Antidote

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19/20
Nom du groupe Impure Wilhelmina
Nom de l'album Antidote
Type Album
Date de parution 21 Mars 2021
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1.
 Solitude
 06:20
2.
 Midlife Hollow
 05:24
3.
 Gravel
 04:50
4.
 Dismantling
 04:58
5.
 Jasmines
 05:40
6.
 Vicious
 04:03
7.
 Torrent
 04:38
8.
 Unpredicted Sky
 07:52
9.
 Antidote
 01:40
10.
 Everything Is Vain
 07:19

Durée totale : 52:44

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Impure Wilhelmina


Chronique @ JeanEdernDesecrator

28 Août 2021

Une classieuse alchimie de spleen dissonant


La classe est quelque chose qui ne s'apprend pas, ni ne s'achète, on l'a, ou on ne l'a pas. La première chose que je me suis dit en écoutant Impure Wilhelmina, c'est que leur zique en impose immédiatement. On sent que c'est du sérieux, et que ça transpire la beauté mélodique par tous les pores. Mais est-ce que ça ne risque pas d'être un peu chiant à la longue, tout ça ?
Cela fait vingt cinq ans que les suisses font du bel ouvrage, et font honneur la réputation de la scène helvétique dans son ensemble, qui a vu fleurir des combos aussi talentueux et respectés que Celtic Frost, Shovel, Kruger, Coroner, Samael, les Young Gods ou Krokus… Après sept albums parus depuis 1996, le quartet a subi pas mal de changements de line-up, tout en conservant sa pièce maîtresse, le guitariste chanteur Michael Schindl, principal compositeur et parolier.
Décrire la musique d'Impure Wilhelmina n'est pas facile, si ce n'est qu'elle mélange dark metal, prog, post-hardcore, shoegaze, des relents de black metal avec une part croissante de new wave et de rock. Le tout sous forme d'albums pantagruelliques aux longues compositions où domine un certain lyrisme et une tristesse complaisante, à l'image du superbe "Black Honey", sorti en 2014. C'est d'ailleurs après cet album que le groupe a décroché un contrat avec Season of Mist, label de classe internationale s'il en est. Autant dire qu'à chaque album, on s'attend à la variété des éléments qu'on va y trouver, tout en étant assuré d'être surpris à tout moment au détour d'un riff, d'un break, ou d'un accord inusité.

Contrairement à d'autres qui ont été lourdement impactés par des tournées annulées à cause de la pandémie, Impure Wihelmina a eu la chance de pouvoir continuer ses plans tranquillement, en ayant fini l'enregistrement de son nouvel album juste avant le premier confinement. Près de quatre ans après la sortie de son sixième album "Radiation", la sortie du bien nommé "Antidote" a donc été repoussée, et le groupe prépare maintenant ses concerts pour l'automne et la fin de l'année, en espérant passer entre les gouttes.

Le puissant et inquiétant morceau d'ouverture, "Solitude", en grande partie instrumental, fait évoluer ses riffs avec de multiples variations de manière organique, avant que le chant clair et plaintif de Michael Schindl ne survienne, par petites touches. La suite rentre plus vite dans le vif du sujet, avec des morceaux plus directs et construits : "Midlife Hollow", "Gravel" et "Jasmines" sont des chansons dans le sens littéral du terme, dont les vocaux mélancoliques rappellent la cold wave des années 80, où s'insuffle une puissance toute métallique. Ainsi "Dismantling" se termine-t-il par un quasi-blast dans un chaos black, rappelant que toute cette jolie tristesse peut pourrir au point de déboucher sur la plus ultime des violences.
Les mélodies sont au centre de la musique, principalement portées par le chant de Michael Schindl, et de beaux arpèges de guitare crunch ("Jasmines", "Vicious", "Torrent"), avec un sens plutôt rock de la structure où les refrains sont magnifiés. Bercé par ce chant solennel et porté par l'emphase, j'ai souvent pensé au Extol de "The Blueprint Dives", dans la même veine post-rock métallisée. Cependant, la complexité et l'imprévisibilité de l'agencement des idées pourrait donner un coté prog à la musique, d'autant plus que certains morceaux dépassent les six ou sept minutes ("Solitude", "Unpredicted Sky", "Everything is Vain"), et que les signatures rythmiques sont volontiers tarabiscotées. On trouve aussi des passages étirant les dissonances, comme sur la fin tortueuse de "Midlife Hollow", ou les accords clairs obsédants de "Gravel".

Impure Wilhelmina a un univers propre -son nom fait référence au Dracula de Bram Stoker, et m'évoque les turpitudes d'une comtesse sorcière black metal, dans une grandiloquence surannée, et avec une prestance impériale. L'aspect black est surtout présent dans les accords choisis à la guitare, typiques du style, qui se mélangent à d'autres influences, sludge, doom, ou dark. Tout ceci vous immerge dans une ambiance sombre propice aux introspections désespérées. Cependant, je trouve que l'album s'endort un peu dans les méandres de son spleen sur les derniers titres, lorsqu'il délaisse la fougue et la brutalité. Cela n'empêche que le poison de l'ensorcelante Wilhelmina a eu le temps de faire son œuvre sur les deux tiers du disque, dont les refrains reviennent vous hanter longtemps après l'écoute.

Le cru 2021 des genevois est profond et long en bouche, avec des morceaux aussi envoûtants que déroutants. La production ciselée par Ivan Bing, qui a accompagné le groupe pendant le processus de création de l'album, est soignée, équilibrée entre rock et métal, et met en valeur chaque nuance d'un vague à l'âme insondable et sophistiqué. Sur ce septième opus, le groupe a parfait l'osmose entre toutes ses influences pour signer des compositions diablement inspirées et abouties. S'il avait pu maintenir ce niveau de cohésion sur toute la longueur du disque, on aurait eu un petit chef d'œuvre, ce qu'il n'est pas interdit d'espérer à l'avenir…

4 Commentaires

2 J'aime

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JeanEdernDesecrator - 30 Août 2021:

Merci pour ton commentaire, RobertLeDiable, je les ai découverts aussi sur le tard, je  trouve que ce dernier LP est plus facile d'accès que les précédents, donc une bonne porte d'entrée...

Molick - 02 Septembre 2021:

Je ne connaissais pas du tout, mais pour le moment j'aime beaucoup. L'ambiance est très prenante et lancinante, et effectivement le chant coldwave y est pour beaucoup.

Merci pour la découverte !

JeanEdernDesecrator - 02 Septembre 2021:

Molick : De rien, c'est le genre d'album qu'on a plaisir à partager !

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