Une anthologie ... Par définition, une anthologie est le genre de sortie effectuée par un groupe de quarante ans d'âge afin de faire un gros bilan des cinquante-douze albums déjà parus par le passé. Et
Akphaezya ? Et bien cette
Anthology II n'est donc que leur premier album.
Outre ce nom déroutant, on retiendra également le fait que cet album soit le deuxième volet d'une série qui attend toujours son premier opus. Pour cause,
Anthology II repose sur un concept bien plus qu'étonnant qui verra le groupe publié ces albums dans le «désordre», le prochain prévu étant le numéro quatre, qui sera suivi du premier, du troisième puis du cinquième. Passons donc cette formule originale et concentrons donc sur la galette qui nous intéresse ici :
Anthology II : Links from the Dead Trinity.
Pour commencer, la pochette est aussi déroutante que le contexte : aussi étrange qu'illisible et incompréhensible avec ces genres de monstres et de symboles tous plus bizarres les uns que les autres. L'habit ne fait pas le moine cependant et la première piste se lance dans mes écouteurs. Et finalement, la musique est à la hauteur de la pochette : incompréhensible. Vous voilà partis pour une heure d'une musique profondément touchée par un mélange plutôt incroyable entre des parties très métal, d'autres beaucoup plus pop, emmenés parfois par une touche bien sentie, nous reposant quelquefois sur des bases plus éloignées telles que le jazz, la country, voire même parfois reggae, avant de nous secouer pour de brefs passages death puis de nous faire voyager par diverses inspirations asiatiques ou orientales. Les compositions du groupe regorgent de surprises en tous genres et il est extrêmement difficile de savoir à quoi s'attendre, le rythme changeant du tout au tout plusieurs fois en une seule chanson, rien que
Chrysalis devrait suffire à vous donner un aperçu de tout le potentiel des quatre membres du combo Orléanais. Les musiciens conservent une maîtrise de bout en bout, ainsi les très nombreux changements de rythme seront terriblement fluides, aucunement brouillons et entraîneront une surprise quasiment constante sur toute la durée de cet album.
Mais la force majeure d'
Akphaezya, c'est cette femme : Nehl Aëlin. La vocaliste du groupe module son organe dans tous les sens possibles, étant capable de chanter des ballades d'une terrible douceur (
Beyond the Sky) ou de propulser des growls (certes courts) mais terriblement féroces (
Chrysalis, The Golden
Vortex of Kaltaz) ou de tourner sa voix dans des folies torturées incroyables (Khamsin,
Reflections). À noter également qu'il n'y a bien qu'elle qui chante dans cet album (certes, on entend un très court passage masculin sur The Bottle of Lie mais ça reste assez anecdotique, chanson surprenante par son groove purement jazzy et sa technique, assez progressive dans l'ensemble) et le travail effectué pour faire des voix en fond, en surface et en superposition est très réussi et il n'y en a jamais trop. De plus, outre son organe vocal, la demoiselle révèle une dextérité sur son piano, ses notes étant en parfait accord avec la musique, quelle qu'elle soit.
Tout ce déluge technique cache un point faible récurrent dans ce genre de pratique musicale : l'accessibilité. L'expérimental, tout comme le progressif à titre de comparaison, fait fuir les oreilles peu habituées à des compositions aussi techniques et riches, où le rythme peut changer toutes les trente secondes. Il vous en faudra des écoutes afin de trouver toutes les subtilités mises ici. De plus, pour continuer dans les (tout petits) points faibles, l'album souffre parfois de quelques longueurs, dues à des changements de rythmes pas toujours très judicieux. Mais globalement, il n'y a rien de véritablement nuisible à une bonne écoute de cet album. Faire un track-by-track serait à la fois inutile et bien trop compliqué, chaque chanson se démarquant de la précédente et aucune n'étant à dénigrer, il serait bien plus judicieux que ça soit vous qui décidiez de poser une oreille sur ce disque.
Akphaezya met déjà la barre très haute et il n'y a aucun doute que
Anthology IV sera attendu de pied ferme, au vu de cette déjà très grosse performance. Il y a du talent ici, je vous le dis.
Anthology II est une œuvre aussi riche qu'indéfinissable,
Akphaezya nous délivre une musique aussi rocambolesque que maîtrisée. Leur musique mérite que les plus réticents y posent une oreille attentive, quant aux plus aguerris, ils y trouveront sans doute leur compte dans un des groupes les plus variés que la planète
Metal a pu porter.
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