecy ou The Silent Agony, avec ces voix traînantes et dépressives et ces guitares mélancoliques… Il y a indubitablement à boire et à manger sur Apnoe, et nul doute que les amateurs de musique originale et décomplexée apprécieront cette diversité et cette richesse musicales.

Tout ça sur le papier, ça paraît bien beau, alors, où est le hic, me demanderez-vous sûrement? J’y viens. Pour reprendre la métaphore picturale, le problème de cet album, c’est que trop souvent, les contours ne sont qu’esquissés, et les tons apparaissent trop pâles, délavés, comme noyés dans la luxuriance sauvage de l’ensemble. A vouloir trop en faire, à vouloir étaler un univers trop vaste et éclaté sur sa toile, Todtgelichter finit parfois par se - et nous - perdre, et même si l’écoute des 10 morceaux qui composent cette galette reste toujours agréable, le tout manque parfois d’intensité, de relief et de profondeur.
La musique n’est pas mauvaise, loin de là, le tout est proprement exécuté, certaines parties sont même réellement réussies et parviennent à nous embarquer le temps de quelques voluptueux instants, la musique de Todtgelichter est surprenante, fraîche et franchement originale, mais ne parvient que trop rarement à nous transcender, à nous immerger totalement dans l‘univers ambitieux que le combo prétend tisser au fil de ses compositions.

Osons le mot: le tout manque de corps et surtout d’âme, de cet élan vital et instinctif, de cette émotion viscérale qui, dans tout bon album de black metal, se doit de vous prendre aux trippes, au cœur et de s’emparer irrémédiablement de vos sens. Alors que les Allemands prétendent évoluer dans un registre avantgardiste où les atmosphères et les expérimentations jouent un rôle essentiel, l’ambiance fait défaut, n’étant pas assez appuyée, les parties expérimentales sont, paradoxalement, trop dépouillées et manquent de relief, et les passages plus purement metal ne sont pas assez intenses… Le cas Todtgelichter est complexe, et le constat est souvent indécis : on se dit tantôt que Apnoe est trop complexe, trop cérébral, trop éclaté, et le moment d’après, on va reprocher aux Teutons de ne pas plus appuyer leurs ambiances et d’être trop minimalistes. Le sentiment de l’auditeur est toujours mitigé, il manque un véritable fil directeur qui lierait les compos les unes au autres pour donner un tout plus homogène, et les pistes manquent d’une certaine épaisseur pour être vraiment captivantes.
En fait, on a souvent la fâcheuse impression de n’avoir affaire qu’à de bonnes ébauches de titres qui, avec un peu plus de maturation - maturité? - auraient pu donner un résultat excellent, car les idées sont là, c’est juste qu’elles ne semblent pas exploitées à fond. A ce propos, l’un des points faibles de l’album à mon sens, ce sont les voix : elles sont impeccablement justes, mais manquent d’émotion, semblent parfois vides et atones, se contentant de réciter leurs partitions sans réelle conviction, ce qui, au vu du style pratiqué, qui se veut atmosphérique et émotionnel, ne pardonne pas. Si les vocaux avaient été plus habités, plus intenses, et si l’ambiance avait été moins superficielle , nul doute que l’on tiendrait en Apnoe un excellent album.

Ne nous y trompons pas, Apnoe reste toutefois une bonne réalisation, originale, proprement réalisée et regorgeant de bonnes idées, mais on ne peut pas s’empêcher de se sentir frustré à l’écoute de ces titres qui ont trop souvent un arrière-goût d’inachevé. Il ne fait ceci dit aucun doute qu’Apnoe est le genre d’album qui demande un réel investissement et une certaine patience à l’auditeur pour parvenir à pénétrer son univers si particulier, c’est donc avec le temps, au fil des écoutes, que les compos des Allemands délivront leurs secrets et, à défaut de nous faire atteindre le firmament, se graveront dans notre esprit et nous réserveront quelques très beaux moments de mélomanie. Il est certain qu’avec cette réalisation atypique, Todtgelichter saura séduire bon nombre d‘entre vous, alors, qui sait, laissez vous tenter par ce voyage musical, peut-être que vous découvrirez de nouveaux horizons sonores qui parviendront à vous envoûter…




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Ensifer - 29 Décembre 2013: Bonne chro', bien précise et référencée. Malgré tout, ayant beaucoup aimé Angst, je vais quand même tenter l'écouter de leur dernière galette !
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