Crematory est un groupe qu’on ne présente plus. Après quelques changements de line-up et, handicapé par des sorties médiocres ("Klugebilder", "
Pray"), le quintette n’a jamais eu la reconnaissance escomptée. Il faut dire que la musique de la formation a beaucoup évolué depuis ses débuts, passant du "death-metal" gothique à une sorte de metal hybride moins abrupte, toujours enrobé d’ambiances "gothisantes". Qu’en est-il de "
Antiserum", treizième album du groupe à paraître chez Spv? Réponse en fin de chronique.
Niveau artwork, pas beaucoup d’évolution,
Crematory n’a jamais été réputé pour la qualité de ses visuels qui sont, soit quelconques ("
Believe" ou "
Revolution"), soit affreux ("
Awake" ou "
Illusion"). Je sais, les goûts et les couleurs… "
Antiserum" sera à classer dans la case « quelconque », même si un effort a été fait sur le graphisme avec un côté futuriste mis en avant.
Le disque débute par "Apocalyptic vision", qui est une introduction au morceau suivant "Until the end". Là encore, pas de grandes évolutions par rapport aux récents efforts du groupe. Les claviers sont omniprésents, le rythme est entraînant et Gerhard Felix Stass alterne entre vocaux typiquement "death" et un chant clair bien maîtrisé qui rappelle parfois celui de Nick Holmes (
Paradise Lost). Certaines compositions sortent du lot comme "
Shadowmaker" à la rythmique un peu plus appuyée. Le morceau est immédiat et presque dansant. cela sera aussi le cas sur "
Virus", "Welcome", au refrain entêtant, et le très "rammsteinien", "Kommt Nährer".
Crematory essaie de nous rappeler à notre bon souvenir de leurs débuts en appuyant davantage le riff, comme sur "
Inside your eyes", où la guitare de Matthias Hechler se fait plus saccadée, guidée par la double-pédale de Markus Jullich et, également sur "
Irony of hate". La formation germanique a apporté un soin tout particulier aux refrains qui sont, pour la plupart, facilement mémorisables, immédiats et assez efficaces ("
Shadowmaker", "Kommt Närher" ou "Welcome"), mais aussi aux harmonies des guitares à la mélodie entraînante ("Kommt Nährer" ou "If you
Believe").
Mais, le problème avec
Crematory, qui est d’ailleurs récurrent depuis quelques temps, est qu’il n’est pas aisé de l’appréhender, car le groupe commença sa carrière avec un côté gothique, certes, mais aussi avec une musique « death » bien plus prononcée. Si je prends cette facette du combo, mon constat est sans appel : hormis les vocaux, les compositions de
Crematory n’ont plus grand-chose à voir avec le « death-metal » même s’il essaie, de temps à autres, de rendre les accords plus rugueux. Alors, il est vrai que la face gothique est encore présente, mais là encore, elle s’oriente vers quelque chose de plus dansant et électronique. C’est d’ailleurs, selon moi, un des principaux défauts de "
Antiserum", les claviers sont tellement "kitsch" qu’on a beaucoup de mal à adhérer à l’aspect futuriste que nous propose le groupe. Aussi, et comme souvent chez
Crematory, certains titres sont plus faibles que les autres comme "If you
Believe", mou du genou ou encore le morceau éponyme au refrain bancal qui noircit le tableau.
"
Antiserum" est un album qui s’écoute avec une grande facilité, les refrains sont globalement travaillés et l’ensemble est assez efficace et immédiat, grâce à un rythme entraînant. Mais, question "death-metal", c’est le vide intersidéral!
Crematory semble, désormais, jouer la musique qui lui plaît sans se soucier des avis extérieurs. D’où ce manque d’évolution qui, pourtant, serait salvateur pour l’avenir du groupe.
Crematory officie dans le "death-metal" gothique ? A mon humble avis, nous pouvons retirer la labellisation "death-metal"…
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