Liste des groupes Metal Progressif Until Rain Anthem to Creation

Il est de plus en plus difficile de voir clair dans le vaste et ancestral univers de la musique. On y trouve de tout, du bon, du moins bon, de la soupe même… Bref, on s’y perd aisément. Chaque jour parait une masse de disque phénoménale dont la majeure partie est vouée à rester dans l’ombre. On joue des coudes pour se faire une place dans un monde de plus en plus sélectif et exigeant. Beaucoup d’ailleurs sont éjectés de cette course folle dès leur premier album, et mettent directement la clef sous la porte. Until Rain n’est pas de ceux là. Ou du moins le groupe a passé le premier tour, avec mention même puisqu’il commence, tout doucement, à se faire connaître. Quatre ans après The Reign of Dreams, le quintette est de retour avec Anthem to Creation. D’emblée l’album suscite la curiosité avec sa pochette originale et sympathique. Reste à savoir s’il en sera de même pour la musique…

Cette année 2013 se veut bon millésime pour le progressif. Steven Wilson, Leprous, DGM, Tesseract ou encore Scale The Summit continuent sur leur lancée avec des productions de grande qualité, et l’on attend les albums d’Haken ou, plus connu, de Dream Theater. Pour rivaliser avec tout ce beau monde, Until Rain nous propose Anthem to Creation, d’ores et déjà remarquable par sa longueur. C’est une belle offrande que nous font les grecs puisque l’album avoisine les 80 minutes d’écoutes. Le pari est audacieux. Until Rain doit trouver suffisamment de matière pour alimenter sa musique. Ce n’est pas une mince affaire, surtout lorsque l’on sait que beaucoup de groupes, comme Vindicitv, s’essoufflent bien avant la demi heure de musique… Mais venons en au fait. D’emblée l’album rassure avec de très bons titres comme «Brain Death» ou «Think Again». La musique est riche, puissante et technique. Les titres sont plutôt sombres (logique à la vue de la pochette) et exploitent intelligemment les possibilités de chaque instrument. «Think Again» met en valeur le travail du guitariste alors que «My Own Blood» laisse plus de place au claviériste. C’est ici que les influences de Dream Theater se font ressentir, avec un début de morceau cristallin, et un son de guitare doux et très coulant identique à ce qu’ont pu faire les américains dans «The Count of Tuscany». D’autres titres, plus puissants, donnent carte blanche au percussionniste. L’album reste très cohérent, ce qui donne une musique équilibrée dans le fond et contrastée dans la forme. «Hempty Helmet» illustre parfaitement les arguments avancés précédemment. Le morceau est technique et prend par moments un caractère expérimental, tout en laissant une large place à la musique purement instrumentale. Et quelle fin ! La musique est pleine de couleurs, le chant s’endiable. L’auditeur est transporté dans une dimension grandiose, symphonique, épique et de toute beauté.

Par moments, Anthem to Creation côtoie l’excellence. À d’autres, il s’apparente à un bon album. Aucun morceau n’est à jeter. Il n’y a pas de passage à vide, mais quelques légères baisses de régime. La qualité ne cesse jamais d’être. Si certains morceaux comme «Breaking of the 7 Seals» sont moins inspirés ou un peu trop influencés, Until Rain ne s’essouffle pas. Bien au contraire, le quintette ne cesse d’ajouter de nouveaux éléments à sa musique, sans toutefois la renouveler, jusqu’à faire de chaque morceau une entité propre. Certains titres sont plus traditionnels, alors que d’autres sont plus déjantés. C’est le cas de «Marionnettes», qui vient clore l’album sur un ton festif et lumineux. Ces contrastes permettent à l’auditeur de rester attentif durant l’écoute. Difficile également de ne pas consacrer quelques lignes au titre éponyme, qui s’impose comme la clef de voûte de l’album. «Anthem to Creation» est un joyau rare, un de ces titres que l’on aimerait entendre plus souvent. Le morceau regorge de richesses qui en font sa singularité. Là aussi, Until Rain a opté pour une musique en grande partie instrumentale. Si le chant reste présent, chaque musicien a droit à sa part du gâteau. Les grecs ont le souci de l’équilibre budgétai… euh, musical, et c’est chose appréciable.

Cependant, ne vous attendez pas à être enchanté dès la première écoute. La bombe n’est pas immédiate mais à retardement. Il vous faudra du temps pour être pleinement réceptif à tous les petits détails. Sans être un modèle de complexité, Anthem to Creation n’est pas facile d’accès, loin de là. En proposant un album relativement long, le quintette pourrait d’ailleurs voir sa démarche se retourner contre lui, puisque l’album demande un temps considérable pour être apprécié à sa juste valeur. Certains n’auront sans doute pas suffisamment de patience et passeront à côté de cet opus…

Avec Anthem to Creation, Until Rain apporte sa pierre à l’édifice. Si le groupe ne renouvelle pas le genre, il a néanmoins trouvé l’inspiration nécessaire pour nous surprendre et pour se forger une véritable identité. Cet album de qualité pourrait bien lui permettre de définitivement sortir de l’ombre. Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant cette hypothétique consécration. Il est encore trop tôt pour se prononcer quant au devenir de la formation. Néanmoins, une chose reste certaine : Until Rain a toutes les qualités pour se hisser au niveau des plus grands. Seul le temps nous dira s’il y parviendra.

16/20