Il s'agit ici du troisième opus d'un des combos les plus sombres à l'heure actuelle, qui officie dans un Black-Death aussi raffiné que pétrifiant.
Abyssal est un groupe qui n'usurpe en rien son patronyme. Quelques changements pointent sur ce dernier méfait. tout d'abord, la production : beaucoup plus propre et organique, tout en restant totalement étouffante avec ces vocaux d'outre-tombe over-grave, indistincts et néanmoins surpuissants.
L'un des points forts de l'album, c'est cette capacité à alterner des passages porteurs d'une dissonance hermétique, pour enchaîner ensuite sur une mélodie entêtante (nombreux arpèges, presque similaires à ceux que l'on peut rencontrer dans le Post-Black, mais toujours de façon diffuse et lointaine) qui grandit peu à peu, et ce, sans désamorcer la noirceur, ni l'intensité. On obtient un disque très varié dans son propos, mais qui ne tombe jamais dans la niaiserie ou la facilité. Il reste foncièrement plus accessible que les précédents, mais c'est clairement la maturité qui l'emporte. Ceci est confirmé par les nombreuses introductions ambiantes des pièces (toutes tournent au-delà des six minutes), qui achèvent de les distinguer.
Niveau atmosphère, nous avons des morceaux ascendants, démarrant dans le chaos et l'ombre, mais qui se structurent progressivement, déblayant peu à peu un chemin vers une luminosité mélodique et libératrice, avec quelquefois de nouveaux effondrements avant de repartir dans les limbes de la noirceur.
Le groupe ose aussi quelques expérimentations, à l'instar de certains choix de leurs collègues, tels les pianos désaccordés d'Apparatus, ou le saxophone grinçant d'
Abysmal Triumphant. Ici c'est une boîte à rythme, saugrenue, hypnotique et fataliste. En total décalage avec le propos, elle ne finit par faire sens que sur la fin du morceau qui lui est consacré. Elle est un peu à l'image de ce qu'
Abyssal nous propose: des idées moins radicales que ce que le groupe a pu faire par le passé, mais qui font toujours mouche.
Cet album propose un concentré d'obscurité, mais parfaitement maîtrisé, et contrairement à la plupart des autres groupes du genre qui tentent avant tout d'être le plus noir et inhumain possible,
Abyssal, sur ce dernier méfait, n'hésite pas à introduire une touche d'espoir, d'émotion dans sa musique. Lui conférant par là, grandeur et majesté, sans aucune schizophrénie, ni folie, ici. Bien sûr, cela reste très circonscrit, mais on ne peut que saluer la modernité de cet album, et sa capacité à être des plus captivants malgré le totalitarisme de la formule.
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